dimanche 23 novembre 2008

Murat en Musique

Le lien défait live :



Te garder près de moi :



Terres de France :



Col de la Croix Morand :



A quoi tu rêves :

mardi 18 novembre 2008

Jean-Louis Murat

Le Train Bleu


Fort Alamo :




Sentiment nouveau



Perce-Neige



Regrets

lundi 17 novembre 2008

L'Ahmar Khaddou

Un siècle d'administration coloniale

Le quatrième fils du roi des Français Louis-philippe Premier s'empara le 15 mars 1844 d'un magnifique grenier de pierres sèches, appelé “guélaâ de Mchounèche” dans les guides.

L'année suivante – temps nécessaire laissé aux petits sénats locaux (qu'on appelle djemaâ) pour jauger la situation et se concerter -, la province aurésienne fit solennellement sa soumission au prince. Du coup, les vainqueurs, se trouvèrent bien obligés de l'administrer - aventure qui n'était encore jamais arrivée à ladite province. A cette date (nous sommes en 1845) l'armée royale française guerroyait depuis près de quinze ans dans les places et les montagnes du territoire sans frontières qui allait devenir l'Algérie, et les habitants de cette future Algérie étaient considérés à Paris comme intéressants vaillants et exotiques - et nullement comme des bougnouls C'est dire que les officiers les plus intelligents avaient déjà commencé à apprendre les langues du pays et qu'ils portaient le burnous tout en se mettant aux bonnes manières locales. Dans le début de ce chapitre, on a déjà noté qu'une des plus attractives et malicieuses de ces manières était le çoff. Va donc pour le çoff.
En imitation du çoff le massif aurésien fut alors divisé en deux caïdats. Le caïdat était un fief de nature féodale, copié sur l'administration du conquérant qui nous avait précédés c'est-à -dire celle du sultan de Constantinople. Conformément à la mécanique çoff furent établis dans ces deux postes ardus les représentants de deux dynasties traditionnelles ennemies depuis plusieurs générations : un membre de la famille Ben Abdallah et un membre de la famille Ben Chenouf. On a vu que la fonction du çoff était d'amener toute une région à s'entrebattre à la moindre occasion, collective ou privée - village par village, rue par rue, voire maison par maison -, et on imagine aisément que le résultat d'une organisation de ce type va décevoir assez vite un Etat sérieux. Aussi, dès 1850, l'administration militaire renonça à la couleur locale (et aux caïdats par çoffs) et elle divisa l'Aurès en trois régions géographiquement homogènes. Celle qui nous intéresse s'appela alors tribu de l'Akhmar Khaddou et elle engloba les neuf petites unités politiques que les gens du pays appellent 'arch et que l' administration nommait tribu. La << tribu de l Ahmar Khaddou >> fut ainsi un collectif de neuf tribus, très solidement brouillées entre elles. Ce paquet épineux fut d'abord confié à Si Ferhat ben Bou Abdallah, membre d'une des deux familles déjà en poste, puis en 1874 à un fidèle fonctionnaire d'origine turque Si Mostefa ben Bachtarzi.
Après l'assassinat de ce leader par ses administrés, le pouvoir français le remplaça par Si Ahmed - Bey ben Ferhat, de la maison Bou Akkaz. Entre-temps, la longue chaîne aride de l'Ahmar Khaddou - appelée tantôt région, tantôt caïdat, tantôt tribu – était activement parcourue par les Jeunes officiers qui en relevaient la carte ou y délimitaient les frontières de futures communes... Et commençaient ainsi à la connaître. En 1890 lorsque les délimitations intemes et externes de la tribu de l'Ahmar Khaddou furent achevées, les géomètres militaires plantèrent cinquante-cinq bornes le long des deux cent quarante kilomètres de la << frontière > ainsi définie. L'emplacement de ces bornes avait été longuement discuté avec les doyens de chaque àrch réunis pour la circonstance. Ensuite, sur des rochers connus de tous, les numéros des bornes avaient été marqués. De tout cela les Grand-Vieux de ce temps-là furent très contents, et leurs fils ou petits-fils me le dirent - car, comme tous les paysans du monde, ils tenaient avant tout à avoir des bonnes bornes bien marquées sur le sol et dans les écritures. Après la révolution de 1870, l'armée (toujours en retard d'un drapeau - donc suspecte) se vit évincée de l'administration algérienne, du moins dans la partie habitable du pays La région saharienne, incultivable resta confiée aux militaires.

Le Nord algérien, devenu civil, se vit divisé en trois départements gigantesques, puis en arrondissements immenses et en communes grandes comme des départements français. Le département fut alors pourvu de préfets de sous-préfets et d'administrateurs. Il y eut donc en Algérie deux espèces de communes une au Sahara chez les militaires une au Nord chez les civils. Les unes, dites de < plein exercice”, reproduisaient théonquement une commune française (et leur statut permettait aux colons français de conduire sans contrôle une politique d'accaparement des terres), les autres dites “commmles-mixtes >>, étaient gérées autocratiquement par un fonctionnaire, et elles ressemblaient à une commune française comme un lapin de garenne à une vache bretonne. L'Algéne entière en cette ultime fin de siècle, comptait 3 758 000 habitants dits indigènes, 350 000 habitants dits français auxquels on devait ajouter 160000 Espagnols, 36 000 Italiens et 13000 AngloMaltais représentant avec les précédents, 612 000 électeurs à prévoir (ou plutôt environ 300 000, car, au nord comme au sud de la Médlterranée, il n'était pas encore question de faire voter les femmes). A demi transformée en départements, l'Algérie n'en conservait pas moins sa surface habituelle qui était de 209 707 kilomètres carrés de terres habitables et de 1 981 762 kilomètres carrés de terres inhabitables soit en tout à peu près quatre fois la surface de la France.

La commune-mixte de l'Aurès n'avait donc rien d'une commune et rien de mixte, mais telle devint l'étiquette officielle du massif aurésien. Du coup, on ne pouvait plus appeler << communes”, ces treize partitions - que nos ancêtres plus lointains appelèrent << paroisses”. La langue française se révélant dès lors défaillante, notre administraion dut faire appel à l'arabe et elle lui emprunta le mot douar (qui chez les nomades désigne le cercle de tentes à l'intérieur duquel on parque la nuit le troupeau). Le douar administratif fut affublé d'une chefferie. dont le titulaire porta un burnous rouge et le titre de << caïd >>. On a vu que les mlhtmres français choisirent tout d'abord leurs caïds parmi les grandes familles de la région, mais, lorsque j'ai connu celles-ci (en 1934), leurs fils étaient devenus, après soixante ans d'administration civile, de très petits fonctionnaires, accablés de charges, et fort mal payés. En haut lieu, on considérait que la concussion devait suffire à les nourrir. Elle y arrivait quelquefois.
Le douar était divisé en << fractions >> (ferqa). Dans chaque fraction, un personnage appelé ouaqqaf avait la charge de transmettre les ordres du caïd et d' obtenir que la ferqa veuille bien en tenir compte. Ce personnage ne touchait aucun traitement et n'avait aucune autorité. Dans chaque fraction, il y avait toutefois des hommes qui se faisaient obéir mais, à l'époque où j'ai connu l'Aurès aucun d'entre eux n'a été ouaqqaf. Les choses marchaient à peu près parce que le ouaqqaf apparent était souvent un frère cadet ou un neveu de l'homme qu'on écoutait.
Quand, par obéissance à ses vrais chefs un 'arch bronchait sous le joug administratif (en tirant des coups de fusil sur un 'arch ennemi par exemple... ou en labourant un territoire non attribué afin de s'en emparer. . . ou encore en ne dénonçant pas un assassinat - pour ne parler que de cas que j'ai effectivement connus), le ouaqqaf se voyait convoqué à Arris pour une sévère admonestation. Cela ne gênait personne, même pas lui car il savait que c'était son écot à payer pour une très petite gratte qui lui revenait sur les falsifications de l'impôt. De part et d'autre on la tolérait, puisque c'était son unique salaire. Il s'écoula cent trente-deux années, à quelques heures près, entre le 5 Juillet 1830 jour où la ville turque d'Alger fit sa reddition à un roi de France par la Grâce de Dieu et le 1er Julllet 1962 date du référendum qui, pour la première fois dans l'histoire, donna vie à une toute nouvelle grande nation appelée Algérie. Au cours de ces cent trente-deux années de cohabitation franco-algérienne, une très longue suite de générations et d'événements se succédèrent. Politiquement, Paris-la-grande-ville, sans trop consulter ses provinces, renversa tout d'abord deux rois, deux empereurs, et une république la Deuxième. Ensuite, la Troisième République fut étranglée par Vichy, la Quatrième établie par de Gaulle tandis que la Cinqième se voyait mettre sur ses rails grâce aux tumultes d'Alger. Outre ces huit changements de régime, l'Hexagone (que l'on appelait métropole) subissait trois invasions - 1870, 1914, 1940 - non sans être chaque fois soutenu par sa fidèle province algérienne. Le duo avait toutefois commencé par une conquête. Donç des batailles. Parfois même des batailles bled par bled, donc méchantes. Pas toujours cependant, parce que chaque bled était fortement fâché avec ses deux voisins, et qu'avec les voisins les militaires français ont souvent négocié - car les ennemis de nos ennemis sont nos amis.

