mardi 28 avril 2009

Les quatre saisons du capitalisme ou la redécouverte des cycles économiques

Ci-dessous un article de Pierre-Antoine Delhommais, Le Monde du 18 avril 2009, sur la description des cycles économiques qui sont un fait économique avéré :

Les économistes passent donc l'essentiel de leurs journées à scruter le ciel pour y chercher des hirondelles qui signaleraient la fin de ce terrible hiver conjoncturel et le retour de la croissance. Quelques vols auraient été observés en Chine et aux Etats-Unis, mais pas en assez grand nombre pour pouvoir assurer que les beaux jours sont revenus.

La crise des subprimes a en tout cas mis fin à une grande illusion, celle qui voulait que l'économie mondiale ne connaisse plus de saisons, qu'elle ne soit plus soumise à des cycles. Cette théorie merveilleuse, née à la fin du XXe siècle, expliquait que grâce aux gains de productivité procurés par les nouvelles technologies, à l'éradication de l'inflation, à l'entrée en scène des grands pays émergents avec leurs milliards de nouveaux consommateurs, l'économie mondiale était promise à une expansion continue et infinie, sans soubresauts majeurs. La crise financière asiatique de 1998 et le krach des valeurs Internet de 2000 avaient à peine ébranlé la conviction, qu'une nouvelle ère s'était ouverte, faite de croissance perpétuelle, et que nous vivions en direct, sans vraiment nous en rendre compte, la fin - heureuse - de l'histoire économique.

Avec la faillite de Lehman Brothers, avec les PIB des pays industrialisés reculant dans des proportions jamais vues depuis les années 1930, cette thèse aussi séduisante qu'enthousiasmante a vécu. Les cycles sont de retour, et avec eux, les grands économistes qui les ont étudiés et modélisés. Dans les bibliothèques, on consulte à nouveau leurs ouvrages que la poussière avait recouverts.

Parmi ceux-ci, Des crises commerciales et leur retour périodique en France, en Angleterre, et aux Etats-Unis, du Français Clément Juglar, édité en 1862. Il fut l'un des premiers à établir qu'au-delà des causes apparentes et immédiates spécifiques à chaque crise, existent des éléments communs expliquant à la fois leur caractère récurrent et inévitable. A commencer - tiens donc ! - par... le dérèglement périodique du crédit et le rôle de la spéculation. "Les symptômes qui précèdent les crises sont les signes d'une grande prospérité, écrivait Juglar, médecin de formation. Nous signalerons les entreprises et les spéculations de tout genre (...), la hausse des prix de tous les produits, des terres, des maisons (...), la baisse de l'intérêt (...). Un luxe croissant entraîne des dépenses excessives, basées non sur les revenus, mais sur l'estimation du capital d'après les cours cotés." Ne manque que le mot subprime. Utilisant le vocabulaire médical, le bon docteur Juglar poursuivait : "Les crises, comme les maladies, paraissent une des conditions de l'existence des sociétés où le commerce et l'industrie dominent. On peut les prévoir, les adoucir, s'en préserver jusqu'à un certain point, faciliter la reprise des affaires ; mais les supprimer, c'est ce qui jusqu'ici, malgré les combinaisons les plus diverses, n'a été donné à personne."

Si Juglar avait mis en évidence des cycles de courte durée (huit-dix ans), ce sont des cycles beaucoup plus longs (d'environ cinquante ans) que l'économiste russe Nicolaï Kondratiev identifia dans Les Vagues longues de la conjoncture, paru en 1926. Ses travaux, qui arrivaient à la conclusion que l'économie capitaliste est soumise, à intervalles réguliers, à des phases d'embellies et de dépressions, qu'elle redémarre après chaque crise, furent qualifiés par le Kremlin de théorie "erronée et réactionnaire", incompatible avec la mort annoncée du capitalisme. En 1930, Kondratiev fut condamné lors d'un procès truqué au travail forcé dans un camp du goulag, avant d'être fusillé sept ans plus tard sur ordre de Staline.

Joseph Schumpeter, lui, eut la chance de pouvoir fuir l'Autriche et le nazisme pour rejoindre les Etats-Unis et Harvard. Reprenant en les combinant les découvertes de Juglar et Kondratiev, il élabora sa propre théorie des cycles dans Business Cycles (1939). Pour Schumpeter, le capitalisme est soumis à "des oscillations périodiques de conjoncture", à quatre temps, quatre saisons (prospérité et récession, dépression et reprise). Il est une sorte "d'ouragan perpétuel", les périodes de contraction étant la conséquence logique et inéluctable de celles d'expansion qui les ont précédées. "Non seulement, il n'est jamais stationnaire, mais il ne pourra jamais le devenir", soumis à "une destruction créatrice" permanente liée aux innovations. Ce qui conduit Schumpeter à relativiser l'importance des crises. Dans le livre qu'il a consacré à l'économiste, Alexis Karklins-Marchay relate les propos que celui-ci tenait à ses étudiants de Harvard au beau milieu des années 1930. "Messieurs, vous vous faites du souci à cause de la dépression, vous ne devriez pas car pour le capitalisme, la dépression est une bonne douche froide."

Schumpeter était convaincu de l'efficacité supérieure du capitalisme pour créer à long terme des richesses et augmenter le bien-être de l'humanité. Et ils qualifiaient ceux qui niaient ces succès de " stupides, ignorants ou irresponsables". Mais il était aussi persuadé que le capitalisme ne pourrait survivre, notamment parce que les citoyens, au fur et à mesure que leur niveau de vie progresse, supportent de moins en moins cette instabilité et ce sentiment d'insécurité qui lui sont inhérents. Qu'ils réclameraient de plus en plus un système en apparence plus protecteur et plus stable, de plus en plus d'Etat, c'est-à-dire de socialisme. On a beaucoup dit que la crise des subprimes marquait le triomphe des idées de Keynes. Il se pourrait qu'elle soit, bien plus encore, celui des analyses de Schumpeter.

Les Etats-Unis se démènent pour reconquérir Pékin

Etats-Unis, Dette, Chine et Taux de change


Ci-dessous un article de Cécile Prudhomme, Le Monde du 18 avril 2009 :

Les gentlemen préfèrent les obligations américaines." Paraphrasant Andrew Mellon, secrétaire au Trésor dans les années 1920, Richard Fisher, le président de la Réserve fédérale de Dallas, n'y est pas allé par quatre chemins. Jeudi 16 avril, à l'université Tsinghua de Pékin, il a même tout tenté pour convaincre les Chinois d'investir aux Etats-Unis.

"Un investisseur chinois qui aurait acheté un bon du Trésor américain à trois mois en mars 2008 et qui l'aurait renouvelé tous les trois mois jusqu'à la fin du mois dernier aurait eu un retour sur investissement réel négatif de 1,5 %, ce qui est peu enthousiasmant", a-t-il reconnu. Mais, si ce même investisseur avait fait la même opération avec un "bon du Trésor d'un gouvernement de la zone euro, l'investissement se serait soldé par une perte de 16 %".

"Nous sommes conscients" que certaines des mesures récentes prises par la Réserve fédérale (Fed) "pourraient faire monter une certaine appréhension parmi les gros détenteurs d'obligations du Trésor américain, comme votre gouvernement et d'autres dans la région Asie-Pacifique", a ajouté M. Fisher. Avant de s'empresser de rassurer les Chinois, qui s'étaient dernièrement inquiétés de la dépendance du billet vert à la politique américaine : "Permettez-moi de vous rappeler que depuis un an" que la Fed intervient fortement pour soutenir l'économie américaine, "le dollar s'est apprécié de 17 % par rapport à l'euro et de 29 % par rapport à la livre britannique", et il "ne s'est déprécié que par rapport à une seule des principales monnaies de réserve, le yen, et ce, de 2 %".

Il est fréquent que, lorsque les "Trésors" souhaitent convaincre, lors de rendez-vous privés, les grands investisseurs asiatiques d'acheter leur dette, ils la comparent avec celle des autres pays, mais il est plus rare que les banquiers centraux fassent de telles déclarations en public. C'était déjà M. Fisher qui, le 8 avril, avait jugé, à Tokyo, que l'euro "avait beaucoup plus de problèmes" que le dollar.

Un gros pourvoyeur de fonds

Les arguments utilisés par M. Fisher sont en fait à la hauteur des enjeux actuels. La Chine est le plus gros pourvoyeur de fonds des Etats-Unis et, dernièrement, les relations entre les deux pays s'étaient un peu tendues.

