jeudi 7 mai 2009

Trompeuses éclaircies

Billet d'humeur trouvé dans les Echos du 21 avril 2009 : c'est bien quand on va en vacances on a tout le temps de lire la presse économique (la seule diffusée dans les avions, hommes d'affaires oblige !)

Il flotte ces jours-ci comme un air d'embellie dans les milieux de marché. Après de longs mois d'analyses sinistres, cela apporte aux opérateurs un soulagement longtemps désiré. C'est la raison pour laquelle il est prudent de le considérer avec circonspection. Certes, les Bourses ont rebondi aux Etats-Unis comme en Europe, mais on connaît leur légendaire volatilité. Sans doute les gérants, d'après les sondages, retrouvent la confiance dans leurs allocations d'actifs ; mais comme c'est l'essence même de leur fonction, on comprend qu'ils cherchent à renouer avec leur métier à l'occasion. Elle leur est fournie cette fois par l'annonce d'une croissance chinoise de 6,1 % au premier trimestre de 2009 ; mais c'est la plus faible enregistrée depuis 1992. Les opérateurs exposent en outre pour ce pays leurs prévisions les plus optimistes depuis six ans, et leurs meilleures depuis quatre ans pour la croissance mondiale. Mais le passé récent nous a instruits sur la valeur des prévisions. Quand elles rejoignent à ce point les intérêts d'une corporation, qui est de restaurer son activité, elles méritent au moins un examen de sang-froid.

Celui que vient de publier le FMI a cette vertu. Il relève en effet, sur les bases d'une analyse des crises économiques sur longue période, que celles liées à des crises financières sont en général les plus graves et les plus durables. Et qu'en l'occurrence celle-ci entraînera probablement « une baisse de la production d'une gravité et d'une durée inhabituelles ». On peut être étonné de la discordance, mais au fond elle s'explique : les uns parlent de finance, les autres d'économie. Or la grande crise que nous vivons a surabondamment montré que l'apparente prospérité de l'une ne garantit pas celle de l'autre, et parfois au contraire. Si l'on voulait un indice supplémentaire de ce découplage, on pourrait le trouver dans la décision récente de Goldman Sachs de rembourser l'Etat de sa créance afin, principalement, de retrouver sa liberté de payer grassement ses employés les plus performants. Ce retour au « business as usual » confirme que la finance dédaigne modifier ses pratiques, malgré les discours exaltés sur la révolution copernicienne des mentalités. Et que l'économie, dont dépend notre vie quotidienne, a intérêt à se préoccuper plus des anticipations des chefs d'entreprise qui la font, que des opérateurs qui la vivent au second degré.

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