Vinrent ensuite des années comme les autres, c'est à dire les unes avec pluies et les autres sans pluie...
Puis, une fois par an, un médecin qui vaccinait, une percepteur qui venait chercher l'impôt, le caïd et le ouaqqaf qui relevaient les naissances et les morts ...
Les très mauvaises années, l'administration distribuait du riz.

dimanche 16 novembre 2008

La désobéissance, histoire du mouvement Libération Sud

Ci-dessous un nouvel extrait et hommage au talent de l'historien du mouvement Libération-Sud Laurent Douzou : j'ai tenu à retranscrire l'introduction de son ouvrage consacré à ce mouvement car il éclaire tout à la fois le cheminement de l'historien et des résistants, les faisant coexister dans une recherche difficile et à la recherche de traces ténues, "toutes proportions gardées bien entendu" comme le rappelle L.Douzou. Réflexion sur le travail d'historien pour aboutir à la meilleure histoire possible comme un artisan travaille ses objets avant de les soumettre au public.

Au seuil de cet ouvrage, il paraît utile d'indiquer au lecteur les principaux axes de sa problématique.
Une première constatation est que l'histoire du combat clandestin s'inscrit dans une chronologie courte : 1940-1944. Cette existence fulgurante, presque insignifiante à l'échelle historique, commande d'être extrêmement attentif à la datation des événements qu'on relate et qu'on commente. L'histoire de Libération-sud s'insère dans une phase à la fois si dense et si brève qu'il faut sans cesse prêter une attention particulière aux changements qui l'affectent. A période courte et foisonnante maturation accélérée. tel est en somme le postulat de base qu'il importe de retenir si l'on veut éviter d'abusives simplifications. Entre juillet 1941 date de la parution du premier numéro du journal Libération et juillet I 943,il ne s'écoule que deux années ; mais que de changements intervenus dans ce laps de temps ! Quelle mutation entre le petit groupe fondateur et le mouvement de juillet 1943 ! On a coutume dans les ouvrages didactiques, pour des raisons pédagogiques estimables et compréhensibles, de marquer chaque année de cette histoire de courte durée d'une phrase synthétique. Charles d'Aragon s'amusait de cette tendance en ces termes : « on lit généralement dans les manuels scolaires qu'en 1942 la Résistance s'organise ''. C'est faire trop bon marché des efforts antérieurs. La chronologie de l'action résistante est continuellement en marche, avec une intensité que les temps paisibles ignorent. Libération-Sud par exemple, découle en droite ligne de La Dernière colonne sans laquelle il n'aurait tout simplement pas vu le jour. Le même constat, avec des variantes naturellement, vaut autant pour Petites Ailes Liberté et Combat que pour France-Liberté et Franc-Tireur, les deux autres grands mouvements de zone sud.
A l'intérieur de cette chronologie courte, le devenir, la personnalité les hommes et des femmes engagés dans l'action, leurs opinions et leur comportement évoluent très rapidement. Et l'on ne saurait, là encore, sous peine de schématiser au point de tout tronquer, trop insister sur ce point. Un homme comme Serge Ravanel par exemple, surtout connu pour avoir été le chef FFI - fort jeune et irradiant une autorité peu ordinaire - de la région R4 en 1944, est toujours présenté comme un communiste issu des rangs de Libération-sud. Et sans doute était-il fort proche du parti communiste en 1944. Mais à son entrée dans le mouvement Libération, en septembre 1942, ce jeune polytechnicien était plutôt de droite et peu au fait, c'est le moins qu'on puisse dire, des subtilités de la politique. Serge Ravanel, qui la première fois s'était présenté à son “travail” ganté et engoncé dans son plus beau costume, a, en deux ans, comme tant d'autres, effectué un de ces parcours qu'on n'accomplit pas en une vie dans des circonstances ordinaires.
Mais les temps que vivaient les résistants n'étaient en rien ordinaires.
Pascal Copeau avait choisi d'intituler ses Mémoires, restés inachevés et inédits : Une vie en cinq ans. Ce n'était pas une formule. ou plutôt c'était bien là une de ces formules ramassées, puissamment suggestives, dont cet homme intuitif et fin avait le secret. Oui, en période de chronologie courte, quand l'action vous absorbait tout entier, vous intimant l'obligation d'aller au-delà de vous-même et de vos capacités ordinaires, quand il fallait agir et décider vite, prendre des décisions lourdes de conséquences sans toujours disposer de tous les éléments d'appréciation, cinq années valaient bien une vie. Jacques Bingen, dans une lettre-testament rédigée le 14 avril 1944, moins d'un mois avant son arrestation, le confirmait en évoquant sa “vision heureuse de cette paradisiaque période d'enfer”, : “11 n'y a pas un homme sur mille qui pendant huit jours de sa vie ait connu le bonheur inouï, le sentiment de plénitude que j'ai éprouvé en permanence depuis huit mois” . Pour chaque résistant, écrivait de son côté Jean Cassou, la Résistance a été une façon de vivre, un style de vie, la vie inventée.
Aussi demeure-l-elle dans son souvenir comme une période d'une nature unique, hétérogène à toute autre réalité, sans communication et incommunicable, presque un singe. Et ce qui est vrai des hommes ne l'est pas moins des organisations qu'ils suscitèrent, aménagèrent, renforcèrent et tentèrent de développer avec un soin jaloux. Plus encore que la longue durée, la chronologie courte doit décomposer les étapes qui conduisent à un résultat donné - le mouvement Libération-Sud tel qu'il apparaît en juillet 1943 par exemple. On pourrait lui appliquer cette analyse qu'on doit à la plume de Sartre : “Toute vérité, dit Hegel, est devenue. On l'oublie trop souvent, on voit l'aboutissement, non l'itinéraire, on prend l'idée comme un produit fini sans s'apercevoir qu'elle n'est rien d'autre que sa lente maturation, qu'une succession d'erreurs nécessaires qui se corrigent. de vues partielles qui se complètent et s'élargissent.”
Le concept de chronologie courte doit être au cœur de l'étude d'une organisation clandestine dans une époque de maturation accélérée.
Etablir une chronologie sûre des faits qui constituent la trame de l'histoire du mouvement est la condition sine qua non pour ne pas céder au travers contre lequel l'historien britannique Harry Kedward met très justement en garde, celui d' “anticiper sur l'avenir ,” en présentant les divers individus, groupes ou mouvements.

