jeudi 31 janvier 2008

REQUIEM d'Anna AKHMATOVA (1889-1966)

"Dans les années terribles de la léjovchtchina*, j'ai passé dix-sept mois dans les files d'attentes des prisons de Léningrad. Un jour, quelqu'un me « reconnut ». Alors, la femme qui se tenait derrière moi, les lèvres bleues, et qui, bien sûr, n'avait jamais entendu mon nom de sa vie, sortant de l'engourdissement qui nous était commun, me demande à l'oreille (là-bas tout le monde chuchotait) :
- Et ça, vous pouvez le décrire ?
Et j'ai dit :
- Je peux.
Alors, quelque chose comme un sourire glissa sur ce qui avait été un jour son visage."

1er Avril 1957. Léningrad.

*Iéjov, chef du NKVD à l'époque de Staline et bras droit de celui-ci.

Tu peux pour en savoir plus consulter la fiche de wikipédia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Anna_Akhmatova

Juste quelques remarques sur cette fiche :

Au moment où tu liras : « Dès 1890 la famille s'installe à Tsarskoïe Selo où Anna reste jusqu'à l'âge de 16 ans », je t'invite à te renseigner sur Tsarkoie Selo (littéralement le bourg du tsar), car ce lieu est avec le Peterhof et Pavlovsk, l'un des trois plus beaux endroits environnants de Saint-Petersbourg.

Sinon remarque importante et insuffisamment signalée dans la fiche, apprendre oralement et retenir par coeur a longtemps été la seule méthode pour garder les poèmes d'A.Akhmatova, pour résister à la terreur stalinienne, ce qui accroît encore son mtyhe et son aura. Les régimes totalitaires aboutissent souvent à grandir leurs opposants en montrant leur courage, soit l'effet inverse de celui recherché par ces régimes.

Elle ne doit la survie de son poème qu'à la seule mémoire. A partir de 1936, elle et sept de ses amies apprennent par coeur le Requiem, comme pour les autres poèmes. Tout manuscrit découvert signifie sa mort et surtout celle de son fils emprisonné. Cette transmission orale du poème durera jusqu'en 1962,l'allègement de la terreur stalinienne autorisera AKHMATOVA à le noter par écrit.

Tu peux comparer les extraits de Requiem joints dans un autre message du blog avec les extraits figurant en lien externe en bas de la fiche Wikipédia. Tu verras que les traductions sont toujours différentes, liées à la difficulté de lire la poésie dans une autre langue.

Elle a écrit beaucoup dans la maison sur la fontanka (maison donnant sur la fontaine : en fait la maison donne sur une magnifique cour intérieure commune à plusieurs maisons et dotée d'une fontaine et d'un jardin très luxuriant et, comme à l'époque, laissé savammment à l'abandon).

J'ai visité cette maison musée qui ne contient aucun commentaire en français. J'ai du tout lire en Anglais. Deux souvenirs : un mal de tête à lire les fiches en anglais et une émotion car ils ont essayé que le musée soit la maison dans l'état où elle y a vécu. Et dans chaque pièce on raconte une partie de sa vie, dans les lieux où elle les a vécues, avec des photos d'époque etc, dans sa chambre, sa cuisine : çà m'a laissé une émotion que je ressens encore.

Anna Akhmatova : c'est triste et dur à en mourir. Beau, simple et émouvant.


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