Selon les statistiques publiées mercredi, la Chine a augmenté de 0,6 % au mois de février ses avoirs en bons du Trésor américain (à 744,2 milliards de dollars, soit 570,5 milliards d'euros), tandis que le Japon, second détenteur de dette américaine, les a accrus de 4,3 %, à 661,9 milliards de dollars. Et il faut que ça continue, car les Etats-Unis prévoient d'émettre 2 500 milliards de dollars de dette nette en 2009, contre 788 millions et 149 millions les deux précédentes années.

Or les déclarations récentes des officiels chinois, sur leur inquiétude vis-à-vis de leurs actifs et sur leur souhait d'avoir une monnaie de réserve qui se substituerait au billet vert, avaient laissé craindre qu'ils ne réduisent leurs achats de bons du Trésor américain.

Même sur leur position vis-à-vis du yuan, les Etats-Unis ont fait machine arrière. Aucun des grands partenaires des Etats-Unis n'a "manipulé ses taux de change dans le but d'éviter d'avoir à ajuster sa balance des paiements, ou pour obtenir indûment des avantages comparatifs", mais "le Trésor reste d'avis que le yuan est sous-évalué", a estimé mercredi le Trésor américain dans son rapport semestriel sur les devises de ses partenaires économiques, qui couvre la période de juillet à décembre 2008.

Une période où la Chine a cessé de laisser le yuan s'apprécier graduellement de manière contrôlée. Entre juillet 2005 - date à laquelle elle a autorisé les fluctuations de sa devise - et juillet 2008, le yuan a gagné environ 16 % par rapport au dollar. Depuis, il n'a pas fluctué de plus de 1 %, autour de 6,83 yuans pour 1 dollar, son cours de vendredi.

L'opinion officielle présentée dans le rapport du gouvernement américain montre un profond réajustement de sa position après les déclarations fracassantes de son secrétaire au Trésor, Timothy Geithner. Celui-ci avait écrit aux sénateurs, le 22 janvier, que le président Barack Obama "estime que la Chine manipule sa monnaie", alors que Washington n'avait jusqu'alors jamais osé aller aussi loin par crainte de représailles.

Le crédit aux entreprises non financières séduit les investisseurs

Les entreprises s'adressent directement sur le marché pour bénéficier de crédits, avec cependant l'intermédiation des banques qui jouent ici un rôle de courtier. Mais cette position n'a pas que des avantages (cf.articles suivants).

Ci-dessous un article d'Isabelle Ehrhart, Le Monde du 18 avril 2009

Une vraie demande et moins d'émissions. Le marché du crédit des entreprises non financières séduit de plus en plus les investisseurs. Or, pour certaines sociétés cotées en Bourse, nous sommes en pleine période de publication des résultats trimestriels, ce qui les contraint au silence, y compris en matière obligataire. La faiblesse de l'offre ne devrait donc pas durer plus longtemps que celle de ce "black-out".

Ces derniers jours, deux entreprises françaises ont bénéficié de cette excellente conjoncture pour emprunter, Michelin et Veolia Environnement. Cette dernière vient de solliciter les investisseurs comme des nombreuses autres entreprises de services aux collectivités, dont Suez Environnement qui a réalisé son premier emprunt début avril. Veolia Environnement vient de voir les perspectives associées à sa notation (A3 par l'agence Moody's et BBB + par Standard & Poor's) passer de stable à négative.

Cela ne l'a pas empêché de réaliser ce que certains considèrent comme son meilleur "deal". Mercredi 15 avril, elle a emprunté 2 milliards d'euros, dont 1,25 milliard remboursable dans cinq ans, le solde dans dix ans. La demande aurait atteint 10 milliards d'euros, selon les banquiers, un chiffre à prendre avec précaution car certains investisseurs demandent beaucoup pour être sûrs d'avoir un peu. Le groupe a payé 250 points de base (2,50 %) de prime pour les obligations arrivant à maturité dans cinq ans, soit 50 points de base (0,50 %) de moins que Banco Comercial Portuges (BCP). Pour la même maturité de cinq ans, la banque portugaise a payé 300 points de base (3 %) alors qu'elle est mieux notée, Aa3 par Moody's, A par Standard & Poor's et A + par Fitch. Une confirmation de la méfiance des investisseurs envers les financières.

Moins évidente était l'opération du fabricant de pneus. Michelin a émis un montant de dette moins élevé, 750 millions d'euros. Sa notation, Ba2 par Moody's et BBB par Standard & Poor's, ainsi que son secteur d'activité, l'automobile, ont rendu chacun prudent. Pourtant, grâce au coupon de 8,75 % proposé par le fabricant de pneumatiques, les investisseurs à la recherche de rendement se sont arraché les obligations à cinq ans émises par Michelin. Force est de constater que l'appétit des investisseurs les rend moins délicats sur la qualité des mets.

SOS, on coule !

Le fret pétrolier est victime de la baisse de la consommation du brut et de son prix, ce qui rend les affaires moins rentables. En revanche, ce secteur d'activité doit juste avoir les reins suffisamment solide car il constitue un secteur avancé qui bénéficiera des prémices de la reprise

Ci-dessous l'article d'Alain Faujas, Le Monde du 18 avril 2009 :


Il n'y a pas que la pêche au cabillaud qui sombre ; le fret pétrolier aussi. Le tsunami économique et financier, qui a fait s'évanouir la demande mondiale au dernier trimestre 2008, a d'abord envoyé par le fond le trafic des porte-conteneurs, privés d'ordinateurs vietnamiens, de baskets philippines et de téléphones portables chinois. Ce qui a entraîné l'arrêt des importations des matières premières qui servaient à les fabriquer et la mise à l'ancre des minéraliers qui acheminaient fer, cuivre et manganèse.


Aujourd'hui, c'est au tour des superpétroliers d'être mis au chômage. Parce que la demande de brut s'est effondrée et que les experts prédisent qu'elle va encore reculer de 10 % en 2009, parce que les stocks sont au plus haut, parce les pays exportateurs ont tardé à réduire leur production, etc.

Deux paramètres illustrent ce naufrage. Un supertanker de 300 000 tonnes, qui rapportait en moyenne 91 000 dollars par jour de mer en 2008, ne faisait plus recette que de 27 000 dollars (20 724 euros) début avril. Donc sous la ligne de flottaison des 32 000 dollars à partir de laquelle il perd de l'argent. Pis, l'indice Baltic, moyenne des prix sur onze routes maritimes empruntées par le brut, est tombé à 457 points vendredi 17 avril, contre 1 402 il y a six mois. Du jamais-vu depuis la création de l'indice en 1997.

SOS, on coule ! Pour éviter le naufrage, les armateurs écopent comme ils peuvent. Les uns transforment leurs vaisseaux de haut bord en vulgaires réservoirs flottants, histoire d'en tirer trois sous. D'autres demandent aux chantiers navals de différer, voire d'annuler un bon tiers des 227 nouveaux colosses commandés pour prendre la mer d'ici trois ans. Tous attendent avec nervosité 2010, qui verra l'interdiction des pétroliers à simple coque, ce qui réduira de 15 % les capacités de transport.

Et après ? "Le fret pétrolier a été touché le dernier, explique un expert. C'est lui qui repartira le premier, parce qu'il apporte l'énergie sans laquelle il ne peut y avoir de reprise dans les usines du monde."

Du haut de la dunette, les armateurs vont scruter à la longue-vue la "driving season" aux Etats-Unis. Si les Américains profitent du printemps pour prendre de longs week-ends avec leurs Buick voraces, les tankers reprendront leur ronde depuis l'Europe excédentaire en super. S'ils restent devant leur télévision pour des après-midi de base-ball en chambre, les banques demanderont des comptes aux capitaines malheureux.

Les banques américaines renouent avec les profits

Comment évaluer la consolidation du secteur bancaire ? Porter l'attention sur les profits qui sont permis par certaines mesures gouvernementales (meilleure marge d'intermédiation en raison d'un taux bas de refinancement) ou plutôt considérer la hausse des provisions pour risque de défaut sur les prêts accordés et parallèlement, la tentation de l'Etat d'intervenir directement au capital pour assurer la garantie du crédit ?

Ci-dessous l'article de Pierre-Antoine Delhommais, Le Monde du 18 avril 2009

Ravagé par la crise des subprimes, le secteur bancaire américain semble entré dans une phase de reconstruction. Citigroup a annoncé, vendredi 17 avril, que ses comptes étaient repassés dans le vert au premier trimestre. La banque américaine, qui a été l'une des principales victimes de la tempête financière, a fait état d'un bénéfice de 1,6milliard de dollars (1,2 milliard d'euros) hors opérations exceptionnelles, sur les trois premiers mois de l'année. Des profits à comparer avec une perte de 5,1 milliards de dollars au cours de la même période de 2008 et surtout avec un trou de 17,2 milliards au quatrième trimestre 2008.