Cette idée d'un mouvement en devenir, dont les formes changent et s'adaptent à une situation évoluant vite, qui modifie au gré de la conjoncture les modalités de son action, naviguant à vue en somme, me conduit au second axe de ma problématique : une réflexion sur la nature d'un mouvement de résistance. Comment définir un mouvement ? A cette question, des réponses ont déjà été apportées. Mais il m'a paru nécessaire, à travers l'évocation de ce que fut l'histoire de Libération-sud, d'aller plus avant dans cette voie. Faute de consentir à cet effort, on présente trop souvent les relations entre les différents mouvements de zone Sud - et au-delà - comme essentiellement conflictuelles, les réduisant à des querelles de personnes avides de pouvoir. Loin de moi l'idée de gommer les tensions bien réelles, les rivalités exacerbées entre dirigeants. Mais ces discussions, si vives qu'elles aient été, ne peuvent se résumer à de médiocres et petites manœuvres. Réfléchir sur la nature des mouvements, c'est s'autoriser à comprendre ce que les conflits si souvent - si complaisamment parfois - relatés avaient, pour emprunter , encore une fois un mot à Pascal Copeau. de “profond”. D'ailleurs, s'il y eut des affrontements, je ne les dissimulerai pas. Non seulement ils ne ternissent d'aucune manière l'honneur des résistants, leur restituant même un peu de cette humanité qu'une canonisation prématurée effacerait, mais encore ils contribuent, eux aussi, à éclairer l'essence des mouvements. Les enjeux étaient assez importants pour qu' une discussion, des éclats et des ruptures se produisent. C'est là un fait admis de tous. On essaiera de montrer . que le caractère même des mouvements est un facteur d'explication qui ne doit pas non plus être sous-estimé.
Chaque mouvement avait une personnalité marquée, une originalité dont il prenait une conscience accrue au fil des mois et des années.
Hormis les écrits, source indiscutable, imprimés sous la responsabilité de chaque mouvement, on peut faire appel pour cerner leur personnalité à une analyse sociologique. Enrichissante pour les niveaux de responsabilité clairement définis, cette analyse ne peut être envisagée pour tout le mouvement, ne serait-ce que parce que beaucoup des militants et surtout des sympathisants de la base soutenaient les mouvements en diffusant indifféremment - ce qui ne veut bien entendu pas dire sans passion et sans conviction - tous les journaux. On n'était pas alors de Libération. de Franc-Tireur ou de Combat, mais de la Résistance. Instructive, éclairante, la sociologie d'un mouvement présente cependant des limites certaines. On s'est efforcé de tenir compte de ce constat en essayant d'ébaucher une anthropologie de la vie dans le mouvement ; “le mode d'être résistant, son habitus multiple, ses solidarités, ses contradictions ; le rôle du mythe ...”. Dans cette optique, et dans le souci de ne pas . étiqueter, selon la formule de Marc Bloch, “à tour de bras, des tiroirs vides”, j'ai été attentif à incarner cette histoire. En effet, au-delà des traits communs, dictés par les exigences de la vie clandestine et les conditions d'un combat difficile, on pourrait soutenir la thèse selon laquelle - dans ses strates supérieures au moins - chaque mouvement élaborait et vivait une forme de résistance qui lui était propre.
Mais tout mouvement se définit aussi dans le domaine idéologique et politique par les positions qu'il défend. L'attitude prise par Libération-sud vis-à-vis du régime de Vichy, de la France Libre et de son chef, de la nature de l'action à mener en France, des autres mouvements de résistance, de la question de l'unification, des conditions de la libération du territoire ct de la politique à mettre alors en œuvre, des forces politiques et syndicales traditionnelles, tout cela doit être passé au crible et bien d'autres questions encore.
Sur tous ces points, on peut consulter une sorte de juge de paix qui rend un verdict devant lequel on ne peut que s'incliner, entendez la littérature clandestine. C'est la source principale constituée de tout un cortège de papillons, de tracts, de circulaires internes - pour ce qu'il en reste - et avant tout de la collection des numéros du journal.

