mardi 28 avril 2009

SOS, on coule !

Le fret pétrolier est victime de la baisse de la consommation du brut et de son prix, ce qui rend les affaires moins rentables. En revanche, ce secteur d'activité doit juste avoir les reins suffisamment solide car il constitue un secteur avancé qui bénéficiera des prémices de la reprise

Ci-dessous l'article d'Alain Faujas, Le Monde du 18 avril 2009 :


Il n'y a pas que la pêche au cabillaud qui sombre ; le fret pétrolier aussi. Le tsunami économique et financier, qui a fait s'évanouir la demande mondiale au dernier trimestre 2008, a d'abord envoyé par le fond le trafic des porte-conteneurs, privés d'ordinateurs vietnamiens, de baskets philippines et de téléphones portables chinois. Ce qui a entraîné l'arrêt des importations des matières premières qui servaient à les fabriquer et la mise à l'ancre des minéraliers qui acheminaient fer, cuivre et manganèse.


Aujourd'hui, c'est au tour des superpétroliers d'être mis au chômage. Parce que la demande de brut s'est effondrée et que les experts prédisent qu'elle va encore reculer de 10 % en 2009, parce que les stocks sont au plus haut, parce les pays exportateurs ont tardé à réduire leur production, etc.

Deux paramètres illustrent ce naufrage. Un supertanker de 300 000 tonnes, qui rapportait en moyenne 91 000 dollars par jour de mer en 2008, ne faisait plus recette que de 27 000 dollars (20 724 euros) début avril. Donc sous la ligne de flottaison des 32 000 dollars à partir de laquelle il perd de l'argent. Pis, l'indice Baltic, moyenne des prix sur onze routes maritimes empruntées par le brut, est tombé à 457 points vendredi 17 avril, contre 1 402 il y a six mois. Du jamais-vu depuis la création de l'indice en 1997.

SOS, on coule ! Pour éviter le naufrage, les armateurs écopent comme ils peuvent. Les uns transforment leurs vaisseaux de haut bord en vulgaires réservoirs flottants, histoire d'en tirer trois sous. D'autres demandent aux chantiers navals de différer, voire d'annuler un bon tiers des 227 nouveaux colosses commandés pour prendre la mer d'ici trois ans. Tous attendent avec nervosité 2010, qui verra l'interdiction des pétroliers à simple coque, ce qui réduira de 15 % les capacités de transport.

Et après ? "Le fret pétrolier a été touché le dernier, explique un expert. C'est lui qui repartira le premier, parce qu'il apporte l'énergie sans laquelle il ne peut y avoir de reprise dans les usines du monde."

Du haut de la dunette, les armateurs vont scruter à la longue-vue la "driving season" aux Etats-Unis. Si les Américains profitent du printemps pour prendre de longs week-ends avec leurs Buick voraces, les tankers reprendront leur ronde depuis l'Europe excédentaire en super. S'ils restent devant leur télévision pour des après-midi de base-ball en chambre, les banques demanderont des comptes aux capitaines malheureux.

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