RETOUR AUX BÉNÉFICES

Son directeur général, Vikram Pandit, a souligné, dans un communiqué, qu'il s'agissait "du meilleur trimestre" pour son établissement "depuis le deuxième trimestre 2007". Citigroup a bénéficié de 45 milliards de dollars de fonds publics et de la garantie de l'Etat fédéral sur 300milliards de dollars de ses actifs toxiques.

En moins de huit jours, ce sont donc quelques-uns des plus grands noms de la banque américaine qui ont révélé un retour aux bénéfices au début de l'année: 3milliards de dollars pour Wells Fargo, 1,8milliard pour Goldman Sachs, 2,14milliards pour JPMorgan Chase. Mieux, pour chacune d'elles, les résultats ont été supérieurs aux anticipations des analystes.

Les banques américaines profitent d'abord pleinement des mesures de sauvetage du secteur prises par les pouvoirs publics, en premier lieu la baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed) qui ont été ramenés au niveau de zéro pour cent. Elles peuvent ainsi se financer quasi gratuitement auprès de la banque centrale et redistribuer ensuite des crédits à des taux qui, même bas, leur permettent d'empocher au passage de confortables marges. "Le coût de refinancement auprès de la Fed est quasiment nul, observent les économistes de la société de Bourse Aurel BGC. La marge d'intermédiation des banques est actuellement historiquement forte." Les banques profitent également de la renaissance du marché des émissions obligataires des entreprises, paralysé durant tout l'automne 2008, et qui leur fournit des commissions substantielles.

A cela vient s'ajouter, précisent les experts d'Aurel, la réduction très sensible des frais généraux, les banques américaines ayant procédé – beaucoup plus rapidement que leurs consœurs européennes – à des restructurations extrêmement rapides et importantes, avec des réductions massives d'effectifs. Ce sont ainsi 262000salariés du secteur financier qui ont perdu leur emploi aux Etats-Unis depuis le début de l'année 2008.

Défauts de paiement Malgré ce regain de forme, les analystes restent prudents, compte tenu de l'ampleur de la récession économique et de l'explosion du chômage qui pourraient entraîner une hausse des défauts de paiement. Jamie Dimon, le directeur général de JPMorgan Chase, qui a pourtant inscrit pour 10milliards de dollars de provisions pour créances douteuses au premier trimestre, a averti qu'il était "raisonnable de s'attendre à de nouvelles provisions sur l'encours de crédit si l'environnement économique devait se dégrader". L'activité dans les cartes de crédit devrait être déficitaire sur l'année.

Fortes de leurs bons résultats trimestriels, plusieurs banques américaines ont d'ores et déjà exprimé leur intention de rembourser l'aide publique dont elles ont bénéficié. Ce qui, en plus d'envoyer un signal positif sur leur solidité retrouvée, leur permettrait de s'affranchir des règles contraignantes fixées par la Maison Blanche en matière de bonus et de rémunérations...

Dalil Boubakeur contesté devant la mosquée de Paris

Boubakeur, bachaga de la République ? Pour édifier un rempart face à un islam intégriste en France, le soutien apporté par la République à certaines personnalités plus forcément représentatives aboutit à un décalage qui rappelle les temps de la colonisation, intérieure cette fois-ci ?

Ci-dessous l'article de Stéphanie Le Bars, Le Monde du 18 avril 2009 :

L'opération orchestrée par le Collectif Cheikh Yassine (du nom du chef du Hamas, tué en 2004 par l'armée israélienne à Gaza) aurait pu passer inaperçue. Elle a pris, vendredi 17 avril, un tour spectaculaire.

Le responsable de cette association antisioniste radicale, Abdelhakim Sefrioui, avait promis une manifestation à l'issue de la grande prière, pour dénoncer, devant la Mosquée de Paris, les propos jugés "inacceptables" du recteur Dalil Boubakeur sur Israël et le conflit israélo-palestinien, et son dialogue constant avec la communauté juive ; cette proximité lui est aujourd'hui reprochée, alors que la communauté musulmane en France demeure marquée par l'offensive israélienne à Gaza en janvier (Le Monde du 14 avril).

Arrivé sur place avec une petite trentaine de (très) jeunes militants, cheveux ras et keffiehs autour du cou, M. Sefrioui a eu droit à une tribune politique inespérée. Bloqués à l'extérieur de l'édifice par les services de sécurité de la mosquée, qui en avaient fermé les portes quarante minutes avant le début du prêche, de peur de "débordements", plusieurs centaines de fidèles ont dû improviser leur grande prière du vendredi sur la chaussée, sous la surveillance d'un impressionnant dispositif de sécurité. Du jamais-vu.

Visiblement rompu à l'exercice médiatico-politique, le responsable du collectif s'est alors imposé comme l'imam providentiel, entonnant en guise de prêche religieux une attaque en règle contre Dalil Boubakeur. "Il s'est mis du côté des criminels de guerre ; c'est cela que nous sommes venus condamner", a-t-il lancé devant une foule impassible. Il y a ajouté une charge antisioniste d'une violence inédite sous le minaret de cette mosquée historique, symbole d'un "islam de France modéré". Une fois sa diatribe achevée, il a conduit, comme si de rien n'était, la prière des centaines d'hommes massés dans la rue.


"ON NE LE VOIT QU'À LA TÉLÉ"


L'immense majorité des fidèles ne savait pas pourquoi l'accès à la mosquée leur avait été refusé. Amin, un étudiant parisien était "juste venu prier", mais il a trouvé que M. Sefrioui "avait bien parlé." "Boubakeur est censé nous représenter ; mais, depuis quelque temps, on ne sait plus de quel côté il est", reconnaît aussi un vieux fidèle, apparemment déstabilisé. "Moi, je n'appartiens à aucun mouvement, jure Yazid, venu manifester, mais là, je me suis dit : "enfin quelqu'un qui ose contester Boubakeur". Il a été placé là par Sarkozy et l'Algérie ; dans la communauté, il fait l'unanimité contre lui." Un autre fidèle confie : "J'aurais aimé qu'il vienne s'expliquer, mais Boubakeur, on ne le voit qu'à la télé."

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris devrait être reçu par la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, déterminée, selon son entourage, "à soutenir M. Boubakeur contre les attaques de l'islam radical".

Les Roms et l'Europe : des citoyens de seconde zone

Européens mais citoyens de 2nde zone, les roms se voient appliquer une politique discriminatoire et qui attente à leurs libertés : ici menacés d'expulsion par la République française

Ci dessous l'article de Marion Brunet, Le Monde du 18 avril 2009 :

Sur le site de Sainte-Luce, à Nantes, des familles roms se préparent à la fermeture du terrain sur lequel ils vivent depuis quatre ans. Comme chaque année après la trêve hivernale, les expulsions de Roms se multiplient en France.

A Sainte-Luce, la désillusion pour les dix-huit familles auxquelles la mairie avait prêté le terrain a débuté vendredi 17 avril. Ce jour-là, des enfants, insouciants, s'amusent sur le terrain vague sans parvenir à distraire leurs parents qui attendent à 14 heures la visite de Louis Souchal, le directeur du centre communal d'action sociale (CCAS) de la ville de Nantes.

"Quelqu'un est venu nous voir pour nous dire qu'aujourd'hui c'était fini, qu'on allait devoir partir", explique le chef du campement, Costica Nastasie, avant de sortir de sa poche une attestation de domicile. C'est Yves Aubry, le directeur de l'association Une famille, un toit, gestionnaire du site en partenariat avec la mairie, qui la leur a remise le 23 février.

Sur le papier, on peut lire que l'autorisation de séjourner sur ce terrain est valable du 1er mai 2005 au 30 avril 2009. Soit un départ dans une dizaine de jours. Certes, il était question, depuis le début, d'un bail de quatre ans, mais les Roms ont toujours voulu croire que le contrat était renouvelable.

"Je ne comprends pas comment on peut aujourd'hui enfoncer ces gens après les avoir aidés pendant quatre ans. C'est trop brutal", s'insurge une des bénévoles de l'association Solidaire Roms Nantes Est.

Sentant la polémique poindre après les dernières expulsions médiatisées, notamment à Drancy, en région parisienne, le 14 avril, la municipalité de Nantes a préféré se donner du temps à Sainte-Luce.