Comment convenait-il, un demi-siècle plus tard, de rendre compte d'une réalité complexe, changeante et aussi difficile à appréhender ? Mon choix a été d'accorder la primauté à la chronologie.
Dans une première partie, j'ai analysé l'émergence du mouvement, non sans avoir au préalable dressé un état des lieux et tenté de montrer combien les conditions objectives et psychologiques étaient défavorables à toute velléité de désobéissance et d'opposition. Phase capitale, puisque tout s'y noue, fort mal connue aussi, propre pour cette raison même à l'esquisse d'une hagiographie, riche en pièges de toutes sortes.
De l'automne 1940 au mois de mars 1941, tout se joue pour La Dernière Colonne qui n'est pas encore devenue Libération-sud. En dépit de sa brièveté et de ses maigres résultats, la gestation et la petite enfance de l'organisation clandestine exigeaient d'être analysées à part entière jusqu'à la césure majeure de mars 1941. Si la première partie de ce livre fait figure de parent pauvre à côté des deux suivantes, elle ne fait que refléter une gestation délicate et des premiers pas hésitants. L'historien, au fond, est ici logé, toutes proportions gardées bien entendu, à la même enseigne que son sujet de recherche ! Rien n'y fait pourtant : tout s'est joué là, répétons-le, dans cette phase embryonnaire, dont tous les mécanismes ne nous sont pas intelligibles, ni les péripéties connues. L'embryon qui a pris vit alors, jour après jour, vaille que vaille, était fragile sans doute, mais avant tout viable.
La deuxième partie. qui va du printemps 1941 au tout début de 1943, est sensiblement plus étoffée, à l'image du mouvement dont elle examine le développement. Après une période de transition (mars-juillet 1941), où la volonté du noyau rescapé de l'expérience de La Dernière Colonne est tout entière tendue vers l'objectif de la parution d'un journal, qui s'appellera Libération, un mouvement émerge en une année (juillet l94l-juillet 1942), essaimant enfin hors des quelques grands centres où le petit groupe comptait des amis depuis le début. De juillet à décembre 1942, dans ce semestre décisif qui précède la fusion, le mouvement engrange tous les dividendes d'un capital qui a crû dans des proportions inespérées. Le Centre dirigeant du mouvement bénéficie en premier de ce processus. Des éléments de valeur viennent s'y agréger dont j'ai dressé la liste et tracé l'itinéraire. Outre l'apport de ces recrues de l'été 1 942, j'ai tenté de comprendre le mode de fonctionnement du Centre d'autre part. Il ne suffit pas, en effet, d'énumérer les nouveaux arrivants de l'été 1942, il importe aussi de démonter, autant que faire se peut, les mécanismes qui régissent le mode de fonctionnement de la communauté qui les accueille.
Ce serait une erreur fondamentale, à la lumière de la progression dont je viens de présenter les temps forts, que de concevoir cette histoire comme celle d'un développement linéaire, harmonieux et euphorique. Derrière une sérialisation nécessaire, qui vise à décortiquer et à expliciter les étapes d'un processus subtil, qui rend compte également d'une montée en puissance impressionnante mais tout bien considéré tardive, il faut toujours percevoir ce que cette histoire eut de heurté, de conflictuel, d'imparfait.
Le rythme de croissance du mouvement atteste que la courbe en fut rien moins que régulière. Le lecteur en jugera par lui-même. Sans doute sera-t-il surpris de voir que la structuration des services centraux du mouvement ne s'est opérée qu'assez tard, dans le courant de 1942, la plupart du temps dans la deuxième moitié de l'année... alors que la fusion était prochaine. On se gardera d'en inférer que rien ne fut fait avant le deuxième semestre de l'année 1942. Il se passe, plus simplement, que toutes les initiatives antérieures se concrétisèrent, donnèrent leur plein effet, après une longue période de latence,soudainement.
Risquons tout de suite une hypothèse pour expliquer ce jeu d accordéon; le mouvement ne s'est pas construit, ex nihilo, indépendamment du terreau sur lequel il semait et entendait récolter. Ce que traduit l'accélération de l942, c'est le réveil graduel d'une opinion jusqu'alors anesthésiée dans sa grande masse. Après avoir prêché “en pays de mission” en 1941, bien que les premiers signes de décantation soient apparus dans le second semestre de cette même année, la résistance put de plus en plus faire fond sur une opinion, passée d'un attentisme d'opposition à Vichy à un attentisme de solidarité complice avec la Résistance. Les mouvements de résistance inventaient leur mode d'être et d'agir au fur et à mesure qu'ils croissaient et en fonction de l'accueil que leur réservait la population. Cette réalité est essentielle pour qui veut s'essayer à comprendre des modalités d'action complexes et diffuses.
Après ce long exposé introductif, le moment est maintenant venu d'entrer dans cette histoire singulière, difficile et - qu'on me permette de le dire - attachante.
Un dernier mot toutefois : Pascal Copeau a eu l'occasion de dire un jour. avec une pointe de regret amer et cette touche d'ironie dont il ne se départait que rarement, évoquant la difficile rencontre entre les acteurs de cette histoire et les historiens : “Que les historiens se rassurent, de toute manière, ce sont eux qui auront le dernier mot”.
Mon souhait, au seuil de cette histoire, sera de ne pas avoir le dernier mot au sens où il l'entendait.
Historien d'un mouvement auquel les philosophes Jean Cavaillès et Pierre Kaan donnèrent le meilleur d'eux-mêmes au nom d'une morale exigeante qui leur dicta le devoir de désobéissance dans un combat où la signification des valeurs les plus essentielles s'inversait, dans une période où. comme le proclamait hautement un tract de Libération : “La désobéissance est le plus sage des devoirs”, je rappellerai volontiers, pour clore ce préambule, cette parole déchirée de Vladimir Jankélévitch, qui n'avait rien de commémoratif au sens banal du terme et qui peut réunir historiens et acteurs de ce temps de la clandestinité : “Si nous cessions d'y penser, nous achèverions de les exterminer, et ils seraient anéantis définitivement. Les morts dépendent entièrement de notre fidélité”.

jeudi 13 novembre 2008

L'Icone une école du regard

Il fallait bien qu'un visage ...




La tradition romaine nous offre des représentations du Christ imberbe (fresques du cimetière de Calliste du début da IIIe siècle ou des catacombes Saints-Pierre-et-Marcellin à Rome de la fin du IIIème siècle)alors que les traditions orthodoxes conservent quelques-uns des traits historiques du Christ : la barbe et les cheveux longs, par exemple, signes de son inscription dans un lieu et une culture. Le Christ ressemble ici davantage à un jeune prophète sémite qu 'à Orphée descendant aux Enfers ou à un empereur romain.Une légende est à l'origine de cette icône dite Achéropoietes (c'est-à-dire non faite de main, d'homme) selon laquelle la première icône du Christ fut envoyée par le Christ lui-même au roi Abgar V Oukhama, prince d'Ossoeme, royaume dont la capitale s 'appelait Edesse. Le roi Abgar V, lépreux, souffrait tant qu il demanda à son archiviste, Hannan, de trouver le Christ pour lui demander de le guérir. Ce dernier ne pouvant se déplacer, Hannan décida de réaliser son portrait, mais s 'avéra incapable d'aboutir dans son projet : si grands que soient l'art et l'habileté d'Hannan, il ne pouvait saisir le visage du Christ.Jésus Lui-même prit alors un linge, l'appliqua sur Son visage, y imprimant ses traits. On appela ce linge mangdylion. Lorsque le roi regarda la précieuse icône, non faite de main d'homme, il guérit. Le petit-fils d'Abgar étant retourné au paganisme, l'évêque de la capitale royale fit murer ce que l'on nommait désormais la “Sainte Face”. Chosroès, roi des Perses, assiégea la ville en 544 mais, grâce aux prières adressées à l'empreinte du Christ, Edesse fut épargnée. Les Arabes s'emparèrent de la ville en 630, mais ne mirent pas fin à la vénération de la “Sainte Face”. De leur côté, les Pères du septième Concile œcuménique de 787 et saint Jean Damascène y firent référence. L'icône devint ensuite l'objet de marchandages : les empereurs de Byzance, Constantin Porphyrogénète et Romain Ier l'achetèrent en 944 au prix de deux cents prisonniers sarrasins et douze mille deniers d'argent. Le 16 août, on célébrait le transfert de l'icône à Constantinople. Mais en 1204, lors du sac de la ville par les croisés, la Sainte Face disparut. C'est à cette époque que, en Occident, naquirent les légendes concernant une sainte femme qui, en essuyant le visage du Christ sur le chemin du Golgotha aurait gardé sur son linge les traces de sa beauté et de sa souffrance : il s agit du fameux “voile de Véronique”, dont le nom en grec signifie simplement “vraie icône”(vera ikona). Le Christ de cette icône Achéiropoietes apparaît comme “flottant” dans un linge, sans cou ni épaules. Il illustre ainsi les légendes du roi Agbar et de “sainte Véronique”; il nous rappelle également que chacun de nous est un tissu, un linge plus ou moins pur sur lequel peut s'imprimer la présence du Christ, celui qui est venu donner un visage aux sans-visages.

samedi 8 novembre 2008

Et ... elle est Lavalloise !!!!

Ruta Pauskaskiene est championne d'Europe 2008 de tennis de table en simple dames, titre conquis à Saint-Pétersbourg.

Elle possède la tenue mauve en finale :



L'équipe de l'Us Saint-Berthevin - Saint Loup du Dorat possède la meilleure joueuse européenne de tennis de table !

Et en plus dans la vidéo on a la chance d'apercevoir son très beau visage !!

