mardi 31 mars 2009

Sophie Hunger à la Boule noire : renversant !

Je voudrais dire tout le bien que je pense de Sophie Hunger et cela va être difficile car j'ai peur que mes mots n'arrivent pas à exprimer ce que je ressens.

Je vais donc en profiter pour vous conter ce week-end parisien où j'ai pu assister à la Boule noire à deux concerts de la Belle qui nous a tous envoutés là-bas.

J'avais apprécié l'album et j'étais convaincu d'aller à un concert de cette dernière mais je ne m'attendais pas à çà.

Arrivée vendredi soir à la Boule noire : ma première surprise n'est pas que la salle est petite je m'y attendais mais que les gens sont tous assis. Pour ma part, par choix plus que par nécessité, je reste en arrière histoire de pouvoir vivre mon concert avec tout mon corps, même si desfois je peux apparaître idiot, seul à me trémousser gentiment dans mon coin.

Quand elle finit une chanson presqu'invariablement quelques secondes s'égrènent dans le silence avant que les applaudissements ne surviennent tellement nous sommes recueillis par ce que nous venons d'entendre. Comme s'il nous fallait attendre d'être sûrs que ce n'est pas un rêve.

Les chansons alternant entre les histoires racontées que nous écoutons sagement, portée par sa voix qui nous transporte avec elle à des ballades plus jazzy et quelques morceaux qui sur scène sont joués ma foi de façon assez rock.

Elle s'amuse entre les chansons à son humour potache et candide, qui lui sied à merveille (aïe ! Suis je tombé amoureux ?!). Bientôt elle ne pourra plus y jouer quand elle deviendra une chevronnée de la scène : on ne la croira plus quand elle dira ne pas comprendre les mots de ses nouvelles chansons, mais pour l'instant ce fut magique.

La tentation des reprises fut parfaitement exécutée. Sauf erreur de ma part, je n'ai pas eu le droit lors de mes deux soirées à Dylan ou Like a rolling stone, mais en revanche la reprise de Noir Désir place le niveau de la chanteuse et la chanson de Léo Ferré, quand le temps va, l'habite complètement.

Je n'arrive pas à comprendre comment 98 % des spectateurs ont pu rester ainsi immobiles sur leurs chaises : moi je me laissais balancer telle une branche de saule pleureur au gré du vent un soir d'été, de bonheur.

Sensations magiques et renouvellées le second soir. J'avais presque envie de dire que la deuxième journée n'était que l'attente des retrouvailles de ce concert, mais la matinée passée à la superbe exposition du siècle de jazz a fait plus que combler le vide de la journée, j'y ai appris et me suis enrichi au niveau musical faisant de ce samedi une journée réellement pleine, c'est à dire pleine d'émotions.

Lors de la seconde soirée, arrivé un peu plus tôt mais me positionnant au même endroit, je vais avoir la chance alors que tout le monde est assis et que la première partie va débuter, de voir une jeune femme passer de l'arrière de la salle à travers l'affluence, couverte d'une capuche en raison de la pluie dehors qui regagne l'avantèscène : Elle passe à moins d'un mètre de moi et je suis éberlué de me rendre compte que c'est elle : j'aurais pu lui gâcher la fête en dénonçant l'intruse et elle aurait eu du mal à rejoindre incognito son refuge. Petit bonheur d'avoir vu ce visage et surtout je n'ai pu m'empêcher de penser à tout à l'heure, dans deux heures, quand tout ce public l'acclamerait, ce que je savais déjà et qui l'a laissée passer comme une inconnue. Car encore dans Paris à l'heure actuelle elle ne se ferait sans doute pas dévisager par les passants pour un autographe. Mais tout arrive à point …

L'effet sera le même et comme il s'agit de la dernière soirée, sans doute électrisée.

J'ai à mon niveau debout un second acolyte qui comme moi se démène : il doit faire partie des personnes qui la suivent et un camescope placé au fond de la salle me fait espérer une prochaine version vidéo de ce à quoi j'assiste.

Tout s'enchaîne de la même façon, y compris les trois rappels, sachant que cette fois-ci dès le premier rappel tout le monde était debout. D'ailleurs certains se sont mis debouts à la fin de certaines des chansons au cours du concert en remerciement.

J'avoue que ce second soir et çà ne m'était pas arrivé souvent en concert, j'avais presque envie que les larmes me montent aux yeux, juste histoire de me laisser aller à ce bonheur simple. Et quand revient le temps de la chanson de Léo Ferré. ..

Elle ajoute une note encore plus chaleureuse et personnelle en cette dernière soirée, nous parle de l'hôtel en face où elle a séjourné avec « ses gars » toute la semaine (elle les fera applaudir en disant : ils sont beaux, non !). Surtout, elle ajoute merci beaucoup en rapprochant son poing serré contre son coeur, rappelant qu'elle a débuté en France il y a dix huit mois en concert, que depuis elle a reçu beaucoup, pas qu'un contrat précise t elle avant d'ajouter quelques secondes de silence : presqu'une vie !

Elle ne finira pas cette fois son concert sur la chanson de Léo Ferré. Quittant les micros elle s'installe devant la scène assise au milieu du public assis devant et avec ses boys autour d'elle, elle chante a capella au milieu d'entre nous une dernière chanson, à notre hauteur.