Arrivé sur le campement, Louis Souchal a reporté d'une semaine la "discussion" qui devait conditionner l'avenir de cette communauté. Un soulagement de courte durée pour les Roms puisque la fermeture du site de Sainte-Luce, comme celle des deux autres terrains officiels de Nantes, est inéluctable.

" Les terrains seront fermés au cours de l'été 2009, certainement après la fin de l'année scolaire, précise M. Souchal. Les sites actuels n'apportent pas de réponse valable. A Sainte-Luce, seules trois familles sur dix-huit ont trouvé une solution d'intégration durable. Nous voulons aujourd'hui bâtir un site dans un objectif d'insertion balisé et offrir de réelles perspectives aux Roms."

Entre vingt-cinq et trente familles pourraient bénéficier de ce projet. Soit environ la moitié de celles présentes sur les trois sites légalisés. Que deviendront les autres ? Dans l'incapacité de répondre, le directeur du CCAS est forcé de reconnaître que "les expulsions sont également un moyen de faire réagir l'Etat et de le mettre au pied du mur".

Alors que Costica Nastasie veut à tout prix rester en France et s'y intégrer avec ses six enfants, Louis Souchal renvoie la balle au gouvernement. Il en appelle à l'instauration d'une législation nationale pour clarifier le statut et les droits de ces citoyens européens sur le territoire français.

Complément d'information (encadré) :

10 000 à 15 000 Roms sont présents sur le sol français

Entre 10 000 et 15 000 Roms vivraient en France, selon les estimations. Dans leur très grande majorité, ils sont originaires de Roumanie et de Bulgarie et sont donc devenus, le 1er janvier 2007, citoyens européens.

A ce titre, ils bénéficient de la liberté de circulation. Mais ils demeurent soumis à des dispositions particulières en matière d'emploi.

S'ils n'obtiennent pas l'autorisation de travailler, ce qui est fréquent, ils doivent justifier de "moyens de subsistance suffisants". Faute de quoi, ils sont susceptibles d'être expulsés.

En 2008, sur les 29 796 étrangers expulsés, 10 072 Roumains et Bulgares ont été renvoyés dans leur pays avec une aide au retour dite "humanitaire" (300 euros par adulte et 100 euros par enfant), développée depuis l'été 2007. Mais cela ne les empêche pas de revenir.

Prenant conscience des limites de cette politique d'expulsion, certaines communes commencent à envisager des projets d'insertion. Mais, encore très exceptionnels, ces projets ne concernent jamais toutes les familles.

lundi 27 avril 2009

Mai à la Maroquinerie en avril 2009

Petit dimanche soir à la Maroquinerie, lieu parisien souvent cité que je n'avais pas encore eu l'occasion de tester. Apparemment se sont forts intelligents d'accueillir à répétition Mai. Et comme celle-ci se fait rare sur scène française, j'ai profité d'un jour de congé pour faire l'aller retour ... 40 minutes seulement sur scène mais un talent toujours présent. Des mélodies plus britanniques que sur le premier opus pop folk scandinave et aéré. Je suis un tout petit peu moins fan mais je me jetterai quand même pour acheter l'album quand il sortira car c'est vraiment vraiment bien (avis personnel !!)... En attendant l'album j'ai quelques videos pour me repasser en boucle les mélodies de cette jolie suédoise.







Par ailleurs concernant les autres groupes, c'est allé décrescendo : saint-vincent assez éthéré mais avec un vrai style personnel et heureux de ne pas savoir à ce moment là que le 3ème groupe que j'ai quitté après deux chansons n'était que le revival de Cardigans : je me disais bien aussi que la chanteuse et le guitariste me disaient quelque chose. Mais quitte à choquer les bien-pensants, je trouve que la première prestation fut meilleure que la seconde qui fut elle même meilleure que la 3ème !

Je trouve même assez croquant le fait que Johanna Wedin ait continué son bonhomme de chemin un soir où un groupe tel que Cardigans me semblait vraiment mauvais. Comme quoi desfois il faut être ignare et ne pas savoir qui est en concert, car si j'avais su je serai peut-être resté à écouter religieusement ce qui m'a semblé un fumet insipide. Désolé ! Mais beaucoup d'autres ce soir-là ont eu évidemment un avis différent, ce qui me déculpabilise de ce jugement sans doute hâtif !

Allez une dernière video !!

vendredi 24 avril 2009

Le Marathon de Naples et autres anecdotes

Le marathon

Le matin lever 4 h pendant que Jérôme continue à hiberner gentiment jusqu'à 6 h 30 et fait limite le désinvolte. J'avale mon petit – déj dès potron minet et ait après tout mon temps pour me préparer.

Manque de chance, la pluie inconnue jusque-là se met à tomber drue. La circulation qui doit s'arrêter à partir de 8 h 30 est présente en bruit de fond sur la place de la gare, en nombre limité tout de même.

Enfin prêts après 36 vérifications, nous quittons la chambre et devrons trouver une navette qui nous emmènera au lieu de départ du marathon : sur la place centrale, nous trouvons bien d'autres marathoniens mais tout le monde se débrouille à prendre n'importe quel bus régulier. De navette point, mais j'avoue que nous commençons à être habitués et donc nullement inquiets d'autant que nous savons quel bus prendre. Arrivés sur le site, nous nous réfugions à l'intérieur du village marathon où nous ne nous pressons pas en raison de la pluie dehors. Nous nous y changeons tout de même et dans un coin une jeune africaine dont je suis sûr qu'elle sera une favorite de la course attend patiemment. Première fois que je me trouve aussi prêt d'une grande championne. D'ailleurs nous verrons aussi les plus grands kenyans sous ce chapiteau. Sortie du chapiteau : on dépose nos affaires sous une tente située à l'extérieur : les affaires sont rangées suivant les numéros de dossards : du coup, nous rangeons nos affaires au même endroit que les kenyans !!! la classe !! Trop drôle ! Ensuite retour à nouveau sous le chapiteau du village marathon jusqu'à 8h 15. On sort enfin dehors vêtus de nos sacs poubelles qui s'ils sont une tradition en France n'ont pas encore dépassé les Alpes italiennes. Une dernière photo de Seb puis nous voilà dans la partie gardée réservée aux coureurs. Une nuée de militaires dont de nombreuses et belles jeunes filles font un cordon pour séparer les kenyans des autres coureurs. Mais comme la plupart s'entrainent sur les premiers cent mètres de la course, au moment de rejoindre les autres coureurs, les militaires avec leurs cordons leur font barrage. Ils sont finalement obligés de les laisser passer et au final nous voilà serrés comme des sardines semi marathoniens comme marathoniens et après une minute de silence, nous pouvons nous élancer. Jérôme et moi partons dans les premiers, mais je me fais rapidement doubler ayant peur de me faire marcher sur l'orteil droit. Je trouve à m'insérer sur le côté gauche et remonte via les trottoirs une partie des concurrents : c'est parti assez vite en partie à cause des marathoniens et sous la pluie al dente. Nous nous retrouvons assez vite sur les quais : je verrai une fois un haut et une casquette me faisant penser à Jérôme quatre cent mètres devant. Vers le 4ème je ressens le début d'une pointe de côté et ralentis légèrement. Je me rassure rapidement car je suis sur les temps de 3 h 15. Jérôme me semble en considération de ce temps parti rapidement, même si je ne suis pas sûr d'ailleurs qu'il soit devant. Je continue même si avec les évènements météo la pluie qui va même à un moment redoubler je crains de ralentir et de vite passer sur des bases à 3 h 20 3 h 30 Mais au 10ème comme au 15ème je suis sur les bases de 3 h 15 même si je ressens une lassitude qui me fait déjà craindre que je ne tiendrai pas ce rythme. L'arrivée aux alentours du 15ème provoque les premières accélérations des semi-marathoniens qui veulent finir sur un bon temps : je crois que je croise à ce moment là vers le 18ème exactement Jérôme. On se salue à peine et nous continuons sur une large artère : nous sommes alors largement supportés en raison du nombre d'encouragements pour les semi marathoniens bien plus nombreux que nous. Au semi, nous sommes séparés des semi qui terminent d'une façon très claire et c'est tant mieux. Nous avons fait notre première boucle et nous voilà revenus sur la place centrale del plebiscito. Je passe au semi en 1 h 37 35 ce qui me positionne exactement sur les bases de 3 h 15. Juste après une descente alors que maintenant ceux devant moi sont situés à 300 mètres sur les pavés trempés qui menacent avec mes chaussures usées de me faire tomber. Obligé de ralentir de faire diablement attention. Je croise Sébastien qui me tend les kiwis mis dans un petit sac : très bonne initiative, d'autant que les ravitaillements jusqu'au 25 ème ne sont composés que d'eau (il était prévu uniquement des liquides mais comprenant normalement des boisssons énergétiques …) : je mettrai longtemps 4 à 5 kms à manger les kiwis qui me feront le plus grand bien. Peu à peu le soleil apparaît mais les jambes sont lourdes et chaussures et chaussettes trempées. Epongeage et boissons se succèdent, puis le parcours n'est plus du tout plat : nous voici dans un tunnel au 24 ème km environ qui monte sacrément. Cela ne sera d'ailleurs pas la seule montée d'un parcours qui en plus de la pluie réserve des difficultés étonnantes. Dans le tunnel je croise le premier du marathon : surprise c'est le kenyan avec le dossard n°4 : il descend le tunnel et je ne le sais pas encore mais est au 37ème km. Dans les 15 premiers kms nous rencontrons les semi-marathoniens parmi les plus lachés qui se battent et que nous croisons car ils sont très loin de nous. Beau courage de ces hommes et de ces femmes.