Et les petits malins feront attention à regarder l'évolution du score, qui explique le soulagement de Ruta quand elle gagne finalement.

vendredi 7 novembre 2008

Les filles de saint-berthevin en coupe d'europe !


la Lituanienne Ruta Paskauskienne, la Russe Oxana Fadeeva, la Chinoise Jianan Yuan entrainées par la Française Solène Legay

Le 8 novembre 17 h : 1/8ème de finale de coupe d'europe dames : plus de deux mille personnes attendues pour l'évènement





Près de deux mille spectateurs sont attendus dans la grande salle du Cosec de Saint-Berthevin ce samedi 8 novembre à 17 heures, pour la réception du club russe du SC “Luch” Vladimir en 1/8e de finale de la Coupe d’Europe. Ce sera le grand jour pour l'Entente Saint-Berthevin/Saint/Loup et aussi pour tout le tennis de table de la Mayenne. Ce serra un moment historique pour tous et pour la Mayenne qui se retrouvera que très rarement à ce niveau de la compétition. Et il y a fort à parier que l'on parlera longtemps dans les chaumières de cette rencontre. N'en est-il pas toujours ainsi des deux rendez-vous européens du Stade Lavallois de la belle époque.
L’équipe de Vladimir s’annonce très forte, avec An Zi , une joueuse chinoise invaincue lors des deux tours qualificatifs, et trois joueuses russes de bonne renommée : Irina Armakova, Anatasiya Kolstsova et Ekaterina Novikova. La lutte s’annonce donc serrée, mais l'équipe de l'Entente emmenée par la championne d’Europe Ruta Paskauskiene entourée d’Oxana Fadeeva et Jia Nan Yuan et capitainée par Solène Legay, ne voudra certainement pas s’en laisser conter...

jeudi 6 novembre 2008

Barack Obama et le rêve américain

Ce que j'ai trouvé de meilleur sur la campagne américaine, et qui me fait dire après beaucoup d'autres que cette campagne est exceptionnelle, car elle a opposé des archétypes moraux de Mc Cain à Obama et à Michelle Obama, des personnages typiques de positions et de valeurs américaines très fortes et qui représentent parmi ce que peut fournir de mieux le peuple américain en son sein.

Le documentaire qu'il faut voir sur la campagne électorale américaine, un magnifique documentaire qui met bien en évidence la force de ces deux personnages, leur grandeur qui a fait de cette campagne une si grande opposition. Avec la force de ces deux personnages, je dis bien les deux, notamment de savoir reconnaître leurs erreurs. Deux personnes qui n'ont dépendu que d'eux pour déterminer leur conduite, leurs actions quand bien même cela les a isolés parfois. Ce documentaire m'a rendu Obama très sympathique mais Mc Cain également et peut-être encore plus, notamment pour ses faiblesses avouées (sentimentales) et ses forces (son courage moral au Vietnam par exemple).

Quelques réactions sur ce documentaire pour prouver comment il est bien et comment qui commence à le regarder ne peut plus s'arrêter !!

D'ailleurs il n'est en français sur le site d'Arte que 7 jours après sa diffusion de mardi ; après je dispose du lien vers le documentaire uniquement en anglais : à bon entendeur !!! ou à qui veut améliorer son anglais ...

deux postulants à la présidentielle américaine

Le Duel 2008

Le meilleur article sur Obama et son lien avec la question raciale : un article brillant comme rarement qui apporte beaucoup à la compréhension de l'Amérique et du positionnement d'Obama conscient et inconscient, à l'origine de son succès.

Barack, l'écrivain : un article qui rappelle les écrits d'Obama sur sa vie, avant qu'il ne pense à postuler à la présidence des USA.

Michelle ... Obama, prête pour le job et devenue plus sage, moins sarcastique pendant la campagne : elle sera grande alors qu'on lui demande pour l'instant de rester sage et limite introvertie !! Une femme trop critiquée par rapport à son talent ! Attention, grande talent et grande valeur en perspective !!

Le discours du 18 mars sur la race.

Obama, le militantisme et les nouvelles technologies.

"Jusqu'à mon dernier jour je n'oublierai jamais que mon histoire n'aurait été possible dans aucun autre pays au monde"

Clin d'oeil !


samedi 1 novembre 2008

La Cimade

La Cimade, organisation protestante et oecuménique



L'Histoire de la Cimade



Le rôle au quotidien de la Cimade, ici, à Nantes



L'opposition au nouveau décret instituant un appel d'offres pour l'assistance juridique dans les centres de rétention



La décision rendue par le tribunal administratif de Paris le 30 octobre 2008:



L'analyse de la Cimade sur la position du gouvernement



Le nouvel appel d'offres (décision du ministère de l'immigration du 31 octobre)



Un autre projet du ministère de l'immigration mis en cause suite à l'intervention de la Cimade :




L'immigration et l'ecole



Où signer la pétition contre l'appel d'offres qui modifie les conditions d’intervention dans les centres de rétention administrative (CRA) quant à l’aide à l'exercice des droits des étrangers


Le Gisti

Le site du Gisti : Groupe d'information et de soutien des immigrés


Une présentation du Gisti :

- sur wikipedia

- sur le site du Gisti

Le RSA discriminatoire contre les étrangers et les enfants : une récente position de la Halde suite à une intervention du Gisti


Le délit de solidarité

La loi Sarkozy qui revisitait une énième fois les ordonnances de novembre 1945 sur le droit des étrangers (à tel point qu'on peut dire à la suite du constitutionnaliste G.Carcassonne que la chasse à l'étranger est devenu un sport national en France) a si fortement aggravé les sanctions envers les personnes aidant les étrangers qu'elle constitue une menace pesant sur toutes les initiatives individuelles ou associatives d'aide et de soutien aux étrangers.

Institué initialement pour lutter contre les réseaux qui aident les étrangers à entrer ou se maintenir illégalement sur le territoire, le délit « d'aide à l'entrée, à la circulation et au séjour d'un étranger en situation irrégulière » a aujourd'hui un champ tellement large que les immunités protégeant les proches parents, et sous certaines conditions les associations, apparaissent bien illusoires.

Face à l'aggravation, dans la réforme voulue par le ministre de l'intérieur de l'époque, en 2003, des sanctions punissant ce délit, des associations ont cherché à interpeller l'opinion sur l'incrimination de l'aide et du soutien aux étrangers, en inventant l'expression « délit de solidarité ».

La loi du 26 novembre 2003 s'inspire de trois textes internationaux dont elle transpose certaines dispositions : le protocole contre le trafic illicite de migrants, additionnel à la Convention des Nations unies du 12 décembre 2000 contre la criminalité transnationale organisée, la directive CE n° 2002/90 du 28 novembre 2002 et la décision-cadre complémentaire à cette directive.

Tout d'abord le champ d'application géographique de l'article 21 est étendu. Les personnes se trouvant en France ou hors de France pourront être poursuivies si elles aident des étrangers à entrer, circuler et séjourner sur le territoire des États parties au protocole contre le trafic illicite de migrants.

Les peines complémentaires sont aggravées. L'interdiction de séjour et la suspension du permis de conduire sont encourues pour cinq ans (au lieu de trois). La confiscation de tout ou partie des biens des personnes condamnées est désormais possible. Ce sont enfin les sanctions qui sont fortement aggravées (dix ans d'emprisonnement et 750 000 euros d'amende) dans un certain nombre de circonstances : commission de l'infraction « en bande organisée », ou « dans des circonstances qui exposent directement les étrangers à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente », commission « au moyen d'une habilitation ou d'un titre de circulation en zone réservée d'un aérodrome ou d'un port », commission ayant « comme effet, pour des mineurs étrangers, de les éloigner de leur milieu familial ou de leur environnement traditionnel ».

En revanche, plusieurs dispositions importantes de la directive du 28 novembre 2002 ne sont pas introduites. En cas de séjour irrégulier, le texte européen exige que l'infraction soit commise dans un but lucratif. Bien plus, il laisse aux États la possibilité de ne pas sanctionner l'infraction lorsqu'elle a « pour but d'apporter une aide humanitaire à la personne concernée ». Or, ni la condition de « but lucratif », ni la clause humanitaire ne sont reprises dans le texte français. Selon le rapporteur du projet à l'Assemblée nationale, « le gouvernement estime souhaitable, en effet, que le principe de la sanction de l'aide à l'entrée et au séjour irréguliers ne souffre aucune exception qui risquerait d'en atténuer la portée ou d'en restreindre l'efficacité ». L'objectif est clairement affiché.

