vendredi 27 mars 2009

Le meilleur article sur les banques ...

Cet article est très bon : il dévoile notamment les aides publiques reçues par les uns et les autres chiffres dévoilés au compte-goutte à l'occasion des scandales sur les bonus et autres stock-options. Il décrit aussi que si la situation des banques françaises est relativement meilleure que celle de leurs homologues étrangères, la qualité du bilan des banques reste difficile à évaluer, d'où d'ailleurs des conséquences sur la confiance réciproque que s'accordent les établissements et la raréfaction du crédit.
Le secteur bancaire français face à la crise

(Easybourse.com) Alors que les colosses d'hier ont un genou à terre à l'instar de l'ancien numéro un mondial Citigroup, aujourd'hui déchu, nationalisé à presque 40% après cinq trimestres consécutifs de pertes (au total, son déficit a atteint 18,72 milliards de dollars l'an passé, tandis que son cours de bourse s'est effondré de près de 80%, débutant 2009 sous les 7 dollars), ou de l'écossais Royal Bank of Scotland (RBS) qui a accusé en 2008 la plus forte perte jamais enregistrée par une société britannique (27 milliards d'euros), le secteur bancaire français a réussi à se maintenir à flot malgré la tempête. Au point que près de 40 000 recrutements sont encore envisagés cette année. La Société générale confirme son intention d'embaucher 4 500 personnes en France, dont 2 700 cadres. De son côté, BNP Paribas prévoit d'employer 4 000 nouvelles personnes dans l'Hexagone, sur un total de 15 000 dans le monde.

Solidité du secteur bancaire français dans un paysage dévasté

Pour 2008, les trois premiers groupes bancaires de France affichent de confortables profits : 3 milliards d'euros pour BNP Paribas, le sixième meilleur résultat au monde ; 2,4 milliards pour le Crédit agricole ; et 2 milliards pour la Société générale, pourtant ébranlée en début d'année par l'affaire Kerviel.

La banque CIC, filiale du Crédit Mutuel, affiche pour sa part un bénéfice de 170 millions d’euros, certes, en baisse de 85%, mais reflétant tout de même une certaine solidité financière. La banque affiche un des meilleurs ratios de solvabilité, à 9,60%, grâce à des fonds propres supérieurs à 20 milliards d'euros.

Dans ce panorama, les cas de la banque franco-belge Dexia SA (3,3 milliards d'euros de pertes en 2008) et de Natixis (2,8 millions d'euros de pertes) font figures d’exceptions.

De fait, le modèle des établissements français, reposant sur l'équilibre des trois piliers que sont les activités de banque de détail, de banque d'investissement et de gestion d'actifs, semble avoir servi.

Les pertes sont en effet limitées. Si l’on considère le coût du crédit, depuis le début de la crise, autrement dit depuis 2007, les actifs illiquides ainsi que quelques incidents supplémentaires comme l’affaire Madoff ont coûté 6 milliards d'euros à BNP, 9 milliards à la Société Générale et un peu moins de 10 milliards au Crédit Agricole. «Par rapport aux pertes annoncées dans certains autres pays, cela n’est pas énorme» commente Pierre Flabbee, analyste spécialisé sur le secteur bancaire au sein de Kepler Capital Markets.

Si l’on compare cela avec leurs homologues européens, en Allemagne, la banque de crédit munichoise, Hypo Real Estate est au bord de l’asphyxie, après avoir encaissé de lourdes pertes largement attribuées aux dépréciations de survaleurs et d’actifs incorporels, mais aussi des conséquences de la faillite de Lehman Brothers. Elle ne doit son salut qu’à l’Etat allemand qui lui a permis de bénéficier de 102 milliards d’euros de garanties, à l'image de Commerzbank qui a aussi essuyé de lourdes pertes dans le crédit à l’immobilier commercial et dans ses activités de trading.

De bons résultats à relativiser

Le succès des grandes banques françaises est néanmoins à relativiser. Elles ont en premier lieu été affectées à des degrés divers par les différents incidents survenus sur les marchés financiers l’an passé : Lehman Brothers, Madoff, sans oublier l’affaire Kerviel pour la Société Générale.

