mardi 28 avril 2009

Dalil Boubakeur contesté devant la mosquée de Paris

Boubakeur, bachaga de la République ? Pour édifier un rempart face à un islam intégriste en France, le soutien apporté par la République à certaines personnalités plus forcément représentatives aboutit à un décalage qui rappelle les temps de la colonisation, intérieure cette fois-ci ?

Ci-dessous l'article de Stéphanie Le Bars, Le Monde du 18 avril 2009 :

L'opération orchestrée par le Collectif Cheikh Yassine (du nom du chef du Hamas, tué en 2004 par l'armée israélienne à Gaza) aurait pu passer inaperçue. Elle a pris, vendredi 17 avril, un tour spectaculaire.

Le responsable de cette association antisioniste radicale, Abdelhakim Sefrioui, avait promis une manifestation à l'issue de la grande prière, pour dénoncer, devant la Mosquée de Paris, les propos jugés "inacceptables" du recteur Dalil Boubakeur sur Israël et le conflit israélo-palestinien, et son dialogue constant avec la communauté juive ; cette proximité lui est aujourd'hui reprochée, alors que la communauté musulmane en France demeure marquée par l'offensive israélienne à Gaza en janvier (Le Monde du 14 avril).

Arrivé sur place avec une petite trentaine de (très) jeunes militants, cheveux ras et keffiehs autour du cou, M. Sefrioui a eu droit à une tribune politique inespérée. Bloqués à l'extérieur de l'édifice par les services de sécurité de la mosquée, qui en avaient fermé les portes quarante minutes avant le début du prêche, de peur de "débordements", plusieurs centaines de fidèles ont dû improviser leur grande prière du vendredi sur la chaussée, sous la surveillance d'un impressionnant dispositif de sécurité. Du jamais-vu.

Visiblement rompu à l'exercice médiatico-politique, le responsable du collectif s'est alors imposé comme l'imam providentiel, entonnant en guise de prêche religieux une attaque en règle contre Dalil Boubakeur. "Il s'est mis du côté des criminels de guerre ; c'est cela que nous sommes venus condamner", a-t-il lancé devant une foule impassible. Il y a ajouté une charge antisioniste d'une violence inédite sous le minaret de cette mosquée historique, symbole d'un "islam de France modéré". Une fois sa diatribe achevée, il a conduit, comme si de rien n'était, la prière des centaines d'hommes massés dans la rue.


"ON NE LE VOIT QU'À LA TÉLÉ"


L'immense majorité des fidèles ne savait pas pourquoi l'accès à la mosquée leur avait été refusé. Amin, un étudiant parisien était "juste venu prier", mais il a trouvé que M. Sefrioui "avait bien parlé." "Boubakeur est censé nous représenter ; mais, depuis quelque temps, on ne sait plus de quel côté il est", reconnaît aussi un vieux fidèle, apparemment déstabilisé. "Moi, je n'appartiens à aucun mouvement, jure Yazid, venu manifester, mais là, je me suis dit : "enfin quelqu'un qui ose contester Boubakeur". Il a été placé là par Sarkozy et l'Algérie ; dans la communauté, il fait l'unanimité contre lui." Un autre fidèle confie : "J'aurais aimé qu'il vienne s'expliquer, mais Boubakeur, on ne le voit qu'à la télé."

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris devrait être reçu par la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, déterminée, selon son entourage, "à soutenir M. Boubakeur contre les attaques de l'islam radical".

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