Quand elle part, tout le monde est à nouveau debout pour la quatrième fois ce soir. Quand quelques uns quittent au milieu d'un des rappels j'avoue ne pas les comprendre et leur préférer ceux qui par ignorance ne sont pas venus. Au quatrième départ, j'ose enfin et crie au milieu de la foule : merci Sophie !

Dès la fin du spectacle je me faufile dehors pour vite échapper au brouhaha et commentaires. Dans le froid de la rue, je fais exprès de rentrer à pied pour ne rien perdre de ce qui me reste dans la tête, le faire revivre en moi.

Le lendemain dans le tgv et même le surlendemain je serai encore dans ce « mood », cet état d'esprit du concert et partirai à la recherche de quelques videos sur you tube qui pourraient me redonner l'impression qui me manque, qui survit en moi, à l'intérieur de mon corps en sentant encore certains accords me faire vibrer.

Quand je pense en plus que certains des morceaux sont nouveaux comme elle l'a souvent précisé, je me fais mal car il va sans doute falloir attendre un nouvel album avant que d'en profiter. Heureusement j'ai trouvé citylights (que je prononçais à l'allemand jusque-là : seetileit !!!) qui m'a particulièrement marqué en concert. Je me dis d'ailleurs que sur l'aspect rock la jeune femme n'a pas à faire de complexes d'infériorité : elle tient très bien ce registre aussi.

Il me reste donc à attendre mai pour le prochain concert à Alençon et d'ici là me procurer le premier album, même si je viens de comprendre que sa prestation scénique la place l'expérience encore au dessus de ses albums.

J'ai été réconforté, esseulé que j'étais, comme après une trop forte émotion par les commentaires dithyrambiques et remplis de références du spécialiste de France info (Cf. lien ci-dessous), chaîne qui m'a fait découvrir l'artiste suisse en début d'année sur les ondes lors de la sortie de Monday's ghost. Merci France info ! En entendant les références à Dylan ou à Billie Holliday (S.Hunger est elle aussi une nouvelle voix du Jazz comme ma Lizz Fields que j'adore ?), qui reviennent souvent, je suis consacré indirectement dans mon choix mais plus encore lorsque le nom magique de Beth Gibbons est prononcé : on a quelques atomes crochus ensemble avec le journaliste de France Info !!!

Et quand il évoque le concert de l'année auquel il faut assister je le rejoins et me sens privilégié au vu de la taille de la salle qui n'était cependant pas toujours complète avant le soir même. Et après avoir vu Portishead l'année dernière à Paris et surtout Bruxelles, puis l'avoir vue deux fois à la Boule Noire et entre temps avoir vu Miossec et Tiersen à Brest, je me sens immodestement, incomparablement privilégié de pouvoir assister aux concerts que je veux et qui à mon avis comptent. Je ne me suis pas trompé dernièrement ! Même pour l'histoire de la musique ! Finissons par un brin de modestie !

Trois petits extraits – mais trois grands mercis – d'une soirée du concert parisien, qui retranscrit bien l'ambiance :



L'article référence du journaliste de France info

Un hommage appuyé sur la RTBF quand on sait l'importance du festival de jazz de Montreux (et l'expo sur le siècle du jazz le montre bien …) :



La Chanson citylights qui donne bien la teneur d'un concert de Sophie Hunger (et la chance de la voir de près car la Belle n'est pas encore trop lointaine de son public dans ces salles à taille humaine où passent mieux les sensations).




Un autre article favorable sur les concerts parisiens

La chanson Ne me Quitte pas qu'elle fait mieux que maîtriser, sans atteindre la perfection de Brel (eh oui l'amour ne rend pas aveugle !) mais avec sa propre interprétation :

Le désormais classique rise and fall dans l'album de la chanteuse en raison des multiples variations de rythmes et sons au sein de la même chanson (et çà çà rapproche de Portishead car ce n'est pas donné à tous : d'ailleurs le rapprochement avec Portishead doit s'arrêter aussi là car les deux musiques sont deux univers bien différents, avec leurs propres personnalités).



Un autre conquis (ou transi amoureux Hi Hi Hi !!!)

Seul point : je ne l'ai entendu commenter Bertrand Cantat mais je trouve çà déplacé à partir du moment où elle reprend un de ses titres (après lui avoir demandé ?) : mieux vaut le silence que j'ai justement entendu les deux derniers soirs.

Allez encore deux ou trois extraits car je n'arrive pas à le quitter cet article !!







2 commentaires:

mt a dit…

Chapeau !!! quels commentaires !!!!

subjugué ! fasciné ! envouté ! ensorcelé ! impressionné ! c'est peu dire en te lisant !

le vilain petit canard a dit…

J'y ai mis tout mon coeur !!

J'y ai passé quelques heures, mais c'était le moyen pour moi de revivre le concert !

Et tu as oublié : Aussergewohnlich, wunderbar und so weiter Ha Ha Ha!!!

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"Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."

Hölderlin, Hyperion



"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
Dans un endroit
Où ils peuvent oublier"

Portishead



"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"

Marguerite Duras



Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
Ce qui fait que je flanche
Quand on essaie de m'apprécier

Miossec, le chien mouillé (en silence)