Avant même que la loi ne soit votée, d'ailleurs, on a vu se multiplier les poursuites dans des cas témoignant d'une interprétation très large de l'article 21. À la mi-février 2003, par exemple, le responsable d'une communauté Emmaüs a passé une journée en garde à vue parce qu'il avait refusé de « livrer » un Algérien débouté de l'asile territorial hébergé par la communauté. Il l'avait même aidé à échapper aux policiers venus, au petit matin, l'arrêter sur la base d'un arrêté de reconduite à la frontière. L'association Emmaüs s'est vivement émue de l'incident.

Sans qu'il y ait eu aide à la fuite d'un étranger poursuivi par la police, mais simplement pour avoir hébergé des personnes sans titre de séjour, un directeur de foyer Sonacotra en Corse, une gérante de foyer dans le Vaucluse, d'autres encore, dans les mois suivants, seront également placés en garde à vue. Excès de zèle de policiers locaux ? Ou tentatives d'intimidation, destinées à faire craindre à toutes les structures dont la vocation est de fournir un hébergement à ceux qui sont à la rue des poursuites si elles ne distinguent pas entre sans-papiers et résidents réguliers ?

La répression frappe non seulement des responsables d'institutions du secteur social, mais aussi des particuliers, émus par le sort de migrants en détresse. On s'éloigne de plus en plus de l'esprit de la directive européenne, et des propos rassurants du ministre. À Calais, après la fermeture du camp de Sangatte, le collectif d'associations C'SUR qui soutient depuis des années les « réfugiés », comme ils les nomment, distribue soupes populaires, vêtements et couvertures, et produits de première nécessité. Il n'est pas inquiété pour ces actions, qui ont lieu au grand jour.

Mais certains des membres du collectif en viennent à d'autres gestes : certains accueillent chez eux des exilés ou encaissent pour le compte d'exilés l'argent que leur famille leur envoie, parce que ces derniers ne parviennent pas à ouvrir des comptes à leur nom. Le 22 avril 2003, la police débarque au petit matin chez l'un d'eux, Charles Frammezelle, dit Moustache. Placé en garde à vue, il est mis en examen au titre de l'article 21. L'abbé Boutoille, doyen de Calais, déclare : « À travers "Moustache", c'est l'action du collectif qui est visée pour cacher le silence et l'indifférence des hommes politiques et l'échec de l'après Sangatte. Ceux qui devraient passer en justice sont ceux qui ne portent pas secours à des hommes en danger ».

Après le dénommé Moustache, un autre habitant de Calais, Jean-Claude Lenoir est à son tour poursuivi pour les mêmes motifs, son domicile est perquisitionné, et il est envoyé en comparution immédiate au tribunal de Boulogne-sur-mer. De même, deux Afghans sont emprisonnés pour avoir perçu des mandats Western Union pour le compte de tiers : la police estime que cet argent devant probablement servir à payer les services de passeurs, les intéressés se sont rendus complices des passeurs. Ceux que le pouvoir veut faire condamner sont ceux qui révèlent l'échec et l'inhumanité de la politique menée à Sangatte. Et le procureur de Boulogne, Gérald Lesigne, déclare que dans ces affaires « on dépasse le cadre de l'humanitaire. »

Nicolas Sarkozy, ayant pris connaissance du Manifeste des délinquants de la solidarité, a demandé au Gisti de faire suivre aux signataires du manifeste (!) un courrier dans lequel il dément vouloir, par son projet de loi, poursuivre les associations qui œuvrent dans un but humanitaire. Il invoque la « bienveillance » dont ses services ont toujours fait preuve à l'égard de ceux qui ont des objectifs non condamnables. Mais l'incrimination peut continuer à susciter les inquiétudes des milieux associatifs, qu'il s'agisse d'associations qui s'occupent d'aide aux personnes démunies, ou de défense des droits des étrangers. Elle peut également inquiéter toute personne qui par solidarité apporte une aide, de quelque forme que ce soit, à une personne étrangère en situation irrégulière.

Accueillir chez soi, nourrir, prêter ou donner de l'argent, renseigner… Où s'arrête le délit d'aide à l'entrée et au séjour irréguliers ? Bien sûr, si le juge pénal est saisi, il jugera in concreto, et c'est lui qui appréciera les critères de la loi. Mais si le ministre, puis le législateur ont voulu donner à ce texte une forme sujette à une aussi large interprétation, est-ce pour ne pas s'en servir ? Le ton est donné et la menace plane : les ennemis de la politique de la nation, répressive à l'égard des étrangers, sont clairement désignés comme des ennemis de la nation.

Extrait de la publication du GISTI, Plein Droit n° 59-60, mars 2004,
« Acharnements législatifs », Délit de solidarité, Violaine Carrère et Véronique Baudet (ethnologue ; juriste).


Et voici mon top 5 de ces rappeuses dans le paysage musical français, avec une mention spéciale à Wallen pour sa délicatesse et qui apparaît deux fois dans ce classement : la vision des filles sur leur vie dans cette banlieue :

1. Wallen - L'Olivier



2. Diam's - Ma France à moi



Et vive la Cimade !


3. Wallen - Donna




4. Zaho - la roue tourne :



5. Kayliah - Match nul - Eloquence - Taxi 3




Et quelques autres que j'apprécie beaucoup des mêmes chanteuses + kenza farah :

Kenza Farah - au coeur de la rue :



Kayliah - Ntia sur l'album faramineux Raï N'B Fever :



Kayliah - nous on pleure pas :



Kayliah - belly dance :



Kayliah - Quand une fille est love :



J'avoue que j'ai une grande faiblesse pour Kayliah (même si Wallen est une plus grande chanteuse)!

Kayliah - soleil de ma vie :




Voyage en Russie : mercredi 3 septembre

Petite aparté : je n'ai que des chaînes en russe et apparemment N.Capkozi comme ils l'écrivent occupe beaucoup leurs écrans et pensées. Son positionnement doit déranger les dirigeants russes, quoiqu'à chaque fois qu'il s'exprime, il est coupé pour laisser place aux commentaires sur ses propos ce qui m'empêche d'en savoir plus. Ce qui soit permet aux médias russes de transformer de façon parfois fantaisiste et conforme aux intérêts les propos, soit s'ils sont contraires, de les décridibiliser en les exagérant, poussant à la caricature. Mais l'acuité des passages à la télévision plaide pour un malaise de la position russe suite suite aux interventions européennes. Poutine, Medvedev, Lavrov se succèdent, en interview, largement diffusées pour donner le la de la réponse à opérer. Le nombre de fois où il passe à la télé est si impressionnant qu'il ne cesse d'intriguer.