Je me fais doubler dans le tunnel par une jeune femme aux longs cheveux noirs qui irrésistiblement se détache et que je serai amené à revoir : elle va faire une course magnifique, pas comme moi, aïe, aïe. Après cette longue montée, nous traversons un quartier non encore visité au travers de nos boucles, et qui est plus populaire avec de longues lignes droites en quartier résidentiel. Ces longeus lignes droites ne finissent d'ailleurs pas. Au 25ème km je loupe la boisson énergétique et ne prend que l'eau et autre déception, il n'y a que des morceaux de pommes difficiles à ingérer et des morceaux de sucre : ni bananes, ni morceaux d'orange pourtant des classiques de la course à pied. Nous continuons mais maintenant j'ai rétrogradé et commence à me faire doubler. Je sentais que les 3 h 15 n'étaient pas maintenables et me rappelle que pour avoir fini au mont saint michel en 3 h 20 j'étais sur la première moitié de course sur les bases de 3 h 00 !! Alors là, et je suis déçu envers moi-même car habituellement, la pluie comme au Mont saint Michel ne me déplait qu'a moitié comme le révèlera Jérôme qui a su fournir un effort. Je revois une deuxième fois Jérôme vers le 28 ème km : il continue à un rythme d'enfer avec ses compagnons de fortune. Je vois entre lui et moi passer la jeune femme aux cheveux noirs en belle forme et avec le goût de l'effort. Pour moi, même si la pluie redoublée d'un parcours somme toute abrupt est présente, le manque d'efforts à l'entrainement et la mauvaise forme sont surtout les vecteurs de mon mauvais parcours jusqu'ici. Il s'agit maintenant de finir le plus correctement possible, en s'écoutant bien et en sachant que vers le 35ème il me sera difficile de résister à l'envie de marcher. Je revois Jérôme vers le 32 ème c'est la dernière fois que je le reverrais et il me fait une sensation très bonne : je l'imagine sur les bases de 3 h 10 – 3 h 15 et toujours avec une bonne foulée : il m'avouera plus tard que là il avait commencé à trouver cela long. Nous rentrons dans un parc qui une fois atteint le fond marque le début du retour d'une longue ligne droite de 10 kms. Je regarde les kilomètres défiler dans l'effort : il s'agit maintenant de dire non aux jambes qui refusent d'avancer et de lutter coûte que coûte contre l'envie de s'arrêter : je me suis promis d'aller jusqu'au 35ème km sans marcher : ce que j'accomplis et je marche en me restaurant sur 300 mètres : je repars ensuite à un rythme faible et suis rapidement au 36 ème ce qui est bon pour le moral car je sais qu'il ne me faut plus compter que jusqu'à 6 pour finir. Le 37 ème km a du être un havre béni de tous les marathoniens car il s'agit de la longue descente dans le tunnel : un kilomètre qui passe bien et fait énormément de bien tandis que nous croisons des marathoniens qui montent et sont donc au 23/24ème km. J'encourage une personne. Je continue de me faire doubler. Après néanmoins à partir du 38ème nous sommes revenus sur les quais mais la longueur de ces derniers est difficile à supporter : je n'ai plus rien dans les jambes et c'est très difficile : comme dira Seb je paraitrai moins marqué que Jérôme à cet endroit de la course mais ce n'est qu'une impression et le fait que je sais gérer cet effort désormais pour savoir finir sur ces derniers kms : je cours sur 400 à 500 mètres avec un garçon qui a 10 ans de plus que moi et grimace aussi : il me lâche car je veux finir sur mon rythme et je ne crois pas pouvoir tenir le sien jusqu'au bout. Tant pis. En fait je le repasse au 39 ème arrêté sur le bord de la chaussée qui va finir en marchant. Moi je continue à avancer tel un zombie et à trainer la jambe droite qui est à mon avis proche de la crampe. Je sais finir ces courses même si c'est terriblement dur et si j'avance au pas ralenti. Seb est venu à notre rencontre au 41 ème km : il me demande comment çà va : je lui reponds je suis mort (j'ai retenu 30 secondes ma réponse : j'ai envie de mourir !!!) et ait la force d'esprit de m'extasier de la performance de Jérôme : il fait un numéro le frérot je lui lance et Seb me retourne : oui mais il a craqué sur la fin. Aïe mais je sais qu'il doit être arrivé ou presque arrivé. Je continue comme je peux et vois un groupe de 5 _ 6 coureurs sur la fin : je ne me fais plus doubler vraiment sur la fin, ce qui est bien et dans le sprint final, je ne peux le mener mais comme il s'agit d'une montée, certains se sont arrêtés à 400 mètres de la ligne trop épuisés je passe un Français à qui je dis courage : il vient du Poitou Charentes. D'habitude je finis les derniers 50 mètres en trombe cette fois-ci je fais le kangourou et accélère du peu que ma foulée veut bien s'agrandir … plus rien dans les chaussettes ! 3 h 32 50 je sais instinctivement que je viens de finir un de mes plus mauvais marathons mais je l'ai fini et j'en suis au 7ème. C'est presque aussi important que le temps. Je tape dans la main rageusement d'un organisateur qui me la tend, tellement j'ai conscience de l'effort fourni et de l'exploit. Et sitôt le virage passé je retrouve Jérôme qui est là changé et terriblement marqué lui aussi on se sert dans les bras l'un de l'autre. Il a compris ce qu'était un marathon. On échange quelques mots qui sont bien inutiles car notre expérience de la course nous fait bien comprendre mieux que tous les mots ce qu'a ressenti l'autre. Il n'a pas senti la douleur que très tardivement à partir du 38ème km. Il s'est fait doubler également par la jeune femme en noir qui a donc fini en moins de 3 h 21 dans la dernière montée au 42 ème. Il n'a vraiment souffert que sur la fin mais à mon avis a du sérieusement rétrograder car il a longtemps été sur des bases de 3 h 10 – 3 h 15 et même après le 35 ème sur les bases de 3 h 15. Les 4 derniers ne sont pas ceux sur lesquels il m'a pris tout ce temps. Il a donc repousser la limite de souffrance, la barre du 30ème très loin dans le marathon grâce à son entrainement et dans ces cas là même les 4 derniers sont moins difficiles car on se sait arrivés et avoir réussi quelque chose jusque là. Il me dira avoir plus souffert pour faire le semi marathon d'annecy !!! et il a fait un meilleur semi sur le marathon de Naples. D'entrée, il s'est inscrit dans une logique d'un très bon marathon ce qui est exceptionnel pour son premier marathon: 3 h 21 dans les conditions difficiles voilà qui promet des lendemains qui chantent et le positionne sur mes 7 marathons directement au niveau de mes 2 et 3 èmes meilleurs marathons. Néanmoins il est très marqué, car la souffrance a été repoussée loin, à un niveau jamais encore atteint. Et cela il le ressent. Une jeune femme passe qui vient d'arriver et pleure dans les bras de son mari qui a aussi fait le marathon. Elle pleure de la souffrance accumulée, jamais atteinte jusque-là surhumaine pour finir cette épreuve. C'est terriblement beau : elle est allée au delà d'elle même. Jérôme frappe très fort dans les mains de quelqu'un : il ne le connaissait pas; il vient d'arriver et se dirigeait les yeux hagards : Jérôme se trouvait là et lui a tapé dans la main. Nous mangeons le chocolat de Michèle en conversant : çà fait du bien le chocolat : guère de meilleur moment pour le manger et non loin de nous se reposant dans des sièges les kenyans et les éthiopiennes qui d'ailleurs toutes deux ne se sont jamais lâchées les unes des autres. Ce marathon a été dur : la preuve : le vainqueur de l'an passé en 2 h 13 a cette fois ci fini en 2 h 22. Tout ceci pour dire qu'il faut quasi enlever 10 minutes pour avoir le temps sur marathon « normal », si tant est que ce mot ait une signification pour un marathon.



