samedi 11 avril 2009

Culture = sens interdit ou la loi Hadopi

La plus grande restriction d'accès à la culture organisée par les pouvoirs publics ou la loi Hadopi

Comment fait on à Laval (et je ne parle pas d'un lieu reculé …) pour regarder un film comme le vagabond de tokyo ou la ballade de Narayama, tous deux films primés des années 60 si on ne le télécharge pas ? Regardez la liste des films présents sur le site Cinémasie et je vous mets au défi de pouvoir me les procurer rapidement autrement qu'en téléchargeant illégalement. D'ailleurs je devrais enlever ce terme illégalement.

Ou comment faire si je suis intéressé par les films du lituanien Sharunas Bartas (few of us, etc) ou du russe Balabanov ?

Ou si je veux voir les films de Kitano ou ceux du Canadien Atom Egoyan (exotica, de beaux lendemains ...), dites moi quels sont les sites payants à utiliser, qui me permettent de regarder rapidement ces films sans devoir acheter les DVD ? Mieux encore, le sublime film de Pavel Lounguine l'île si peu diffusé dans les salles de cinéma en France : comment je fais pour le voir si je ne le télécharge pas « illégalement »?!?!?!

Je n'ai pas de vidéothèque digne de ce nom à Laval et ne vais pas faire 70 kms le louer à Rennes ou au Mans pour ramener le film visionné dans l'heure qui suit la location !

Chaque fois que je vais à Paris, je paie ma place de cinéma pour voir ces films rares que je n'aurai la chance de voir que dans des petites salles parisiennes ou le réseau Mk2. Mais dès que je suis revenu à Laval, force est de constater qu'il n'existe actuellement pas d'offre payante abordable sur internet de location pour télécharger les films du 7ème art dignes de ce nom. : Je ne vous dis pas merci de remettre la province dans son état d'ignorance d'où internet l'avait sorti …

Je ne suis pas contre le respect du droit d'auteur mais celui ci ne peut rester immuable dans les conditions actuelles de notre société. Une période d'exploitation par exemple de 5 ans conviendrait : je reconnais par exemple que télécharger les ch'tis me paraît actuellement être un reniement des droits des auteurs.

Je suis de bonne volonté et je règle notamment tous les jeunes chanteurs que j'ai écoutés récemment : je mets même un point d'honneur à les télécharger sur les sites payants : Johanna Wedin, Sophie Hunger, ou Lizz Fields. Mais prenons ces deux dernières : pour la première, son premier album n'est sorti qu'en Suisse : vous ne trouverez pas à l'acheter à la Fnac ou ailleurs et la chance qu'un membre de ma famille soit un frontalier va me permettre d'assouvir ma passion sans télécharger illégalement, ce qui serait quand même plus simple …

Lizz Fields : son album n'est pas sorti en France : j'ai essayé de l'acheter y compris sur des sites anglais mais j'ai du y renoncer et finalement après avoir essayé de payer en vain pour cet album, ma seule solution fut de le télécharger sur un site « torrent ».

J'en ai assez de cette hypocrisie dont vous faites preuve et alors que l'économie s'est déjà adaptée à l'état de fait que vous décriez : les places de concert, le merchandising sont aujourd'hui les moyens de valoriser financièrement les artistes. Internet fait par ailleurs une si large place à la publicité. Et les jeunes talents arrivent à éclore comme le montrent de nombreux festivals.

Que dire sinon de votre tendance à ne pas vouloir voir que c'est aux plus pauvres que vous vous en prenez. Votre rapport élitiste à la culture réduit leur accès à la culture : internet a fait 10 fois plus que les politiques culturelles des dix ou quinze dernières années pour étendre son emprise : il suffit de voir comment n'importe quelle exposition d'art est désormais commentée, disséquée sur internet par les musées eux-mêmes qui ne sont pas aussi frileux que vous : allez voir les superbes sites sur l'exposition Mantegna par exemple sur le site du Louvre ou sur l'exposition Métisses au quai Branly. Tout le monde sait aujourd'hui qu'à la fnac c'est le chômeur qui va avoir des difficultés financières pour avoir l'accès qui doit être aussi le sien aux « biens culturels » , sic, quand il n'est pas regardé désobligeamment d'oser acheter ce qui serait « superflu » selon les bien-pensants.

Par ailleurs, le plus drôle sera de constater l'inapplicabilité de cette loi, notamment par la progression sans doute très forte du streaming gratuit à partir de sites situés à l'étranger : le streaming consiste à regarder directement le film par internet. Il faut cependant avoir un débit suffisant, ce qui une fois de plus va faciliter les populations les mieux desservies (grandes métropoles régionales …) et celles qui paieront des abonnements internet plus chers en vue de bénéficier d'un débit suffisant pour regarder les films en direct sur internet.

Je pense qu'il est temps une fois que sera adoptée la loi Hadopi de rebaptiser le ministère de Mme Albanel ministère de l'acculturation, la plus massive de ce siècle qui débute ! Il n'y a pas que l'article 17 dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen !

1 commentaire:

mt a dit…

OUAH!!!!! faché le vilain petit canard....
si tu veux faire passer une pétition, je la signe tout de suite

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