3/09/08
Aujourd'hui lever difficile à 9 heures. Je dois préparer plusieurs excursions ce jour : mon départ pour les Solovki de samedi en achetant mon billet de train, mon excursion sur l'île de Valaam et l'achat de timbres à la Poste, une excursion pour moi tellement mon russe est minable. Ensuite ce que le temps restant permettra de faire, on visitera la ville sachant que de toute façon jeudi ou vendredi y sera consacré. En sortant de l'hôtel sur la droite se trouve l'office du tourisme qui n'est rien d'autre qu'une agence de tourisme comme les autres, un peu plus officielle. Et là, mauvaise nouvelle : prochain départ pour Valaam samedi. De nouveau dehors je me reproche de n'avoir parlé qu'en russe, ce qui m'a empêché de prendre toutes les informations nécessaires ou de saisir une opportunité. Direction la gare d'un pas décidé, tout en devinant déjà que la journée va être coton. Là-bas, j'y cherche une agence de voyages disparue, ne reste après de multiples recherches qu'un emplacement déserté. Re-zut et me voilà redescendu à mon hôtel je dois aller rechercher un autre centre touristique, qui lui serait un véritable office de tourisme selon mon guidebook. Au passage, je remarque cette fois-ci sur la gauche de l'hôtel, de l'autre côté de la route, une autre officine de l'Intourist. Ragaillardi, j'engage la conversation en anglais et apprends qu'une excursion avait eu lieu le jour même et que la suivante serait samedi, qu'une autre agence située sur le bord du lac pourrait le faire avant samedi, et que l'agence disparue se situe à la rencontre de deux avenues qu'elle m'indique sur un plan. Entre-temps, elle s'était informée par téléphone auprès de ses collègues qu'il n'y avait pas d'excursions avant samedi. A son sourire j'ai su que l'unique touriste qui cherchait à joindre le monastère de Valaam était repéré. Bon, direction les quais et entretemps l'office du tourisme véritable qui est sur le chemin. A cet office du tourisme, une jeune femme fort peu aimable, la précédente aurait du lui revendre un sourire, s'apprête à téléphoner à l'Intourist, ce que je m'empresse de l'informer que j'ai déjà fait. Sinon ces derniers vont crier au harcèlement et pouvoir suivre mes pérégrinations. Alors, en consultant internet, elle m'informe que demain jeudi une compagnie se rend à Valaam, située sur les quais. Heureuse confirmation et je quitte la jeune femme au nurofen installé sur son bureau. Direction les quais, avec aplomb. J'y prends le dépliant qui confirme une sortie le 4/9 et rejont l'étage. Là dans un bureau je m'essaie à convaincre une jeune femme en anglais, qui m'explique que ce serait vendredi et non jeudi, qu'il lui faut l'inscription d'autres personnes, que ce n'est pas sûr, qu'inquiète ma méconnaissance du russe alors que la guide ne parle que cette langue et qui finalement me dit de revenir à 16 heures pour savoir si l'expédition aura lieu. Je ressors, il pleut, mauvaises sensations. Si je me bats, je sens que çà va être compliqué et que la journée va se passer à la recherche de ce sésame, direction Valaam. Machinalement, je remonte la rue pour une longue course à pied vers le nord de la ville. C'est une journée galère que j'aime bien, où il ne fait pas beau, où je suis au milieu des Russes. Je crois que ce que je ressens est inexplicable. Je remonte en me disant qu'il faut que je rejoigne ce croisement des deux avenues au nord de la ville. Chose faite après trois quart d'heure de marche, où deux compagnies de voyage, dont aucune ne porte le nom recherché. Je m'aventure vers l'une et rentre dans un bureau surchauffé où deux jeunes femmes travaillent. A ma demande si elles parlent anglais, la première s'esquive et la seconde s'explique en disant Tchout Tchout ce qui veut dire en russe vraiment pas beaucoup. Je souris, et lui fais comprendre que j'ai compris. Le courant est passé, son anglais est finalement très potable et cet ange devient très actif. Elle passe plusieurs coups de téléphone d'où il ressort que les bateaux ne sont plus sûrs de sortir au vu du temps, que la saison est morte ; elle téléphone même à l'agence dont je devais trouver la trace et obtient son adresse, mais celle-ci n'a plus d'excursions. Après un grand remerciement en russe pour de tels efforts alors qu'elle ne me connait pas et qu'elle n'y gagne rien, me voici à nouveau dehors et ayant compris qu'à présent les chances sont faibles, un mauvais goût d'inertie dans la bouche, mais le sentiment de s'être battu. Ah Oui, entre temps j'avais eu l'occasion par des détours à travers des parcs pour rejoindre ce croisement de profiter de la verdure renommée de la ville, en longeant la rivière Lossissinka, puis en me retrouvant en début de banlieue, autour du stade de foot, décoré aux anneaux olympiques. Je suis dehors, la pluie ne me lâche pas, bien que faible et après une pause médidative je reprends des deux l'avenue perpendiculaire à celle qui m'a amenée, direction la gare car il ne faudrait pas que j'oublie l'autre objectif de la journée, même si vu comment celle-ci a commencé, je crains un refus ou une incompréhension à la gare. Une journée mal embarquée ...
La gare. Je m'y arrête et prépare tous cahiers ouverts ce que je vais dire : il faut qu'elle me comprenne tout de suite, sans poser de questions, sinon les difficultés vont commencer. Je voudrais choisir ma vendeuse, mais au final un des guichets est indiqué voyages internationaux, ce qui me rassure : la personne doit être habituée. Semblant avenante, je dépose sur le rebord mes ouvrages qu'elle regarde et me lance : elle comprend, me demande de confirmer Outram (le matin) et m'indique sur un papier les horaires 7h – 16h. J'acquièsce, elle me demande mon passeport, que je lui tends, récupéré le matin même à l'hôtel (encore un bon point) : elle inscrit le numéro de passeport dans le logiciel et il apparaîtra sur le billet : je suis bien surveillé. Les choses se compliquent avec la classe du wagon : les coupés, première classe russe, sont non disponibles à cet horaire, et je n'arrive pas à me faire comprendre sur le rang le plus luxueux encore. Nous nous entendrons finalement sur le terme que je comprends : platzkart, qui signifie seconde classe en russe, rien à voir avec la seconde classe d'un corail, plutôt salle commune où tout le monde déballe ses affaires, à mon avis. Nous verrons bien, et puis comme çà je voyagerai à la russe populaire !! 8 heures : le temps du voyage m'apparaît soudain : même avec le paysage il faudra l'occuper. Après un quiproquo où je me crois redevable de 5 000 roubles et vais chercher le liquide nécessaire quand 500 roubles suffisent : si 5 000 pour une platzkart aurait du m'apparaître hors de prix, 500 roubles soit 15/17 euros les 8 heures de train est vraiment bon marché. Une chose de faite, et à la sortie, 13 h 30, deux choix s'offrent à moi : téléphoner à l'agence de voyage repérée en France sur internet (encore une autre !), dont l'adresse n'est en tout cas pas en centre ville que j'ai parcouru, ou acheter les timbres. La poste étant fermée entre 13 et 14 heures je me rassasie de chocolat et de yaourts danone dans la gare, il faut mieux attendre 14 heures pour appeler l'agence si je veux quelqu'un parlant anglais. Cà m'évitera un déplacement inutile si comme je le pense c'est rapé de ce côté là. Au final je rejoins mon hôtel pour téléphoner au calme. Et là impossible d'obtenir mon interlocuteur, sous toutes les formes par lesquelles j'essaie de composer le numéro. Je ressors et achète un plan, repère Frolova Street, tout au nord-ouest, encore plus loin que le matin ! Ni une, ni deux j'y vais n'ayant plus rien d'autre à faire d'ici 16 heures, à tenter. Je pars pour une heure de marche assidue, enjambe des ponts et me retrouve au milieu des immeubles décrépis, des flaques d'eau encombrant les rues, des voitures sur des périphs urbains, à chercher cette rue. Je redécouvre ma Russie, des clochards allumant un