La jeune femme qui a si bien couru son marathon !





Une image du marathon que j'apprécie particulièrement, sur l'esprit marathon !





Le garçon avec qui j'ai couru sur la fin du marathon

La plupart des anecdotes de ce voyage se situent dans les légendes et commentaires des photos : en voici quelques autres collectées au fur et à mesure du séjour :

La blague Lippi : nous avons vu à la télévision une publicité contre la contrefaçon en Italie (qui d'ailleurs fait perdre beaucoup à des firmes italiennes) où l'équipe d'Italie est décrite avec des noms de joueurs changés : ce n'est plus grosso mais grasso, zambrotta mais zambrutta, etc. et lorsque Lippi fait tomber un joueur, ils tombent tous comme des dominos !!! Très drôle !

On a revu le midi les marathoniens kényans et éthiopiennes à la sortie d'un restaurant vers 15 h 00 : quelle chance de les revoir et deux anecdotes :

le kenyan a laissé tomber une carte téléphonique par terre et a souffert pour la ramasser : çà nous a presque fait plaisir de voir que pour eux aussi c'est une souffrance extraordinaire de courir ces deux heures à cette vitesse folle ; d'ailleurs d'un deux trainait la jambe tout comme nous.
L'autre anecdote : l'un d'entre eux a reconnu Jérôme et l'a salué !!! Nous les avons tellement regardés avant le marathon, tellement eu l'occasion de les croiser et de les observer qu'ils nous sont devenus familiers : jamais je n'ai été aussi près d'eux avant et après le marathon (pas pendant !!!). Un vrai plaisir !!!

Deux à trois jours plus tard, Seb promenait ses deux canards dans le métro et partout ailleurs : la chose que nous apprécions le moins dans ces cas là ce sont les escaliers dans le sens de la descente avec des marches hautes : c'était la danse des canards à Naples !!!

Jérôme et Sébastien étaient souvent représentés dans les noms des rues et des tableaux dans les musées : avec Saint Jérôme érudit entouré de ces livres, enlevant une épine au lion et Saint Sebastien bel éphèbe transpercé de trois flèches (il a mal fini celui-là). Egalement une mention spéciale au tableau de Mantegna, Saint-Euphémie avec le Lion lui mordant tendrement la main et refusant de la déchiqueter, car j'avais déjà eu l'occasion de le voir à l'exposition du Louvre sur Mantegna.

Les jeunes sur le scooter : j'étais en train de prendre des photos des rues de Naples quand tout à coup et simultanément mes batteries sont déchargées et un scooter avec deux jeunes filles et un enfant sur les genoux à l'avant du scooter passe devant moi (sans casques cela va de soi) ! La jeune fille assez exubérante et sûre d'elle pile le scooter et dans un grand sourire me dit photo !! Je lui dis oui et fais mine de la prendre en photo puisque je n'ai plus de batterie : nous repartons tous avec un grand sourire mais que j'aurais aimé prendre cette photo : elle redémarre aussitôt dare-dare !!!

Les Poubelles : il n'y en avait plus tant que cela : une amélioration notable mais il est arrivé quand nous étions à la recherche d'un restaurant, que nous tombions au détour d'un rue sur un amoncellement et Jérôme de dire : on a à manger ici !!!

Lors de notre premier restau, Seb veut nous montrer son Italien et demande l'addition : il conto ! Mais le restaurateur le reprend et lui dit : la quinta !! Aïe : du coup les fois suivantes : il dit la quinta ! Et les serveurs de ne pas comprendre jusqu'à ce qu'il dise : il conto !! Va savoir : du coup la blague du séjour était devenue : va demander la quinta Seb !!!

Euh à force de passer devant les vendeurs ambulants, en situation irrégulière pour la plupart à mon avis mais qui cherchaient à gagner leur vie, il venait à l'idée du frérot et de Seb de se procurer une ceinture Armani, des Ray ban, mais ils ne sont pas passés à l'acte. D'ailleurs nous voyions ces jeunes lorsque nous avons repris un train de Paestum vers Naples un soir : ils sont montés à un arrêt de la banlieue napolitaine avec leurs cabas plein de marchandises qu'ils trainaient avec des roulettes, ou sur des landaus. Ils étaient tous ensemble en communauté, pour la plupart Africains mais aussi indiens quelquefois.

L'hôtel : Jérôme ne sera jamais content des hôtels où nous séjournons, déformation professionnelle oblige, du cadre sur lequel trône la poussière à l'eau pas assez chaude ou surtout à la réception qui ne fera jamais assez bien. Ca fait plaisir de voir à quel point il est exigeant dans son travail.

Ville sale : ils se foutent de tout ici même des trottoirs dixit Jérôme ; après les policiers ici les plus démotivés doivent être le personnel d'entretien et l'absence complète de respect des napolitains qui lâchent tout par terre ! D'ailleurs la blague était avec moi de me laisser aller avec mon chewing gum, de me conformer aux coutumes locales ! Sans parler des scooters abandonnés à même les trottoirs, qui finissent en pièces détachées au grand air !!!

lundi 13 avril 2009

Les Cranberries à Paris ... un régal !

Juste un petit clin d'oeil à ma maman avec qui j'ai regardé le live à Paris par ce dimanche midi ensoleillé ! Pur plaisir ! Ma Maman adore et moi aussi !

La celtitude parfaite - et non folklorique - celle qui fait dire que nous sommes la petite Bretagne ! Et vive l'Irlande, l'Ecosse et le Pays de Galles !


samedi 11 avril 2009

Culture = sens interdit ou la loi Hadopi

La plus grande restriction d'accès à la culture organisée par les pouvoirs publics ou la loi Hadopi

Comment fait on à Laval (et je ne parle pas d'un lieu reculé …) pour regarder un film comme le vagabond de tokyo ou la ballade de Narayama, tous deux films primés des années 60 si on ne le télécharge pas ? Regardez la liste des films présents sur le site Cinémasie et je vous mets au défi de pouvoir me les procurer rapidement autrement qu'en téléchargeant illégalement. D'ailleurs je devrais enlever ce terme illégalement.

Ou comment faire si je suis intéressé par les films du lituanien Sharunas Bartas (few of us, etc) ou du russe Balabanov ?

Ou si je veux voir les films de Kitano ou ceux du Canadien Atom Egoyan (exotica, de beaux lendemains ...), dites moi quels sont les sites payants à utiliser, qui me permettent de regarder rapidement ces films sans devoir acheter les DVD ? Mieux encore, le sublime film de Pavel Lounguine l'île si peu diffusé dans les salles de cinéma en France : comment je fais pour le voir si je ne le télécharge pas « illégalement »?!?!?!

Je n'ai pas de vidéothèque digne de ce nom à Laval et ne vais pas faire 70 kms le louer à Rennes ou au Mans pour ramener le film visionné dans l'heure qui suit la location !

Chaque fois que je vais à Paris, je paie ma place de cinéma pour voir ces films rares que je n'aurai la chance de voir que dans des petites salles parisiennes ou le réseau Mk2. Mais dès que je suis revenu à Laval, force est de constater qu'il n'existe actuellement pas d'offre payante abordable sur internet de location pour télécharger les films du 7ème art dignes de ce nom. : Je ne vous dis pas merci de remettre la province dans son état d'ignorance d'où internet l'avait sorti …

Je ne suis pas contre le respect du droit d'auteur mais celui ci ne peut rester immuable dans les conditions actuelles de notre société. Une période d'exploitation par exemple de 5 ans conviendrait : je reconnais par exemple que télécharger les ch'tis me paraît actuellement être un reniement des droits des auteurs.

