mercredi 31 octobre 2012

J'ai vu ce soir un superbe documentaire sur Georg Solti, dont la vie a été un combat contre l'antisémitisme et pour faire exploser au grand jour son talent !



Le nom de Georg Solti est inévitablement associé à celui de Wagner, en particulier à l’enregistrement mythique du « Ring » en studio avec l’Orchestre philharmonique de Vienne. Tout au long de sa vie, Solti collectionne les Grammy Awards – il est d’ailleurs l’artiste le plus récompensé dans le monde et figure à ce titre dans « le Guinness des records ». Il en a reçu 31 en son nom

Répétiteur à l’opéra de Budapest, ses dons pour la direction d’orchestre se font rapidement sentir. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint le chef italien Arturo Toscanini en Suisse dans le but d’obtenir une lettre de recommandation de sa part. Les deux hommes ont d’ailleurs la même gestique, un peu saccadée, trépidante. La guerre éclate au cours de son séjour et Solti ne rentrera pas chez lui.

Il ne reverra jamais ses parents. Outre ce drame personnel, son identité de juif immigré planera comme une ombre sur sa carrière. Il passera un quart de siècle à diriger les opéras d’Europe, de Munich à Londres, avant de se retrouver à la tête de l’Orchestre symphonique de Chicago. Ce film, un peu scolaire, a le mérite de rendre hommage à un artiste intransigeant qui a marqué l’histoire de l’interprétation.

Georg Solti (ce nom veut dire 'habitant de Solt', petite ville au sud de Budapest; il a été choisi par son père en 1919 quand le Régent Horthy a ordonné aux Juifs d'adopter un nom hongrois) étudie le piano et la composition avec Kodály, Bartók, Dohnányi et Weiner à l'Académie de musique Franz-Liszt.Il devient ensuite répétiteur à l'Opéra d'État de Budapest, mais n'a pas le droit d'y diriger à cause des lois antisémites en vigueur. Il tente ensuite sa chance en Allemagne, à Karlsruhe et à Mannheim, mais en est vite chassé. Assistant de Toscanini au Festival de Salzburg en 1936 (La Flûte enchantée), il y retourne en 1937. Malgré les lois anti-sémites, il parvient à diriger à l'Opéra de Budapest en 1938 (Les Noces de Figaro) - une seule fois - l'avancée de l'armée allemande sur Vienne étant annoncée pendant l'entracte.

Il avait en effet effectué ses débuts à l’opéra sous les plus mauvais auspices, dirigeant Les Noces de Figaro à Budapest le soir de l’Anschluss où, en 1938, l’Allemagne nazie annexa l’Autriche.

Il passa les années de guerre en Suisse à affûter sa redoutable technique de pianiste de concert. Il s'enfuit en Suisse en 1939 où, à part quelques cours de piano et deux apparitions à l'Opéra de Genève en tant que chef remplaçant (Werther) , il lui est interdit de travailler.

Dès que les hostilités eurent pris fin, il gagna l’Allemagne pour relancer sa carrière de chef d’orchestre ; avec le soutien d’un camarade de l’Académie Liszt, le pianiste Edward Kilyéni, devenu officier dans l’armée américains d’occupation, il décrocha rapidement le poste de directeur musical de l’Opéra d’état bavarois de Munich, notamment parce qu’à l’époque, rares étaient les chefs allemands n’ayant pas eu d’accointances avec les nazis.

Solti quitta Munich pour devenir directeur musical de l’Opéra de Francfort en 1952, où il demeure jusqu’en 1961. Pendant cette période, il fit ses débuts dans les fosses de San Francisco (1953) et de Glyndebourne (1954), rencontrant à chaque fois le succès, et mena de nombreuses activités dans toute l’Allemagne.

C’est dans Wagner que Georg Solti s’imposa comme artiste du disque en Europe et en Amérique : à l’automne 1958, c’est lui qui fut engagé pour diriger le Wiener Philharmoniker dans la première intégrale au disque de Das Rheingold. La première Tétralogie discographique de l'histoire, dès 1958, fit connaître ce sens dramatique incisif qui caractérise sa direction vive, nerveuse, acérée. Grâce à cet enregistrement, qui figura même brièvement au classement des dix meilleures ventes d’albums aux USA, Georg Solti fit ses débuts au Royal Opera House de Covent Garden en 1959, avant d’en devenir le directeur musical en 1961.

Les premières années passées au Covent Garden ne furent pas faciles pour Georg Solti , qui dut faire face à l’hostilité permanente de la presse, les critiques lui reprochant son trop plein d’énergie nerveuse, avec ses temps rapides, ses dynamiques extrêmes et la précision obsessionnelle de son articulation. C’est seulement au bout de trois ans que les attaques de la critique se firent moins violentes. De fait, ce qui jouait en faveur de Georg Solti était son indéniable volonté de rehausser le niveau d’interprétation, notamment du point de vue des critères orchestraux. C’est tout à fait le Georg Solti de cette époque que l’on retrouve dans sa lecture de l’Ouverture du Vaisseau fantôme de Wagner, captée pour la télévision en 1963. L’accent est mis sur la netteté de l’articulation et les paroxysmes des dynamiques – avec des crescendos allant du pianissimo le plus doux au fortissimo le plus assourdissant.

Au milieu des années 1960, les magnifiques intégrales de Siegfried et Götterdämmerung réalisées par Georg Solti avaient pleinement établi sa réputation de wagnérien.

Il est fait Chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (nommé à titre honoraire en 1971, il le devint de plein droit avec prédicat de Sir le 3 février 1972 quand il fut naturalisé britannique).

De 1969 à 1991, il est chef principal de l'Orchestre symphonique de Chicago. Grâce à lui cet orchestre, en difficultés depuis la mort de Fritz Reiner, va s'affirmer comme un des plus grands du monde, notamment après sa première tournée mondiale en 1971. L'ère Solti à Chicago se termine en 1991.

Georg Solti n’avait alors plus guère de rivaux, que ce soit en concert ou au disque. Même âgé, une grande partie de sa fougue demeurait intacte, avec son souci constant de la tension rythmique, de la puissance des contrastes et son sens théâtral. Son style était efficace sur le vif, et en a fait un chef d’orchestre de légende.

Georg Solti en vint à dominer le paysage musical international du dernier quart du 20e siècle, au même titre que Herbert von Karajan.

En 1994, il crée le Carnegie Hall Project avec un orchestre de jeunes dont les premiers pupitres étaient tenus par des solistes prestigieux. En 1995, il fonde le World Orchestra for Peace, recrutant des musiciens des plus grands orchestres du monde.

La tombe de Sir Georg se trouve à côté de celle de Béla Bartók dans le cimetière Farkasreti à Buda. Sir Georg s'est toujours souvenu de ses débuts difficiles. Il a personnellement payé les études de nombreux jeunes et, juste avant de mourir, a fait don de trois pianos de concert à l'Académie Franz Liszt de Budapest. En 1990, au lendemain de la destruction d'habitations d'immigrés turcs en Allemagne, Sir Georg Solti a emmené le London Symphony Orchestra afin de donner un concert pour financer leur reconstruction.

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"Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."

Hölderlin, Hyperion



"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
Dans un endroit
Où ils peuvent oublier"

Portishead



"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"

Marguerite Duras



Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
Ce qui fait que je flanche
Quand on essaie de m'apprécier

Miossec, le chien mouillé (en silence)