dimanche 27 janvier 2008

Un soleil d'hiver brille...après la victoire à Stalingrad

Un soleil d'hiver brille au-dessus des tombes collectives, au-dessu des stèles improvisées. Les morts dorment sur les hauteurs des collines, près des ruines des ateliers d'usine, dans des ravins et dans des combes, ils dorment là où ils se sont battus et leurs tombes se dressent près des tranchées, des casemates, des murs de pierre perçés de meurtrières qui n'ont pas cédé à l'ennemi, comme un monument majestueux à la simple loyauté payée au prix du sang. Terre sainte ! Comme on a envie de conserver à jamais dans la mémoire cette ville nouvelle, qui a donné aux siens une liberté triomphale, cette ville qui a surgi au milieu des ruines. Comme on a envie de se pénétrer de tout cela, les logis souterrains avec leurs cheminées fumant au soleil, les lacis de sentes et de voies nouvelles, les lourds mortiers dressant leurs fûts au milieu des casemates et des tranchées-abris. Cette ville avec des centaines d'hommes en vestes matelassées, en capotes, en chapkas à oreilles, des hommes occupés au travail de la guerre qui ne connaît pas le repos, qui portent des bombes comme on porte du pain, sous le bras, qui épluchent des pommes de terre auprès de la gueule pointée d'un canon lourd, qui se chamaillent, chantent à mi-voix, racontent un combat nocturne à la grenade. Tant ils sont grandioses, et tant ils sont quotidiens dans leur héroïsme même.

V.Grossman, carnets de guerre, journaliste à Krasnaïa Zvezda


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