Je suis de bonne volonté et je règle notamment tous les jeunes chanteurs que j'ai écoutés récemment : je mets même un point d'honneur à les télécharger sur les sites payants : Johanna Wedin, Sophie Hunger, ou Lizz Fields. Mais prenons ces deux dernières : pour la première, son premier album n'est sorti qu'en Suisse : vous ne trouverez pas à l'acheter à la Fnac ou ailleurs et la chance qu'un membre de ma famille soit un frontalier va me permettre d'assouvir ma passion sans télécharger illégalement, ce qui serait quand même plus simple …

Lizz Fields : son album n'est pas sorti en France : j'ai essayé de l'acheter y compris sur des sites anglais mais j'ai du y renoncer et finalement après avoir essayé de payer en vain pour cet album, ma seule solution fut de le télécharger sur un site « torrent ».

J'en ai assez de cette hypocrisie dont vous faites preuve et alors que l'économie s'est déjà adaptée à l'état de fait que vous décriez : les places de concert, le merchandising sont aujourd'hui les moyens de valoriser financièrement les artistes. Internet fait par ailleurs une si large place à la publicité. Et les jeunes talents arrivent à éclore comme le montrent de nombreux festivals.

Que dire sinon de votre tendance à ne pas vouloir voir que c'est aux plus pauvres que vous vous en prenez. Votre rapport élitiste à la culture réduit leur accès à la culture : internet a fait 10 fois plus que les politiques culturelles des dix ou quinze dernières années pour étendre son emprise : il suffit de voir comment n'importe quelle exposition d'art est désormais commentée, disséquée sur internet par les musées eux-mêmes qui ne sont pas aussi frileux que vous : allez voir les superbes sites sur l'exposition Mantegna par exemple sur le site du Louvre ou sur l'exposition Métisses au quai Branly. Tout le monde sait aujourd'hui qu'à la fnac c'est le chômeur qui va avoir des difficultés financières pour avoir l'accès qui doit être aussi le sien aux « biens culturels » , sic, quand il n'est pas regardé désobligeamment d'oser acheter ce qui serait « superflu » selon les bien-pensants.

Par ailleurs, le plus drôle sera de constater l'inapplicabilité de cette loi, notamment par la progression sans doute très forte du streaming gratuit à partir de sites situés à l'étranger : le streaming consiste à regarder directement le film par internet. Il faut cependant avoir un débit suffisant, ce qui une fois de plus va faciliter les populations les mieux desservies (grandes métropoles régionales …) et celles qui paieront des abonnements internet plus chers en vue de bénéficier d'un débit suffisant pour regarder les films en direct sur internet.

Je pense qu'il est temps une fois que sera adoptée la loi Hadopi de rebaptiser le ministère de Mme Albanel ministère de l'acculturation, la plus massive de ce siècle qui débute ! Il n'y a pas que l'article 17 dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen !

jeudi 9 avril 2009

Cà sent les vacances !








Je ne sais pas comment cette photo est arrivée sur mon blog, Hi Hi Hi !!! Phénomène totalement indépendant de ma volonté !

La webcam pour suivre la vue sur la baie de Naples en direct : Napoli Golfo e vesuvio

mardi 7 avril 2009

Rokia Traore - Mayenne - le 4 avril 2009 - festival Lézards Nomades - Une princesse libre




Rokia Traore, la voix engagée de l'amour

Une personnalité à découvrir, riche et profonde : voilà ce qui m'a séduit, en plus de son timbre musical.

L'originalité se situe toujours à la limite de l'incompréhension : mais à l'écouter, sa personnalité et son indépendance sont riches de promesses.

Et elle met son sens artistique au service d'un engagement, sans devenir didactique.

Je suis heureux de trouver cette phrase de wikipédia après avoir écrit ces quelques lignes : "sa voix reste libre de s'éloigner des canons esthétiques établis. Rokia Traoré adapte sa musique à son temps et à ses préoccupations sans a priori, ni contrainte extérieures".

Rokia Traoré est touchante, et ce qui transparaît le plus pour moi à travers ses chansons c'est qu'y brille une intelligence.

mercredi 1 avril 2009

Le jazz, compagnon inspiré du XXème siècle




Le meilleur titre pour moi est celui que procure le journal Le monde : Le jazz, compagnon inspiré d'un siècle d'avant-gardes. Jamais principal mais toujours présent au coeur de l'actualité non seulement musicale ou culturelle mais aussi sociale et politique d'où le siècle du jazz et non pas seulement l'histoire du jazz.

La grande réussite de cette exposition est pour moi d'être multiforme justement.

Certains seront déçus car elle n'est pas essentiellement musicale : elle fait autant appel au jazz comme un phénomène social et l'explique en tant que tel, avec ses évolutions au cours du 20ème siècle.

En assumant y compris les contradictions : l'envol du jazz en même temps que les lynchages publics des noirs, retrouvés pendus devant des foules venues assister au spectacle. Tout nous est montré et il y est bien dit que le jazz accompagne l'histoire du peuple qui le crée, le peuple afro-américain démantibulé dans ses origines lors de son transfert d'Afrique vers un nouveau continent et de nouvelles pratiques sociales et références religieuses et communautaires qui lui sont inconnues et imposées. On retrouve d'ailleurs dans l'exposition, surtout au début, avant que le jazz ne déborde sa sphère de naissance « noire » vers la société entière, les pionniers de la libération politique des années vingt, qui réfléchissaient à la condition de la négritude, comme Du Bois ou plus tard LeRoi Jones et puis comment insensiblement, en partie l'intégration prenait peu à peu place au lieu de la ségrégation très présente encore dans le Sud. D'ailleurs sur ce thème des origines du jazz et des liens avec l'histoire du peuple noir américain je ne peux que conseiller le livre « le peuple du blues » qui est magnifique et criant de vérité et dont j'essaierai de donner les bonnes pages ici un jour …

C'est une histoire politique culturelle sociale riche de toute sa diversité et voir les personnages de Mickey, Minnie ou Pluto danser sur du jazz montre la capacité extensive du jazz, accompagnateur social de tous les mouvements, présent dans notre vie comme un compagnon toujours discret.

On retrouve aussi le premier Goncourt « noir » de René Maran de 1921, on fait un détour obligé par la Nouvelle Orléans, on revoit le splendide succès de Joséphine Becker, on est pris par les peintures de Covarrubias, la lascivité est ici affichée comme un art, une faculté en même temps que sans anachronisme, on nous montre les réactions mi outrées mi envieuses des Européens de l'époque ...lascivité associé au Noir avec tous les relents racistes mais en même temps profonde envie, de ce temps barbare, primitif comme ils écrivent de façon prude à l'époque … Mécanisme de répulsion/attirance ! Car on aimerait en être ...




Mais tous les registres de l'art sont exploités par le jazz, comme par exemple des videos bluffantes comme ce peintre qui a fait une video à partir de motifs figuratifs successifs, qui colle extraordinairement à la musique de jazz, comme le fond d'écran de nos ordinateurs actuels lorsque nous écoutons de la musique à travers un lecteur video. Mais là c'était réalisé artisanalement et brillamment, au niveau de la correspondance rythmique et du partage des univers visuel et musical, pour devenir onirique.

Une autre video avec le numéro de George Stevens un artiste blanc grimé en noir pour rendre hommage dans Swing time, qui rend hommage au grand maître noir des claquettes Bojangles.

Les films avec Louis Malle ou la Nuit, un de mes films préférés montrent aussi l'insertion du jazz dans le cinéma.

Plus tard l'apport du peuple afro-américain à la danse est traité avec brio par une video d'Adrian Piper qui montre que les white men can dance !!!, en déconstruisant le préjugé raciste, cette fois-ci inversé.

L'exposition ne traite pas avec anachronisme les situations montrant par exemple comment était traitée Joséphine Baker ou comment Picasso parlait de ces danses barbares : on « respecte » les préjugés de l'époque qui ont peu à peu disparu grâce à l'influence et à la visibilité prises par le jazz, qui accompagne l'évolution des Afro américains dans la société américaine.

Le lien au début entre question noire et jazz me semble admirablement résumée par le texte de cette chanson de Louis Armstrong, qui pose la question de la négritude et de l'assimilation au « modèle » blanc.


Bref le grand succès de cette exposition est de nous emmener au coeur du monde jazz même s'il peut sembler un peu encyclopédique au vu de la profusion des documents, mais peu à peu on se laisse prendre par l'ambiance jazz, visible dans tous les arts dont la musique.

Et on navigue également grâce à l' aspect chronologique de l'exposition à travers la condition des hommes noirs en Amérique et de de leur façon de l'exprimer avant que la question ne devienne moins brulante dans les années récentes

Alors quel sera l'avenir de la musique noire d'alors, où va le jazz métissé d'aujourd'hui, qui - et l'expo le rappelle - fut aussi en partie blanc, car il était et est devenu au final encore plus intégrateur ? Moi je donne mes quelques noms qui dansent au milieu du folk, du blues, etc … et de la pop : Lizz Fields et Sophie Hunger comme deux exemples contradictoires mais qui se rejoignent.