feu, sous cette pluie pour se réchauffer, des voitures qui zigzaguent sur la chaussée pour éviter les grands trous et me retrouve au bas de ces immeubles informes. Je ne trouverai rien à Frolova Street, rien que le nom Irène, nom aussi de la compagnie de voyages, taggé sur un mur en compagnie d'autres prénoms de filles et de garçons russes. Heureusement que je n'avais pas donné mon argent par internet. Et moi qui croyais cette Russie délabrée vois plus loin de nouveaux immeubles, une nouvelle grande rue pleine de voitures et un supermarché, au milieu de ces anciennes vieilles tours pas belles. J'ose prendre quelques photos dont je ne sais si je les montrerai. Je les prends comme en cachette : il y a des jeunes à la sortie de l'école, c'est un quartier populaire. Je reviens sur mes pas, il y a loin, je quitte ces faubourgs que des jeunes regagnent à pied, en sens inverse, et me dis que çà va vraiment être long pour mes cannes fatiguées. Mais le sens est à la descente, je découvre de nouvelles rues descendant du nord-ouest au sud-ouest de la ville, sans repasser par le centre, et assez vite je me rends compte que j'arriverai à l'heure à l'agence de tourisme de l'embarcadère. Je passe devant un hôtel flambant neuf qui se dresse sur les hauteurs devant le lac Onega, Karelia, et me rapproche de l'agence, avec un mauvais pressentiment : je suis sûr que la jeune fille ne souhaitera pas s'embarrasser de soucis avec un touriste solitaire, qui souhaite rejoindre Valaam. Son 16 heures sonne d'un coup pour moi comme un recul pour mieux dire non finalement. Elle ne fera pas l'effort. Aussi ne suis je pas surpris quand après s'être éclipsée pour demander à sa patronne, elle revient en précisant qu'il n'y aura pas d'excursion. Je m'éclipse sans crier gare car j'avais déjà compris. Dehors je me dis que c'est foutu, mais j'ai toujours une croyance en moi, de savoir que j'aurais tout fait. Je remonte vers mon hotel et sais que sur le chemin se trouve l'office du tourisme du matin. Et si j'allais pleurer, car je me sens comme un pleureux qui a envie de dire trouvez moi mon excursion. Allez on va y aller, dernier test, nous verrons bien. Porte poussée, ils sont deux cette fois. Elle me reconnaît, je lui explique mes démarches, et surprise, elle commence à chercher assidument, prend le téléphone, veux les horaires des bateaux, des bus, elle a compris que mon sort était entre ses mains, mais ne se déride pas, se rappelle qu'il y a aussi une agence de voyages à l'embarcadère de cet autre lac au bord duquel est situé Valaam. Au résultat de ces investigations complètes, que je suis, pas de bateau jeudi. Un seul à 13 heures vendredi, ce qui me laisse les 4 heures de routes pour me rendre au lac alors qu'elle me parlait d'un hébergement une nuit sur place, vu le faible nombre de navettes de bus, puis de bateau, non synchronisées. En revanche, le retour le vendredi est hasardeux : arrivée du bateau normalement à 17 h 45 si les conditions climatiques sont bonnes pour un bus à 18 heures, sinon problème, dodo sur place et train loupé le lendemain matin, celui-là même que j'ai réservé à 13 heures. Je lui dis que je vais réfléchir et que je viendrai pour réserver le bateau demain si je conclus l'affaire. Dehors je retire toute la médisance que j'ai pue avoir le matin envers cette jeune femme, qui a su se montrer très efficace. Et en marchant, je me dis que je vais prendre ce pari, car je peux toujours dormir à l'hôtel au cas où là-bas et prendre le train suivant le samedi qui arrive certes de nuit, mais rien d'impossible s'il y a un taxi. Je file de joie sans repasser à l'hôtel acheter mes timbres et à nouveau çà marche en russe, même si je n'ai pas su reconnaître les roubles demandés après le 100 initial. Je m'en veux car les chiffres ce n'est pas le plus difficile. Au retour j'achète dans la rue deux pizzas réchauffées au micro ondes de la taille de mes mains, mon premier repas chaud depuis dimanche ! Eh oui je ne vais pas trop au restaurant seul, cela me donne le cafard, mais je me promets d'y aller le lendemain puisque j'ai déjà repéré un lieu dans la rue principale. A la fin du voyage, vu la marche et la nourriture qui se compose de chocolat, de fruits, de gâteaux secs, de yaourts vitaminés et de jus d'orange, j'aurai mon poids de forme ! A l'hôtel, repos, même si je prévois une autre sortie pour acheter des cartes postales, notamment de Petrozavodsk et un livre en français pour passer le temps dans le train. Ce sera donc direction les librairies et comme celle du matin m'a déçu direction la deuxième. J'en ai marre de remettre mon jean trempé, dont c'est la dernière journée. Je marche en prenant le bon raccourci, maintenant que le centre ville m'est connu. Mais la librairie en question n'est pas mieux achalandée que sa voisine, ni même en enveloppes pour les cartes postales. Bon, mais j'aime me ballader sans but, et que c'est bien là le souhait de ma sortie, qui se conclura au mieux par l'achat judicieux sinon rien. Me voilà de nouveau au milieu des Russes et sous la pluie ! Qui pourra me comprendre ? Car c'est ce que je recherche, et je me rappelle que dans ma marche de l'après-midi, j'avais cru repéré une troisième librairie. Sur le chemin, qui est désormais plus une ballade, à nouveau l'hôtel Karelia, dont une pancarte vante la vente de billets pour Kiji. Et pourquoi pas pour Valaam. N'osant pas trop pénétrer cet hôtel luxueux qui dans l'entrée possède un département office du tourisme. Là une charmante jeune femme s'assied à côté de moi sur un canapé, comme une amie, pour s'entendre expliquer mes projets. Faute de groupe pour l'excursion désirée, elle me propose le tarif individuel avec remise d'une voiture mais je décline l'invitation et ressors rapidement. Dehors, dans ma marche continue, je ressens la gêne que j'ai eue et qui m'a fait quitter les lieux. Outre le fait que je veux faire ce voyage à la russe, et non comme un occidental wealthy, ou un russe millionnaire, qui s'assure de tout en payant tout, c'est la jeune femme qui m'a troublé, je m'en rends compte maintenant. Et heureusement que je n'en ai pas eu conscience avant, car à la vue et au sourire de cette beauté incroyable, sise à 20 cms de moi, sur un canapé et me regardant les yeux, je crois que j'aurai pu dire OUI pour l'achat d'un lave-linge, d'une salle à manger et d'un équipement hifi plasma !! Bref je crois que j'ai fui sans m'en rendre compte (ne pas dire OUI) et même NON un peu brusquement, et j'en ris sous cape maintenant dans la rue, sachant très bien qu'elle n'en a rien à faire. La librairie se trouve être une quincaillerie, décidément Jean-François, qui ne possède même pas les ustensiles de cuisine que je voulais acheter. Retour au point de départ par des chemins de traverse, le long d'usines désaffectées et de pancartes d'hôtel improbables, et par un raccourci non voulu bientôt à la maison. Dodo ? Que nenni. J'ai prévu une dernière sortie pour internet pour saluer mon petit monde après cette journée crevante. Demain il faut faire toutes les démarches, notamment achat, retrait de liquide, avant les Solovki précédé de Valaam. Je regarde le hockey sur glace la télé où les Russes sont vraiment brillants, n'ayant pas perdu le sens des improvisations, du feeling, flair qui défait les tactiques par des passes et des désaxements qui soumettent les défenses. Beaucoup de vivacité aussi et des commentateurs aussi sérieux que pour nos matchs de foot. Sport national oblige. Dodo !



















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"Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."

Hölderlin, Hyperion



"Dans tes faux-fuyants,
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"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"

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Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
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