Une suisse allemande et une afro-américaine !

Mais le propre du jazz est d'être multiforme, multicartes, comme un magma dont les noms successifs jalonnent son histoire depuis le ragtime, le jazz hot, le jazz free, le swing, le bebop et j'en passe …

Passionnant le jazz ! Et je vous passe la litanie des noms exceptionnels qui se bousculent lors de l'expo : sidney bechet, coltrane, armstrong, baker, duke ellinton, archibald motley le peintre, billie holiday .... Si on apprend à les connaître le jazz semble le ciment unificateur, le sentiment d'une communauté ...




L'article du journal Le Monde

Une bonne compréhension ainsi qu'un résumé chronologique

Quelques extraits des blogs, articles, interviews réussies du commissaire de l'exposition :

Daniel Soutif :C'est une exposition de civilisation, qui cherche à faire apparaître le ferment qu'a représenté le jazz dans tous ses aspects. Ça n'est pas un "art premier", mais au contraire un métissage, de sources espagnoles, africaines, la tradition européenne des cantiques, entre autres.
C'est une musique liée aux secousses du XXe siècle ?
Daniel Soutif : Oui, plus que tout autre forme d'art, à part le cinéma, le jazz s'est fait l'écho des révolutions du siècle: les transports, l'enregistrement, les avions... Cette musique exprime ce mouvement, et en a aussi, pour son universalisme, beaucoup bénéficié.
Qu'est-ce qui a fait la force du jazz ?
Daniel Soutif : Il y en a pour tout le monde. Un Italien, un Juif, un Noir, tous pouvaient trouver quelque chose qui leur évoquait un souvenir. Et, surtout, ça n'était pas un folklore, "le truc de l'autre". De même, l'improvisation plus le rythme, ajoutés à la dimension collective du jeu, faisaient que cette musique avançait.

« C’est une musique profondément bâtarde, le résultat d’un brassage douloureux de civilisations, celle des Noirs transportés d’Afrique de façon violente ou des immigrants juifs européens qui crevaient de faim », estime le philosophe Daniel Soutif, commissaire de l’exposition.

Quelques définitions :

Une exposition chronologique consacrée au jazz où l'histoire de ce courant musical majeur du XXème siècle est abordée sous l'angle de ses relations avec les arts graphiques au sens large (peinture, photographie, cinéma, littérature, graphisme, bande dessinée...)

Il a eu des effets sur tous les arts, parfois directs, comme pour les peintres figuratifs. Les cinéastes, les graphistes, les auteurs de bandes dessinées, et bien évidemment les photographes, tous se sont inspirés du jazz, comme le montre l'exposition.

La musique est certainement l’aspect majeur distinctif de cette culture afroaméricaine.




Un résumé chronologique, rapide et pertinent :

Le parcours de l’exposition. L’exposition s’articule chronologiquement autour d’un fil rouge constitué par une épine dorsale de 50 mètres de long sur laquelle se succèdent année par année les événements principaux de l’histoire du jazz.Cette colonne vertébrale, ponctuée de sources sonores et audiovisuelles, sert ainsi de guide au visiteur. Elle le conduit de salle en salle en traversant le temps et l’épopée de cette musique. Le Jazz a connu de multiples rencontres avec le monde artistique que ce soit les arts plastiques, le cinéma, la photographie c’est pour cette raison que l'exposition Le siècle du jazz met en évidence les liens entre le jazz et les les autres arts. Le siècle du jazz rend hommage à cette musique avec plus d’un millier d’objets comme des affiches, magazines, films…mais aussi une soixantaine de grandes peintures. Telle que celle de Winold Reiss ave « Interpretation of Harlem jazz » ou la photographie avec le célèbre portrait de Billie Holliday de Carl Van Vechten.
Les salles thématiques . Le siècle du jazz, balaie l'histoire du jazz au fil des époques...
-Avant 1917. La naissance du Jazz est impossible à dater, mais l’année 1917 est déterminante : pour la première fois des musiciens blancs enregistrent un disque dont l’étiquette porte le nom Jazz.
-« Jazz age » en Amérique 1917-1930. Le Jazz connaît un engouement incroyable dans l’Amérique d’après guerre, notamment salué par l’écrivain Francis Scott Fitzerald avec cette expression « Tales of Jazz » qui désigne cette époque toute entière des enfants du Jazz.
-Harlem Renaissance 1917-1930. C’est une reconnaissance culturelle de l’Amérique-africaine avec le mouvement Harlem Renaissance spécialement avec le jazz de Louis Amstrong ou encore de Duke Ellington.
-« Jazz Age » en Europe 1917-1940. L’Europe découvre le jazz avec le retour de l’orchestre militaire de James Reese Europe après la première guerre mondiale et l’arrivée à Paris en 1925 de la « Revue Nègre » avec Joséphine Baker. Les écrivains comme Jean Cocteau et Paul Moran mais aussi les artistes Pablo Picasso ou Fernand Léger s’inspirent de cette musique.
-Les années swing 1930-1939. C’est la mode du Swing avec de grands orchestres noirs avec Duke Ellington et Count Basie ou blancs dirigés par Benie Goodman ou encore Glenn Miller. C’est le début des comédies musicales ainsi que la création de la première couverture de disque par Alex Steinweiss.
-Tempo de guerre 1939-1945. Le jazz accompagne les soldats sur le champ de bataille. En France malgré l’occupation nazi cette musique connaît une grande popularité grâce aux Zazous qui manifestent leur oppositions de manières vestimentaires aux envahisseurs.
-Bebop 1945-1960. Le Bebop voit le jour à la fin de la guerre, c’est à ce moment que le jazz s’invite dans tous les milieux artistiques comme le cinéma avec « Ascenseurs pour l’échafaud » de Louis Malle ou la Notte de Michelangelo Antonioni, mais aussi au niveau graphique avec la couverture de disque permet aux artistes comme Andy Warhol ou Marvin Israel de créer des pochettes.
-West coast jazz 1940-1960. Tandis que certains revendiquent que le jazz ait été d’abord noir et new-yorkais le jazz de Californie se dit plutôt blanc et cool ce qui marque bien le contraste entre les deux côtes américaines.
- La révolution Free 1960-1980. Avec la musique « Free jazz » et son double titre Libérez le jazz/Jazz libre de Ornette Coleman, le jazz accompagne les premiers mouvements de libération des noirs avec les Black Power, Black Muslims, Black Panthers qui revendiquent l’égalité des droits entre noir et blanc.
- Contemporains 1960-2002. Malgré un ralentissement au niveau créatif et une présence qui tend à diminuer dans le domaines des arts, le jazz est toujours présent à travers les vidéos d’Adrian Piper, Christian Marclay mais aussi la photographie avec le canadien Jeff Wall.




La naissance du Jazz : il est évidemment impossible de dater précisément la “naissance” du jazz. Mais depuis longtemps, on s’accorde à considérer
l’année 1917 comme une charnière décisive. Cette date est marquée par deux
événements décisifs : l’un est la fermeture de Storyville, le quartier réservé de la
Nouvelle Orléans, dont les célèbres lieux de plaisir ont été l’un des creusets du jazz (creuset dont la disparition provoquera l’immigration des musiciens vers le nord
des États-Unis, Chicago et New York en particulier) ; l’autre événement-charnière
est l’enregistrement sinon du premier disque de jazz, du moins du premier disque
affichant le mot « jazz » sur sa pochette (ou, plus exactement : « jass »). Ce 78 tours de l’Original Dixieland ‘Jass’ Band comportait deux titres : Livery Stable Blues et Dixie Jass


Un moment important, virage de l'exposition :

En 1960 paraît l’album Free Jazz d’Ornette Coleman. Avec son titre à double entente
(« libérez le jazz / jazz libre »),ce disque dont la couverture s’ouvre sur une reproduction du White Light de Jackson Pollock, marque une nouvelle redistribution des cartes : après la période moderne,vient le moment de l’avantgarde libertaire… À cette “révolution Free” contemporaine des mouvements de libération des noirs — Black Power, Black Muslims, Black Panthers…


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"Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."

Hölderlin, Hyperion



"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
Dans un endroit
Où ils peuvent oublier"

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"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"

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Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
Ce qui fait que je flanche
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Miossec, le chien mouillé (en silence)