Les métiers de banque de financement et d’investissement et de gestion d’actifs ont été particulièrement touchés. Au sein de la BNP, 1000 postes sur 17 000 seront d'ailleurs supprimés dans la branche de financement et d’investissement (la BFI), qui a perdu 1,2 milliards d’euros en 2008.

Avec Dexia inclus, le secteur bancaire français a vu ses bénéfices consolidés fondre de 20 milliards d’euros, en 2007, à rien en 2008. Les chiffres agrégés des six premiers groupes bancaires français, auxquels s’ajoute la part de Natixis non consolidée par ses maisons mères (Caisses d’épargne et Banques populaires), font apparaître un plongeon sévère des bénéfices du secteur : de plus de 17 milliards en 2007, ceux-ci sont tombés à 3 milliards en 2008. En prenant en compte Dexia, banque franco-belge, la chute est vertigineuse : de 20 milliards d’euros en 2007, le résultat du secteur tombe à zéro en 2008.

Ces banques ont bénéficié de fonds publics importants provenant tout d’abord du plan de soutien français, une aide publique de 21 milliards d'euros pour s’assurer du bon financement de l'économie, c'est-à-dire d'éviter une crise du crédit du fait d'une politique d'offre réduite de la part des banques. Ce plan, destiné à remédier non pas tant à un problème de solvabilité qu'à un problème de liquidités, a bénéficié à hauteur de 2,55 milliards d’euros à BNP Paribas, de 3 milliards d'euros pour Crédit Agricole, de 1,7 milliard pour la Société générale, de 1,25 milliard pour le Crédit Mutuel, de 1,1 milliard pour les Caisses d'épargne et de 950 millions pour les Banques Populaires.

A cela il faut encore ajouter ce que nous apprenions récemment, à savoir que la facture d'une faillite d'AIG aurait pu être colossale pour les banques françaises !
L'assureur américain, qui a reçu depuis septembre 2008, plus de 170 milliards de dollars d'aides publiques pour se maintenir à flot, a publié les détails des sommes remboursées à ses contreparties bancaires, en raison de la nécessité de maintenir un haut niveau de transparence en ce qui concerne l'utilisation de fonds publics.

Ainsi en fut-il pour Société Générale (11,9 milliards d'euros), BNP Paribas (4,9 milliards) et Calyon, la banque d'affaires du Crédit Agricole (2,3 milliards).
Ces sommes ont notamment permis à ces banques de dénouer leurs positions prises par la filiale financière de l'assureur : des achats de Credit Default Swaps (CDS, des assurances sur les défauts de crédits).

De bon augure ?

Pour le moment, l’optimisme est majoritairement partagé pour plusieurs raisons. D'une part, les banques françaises ont déjà traité leurs actifs toxiques, et leurs bilans sont nets. Il n’y a pas de nouveaux actifs toxiques à gérer. Les dépréciations qui étaient nécessaires, ont été absorbés par les bénéfices des banques.

Il n’y a quasiment aucune chance pour que les Etats-Unis reproduisent le cas de Lehman Brothers, dont la chute a aggravé la crise.

D'autre part, la puissance publique sert de rempart à toute éventualité d’écroulement, étant donné son statut de prêteur en dernier ressort. L’Etat reste vigilant et n'exclut pas d'intervenir pour sauver une institution du dépôt de bilan et empêcher les scènes de panique bancaire.

Mais ces soupapes de sécurité souffrent de critiques. Il paraît aujourd'hui difficile de garantir la qualité du bilan des banques et d'affirmer que les pertes révélées, liées aux produits financiers toxiques acquis par les établissements au mépris des règles de prudence et désormais invendables sur le marché, valent pour solde de tout compte. Il n'est pas sûr que toutes les banques aient effectué l'opération vérité réclamée. Il n'est pas sûr, non plus, que tous les établissements aient une connaissance précise de leurs risques.

Ainsi, le périmètre de ce qu'il est convenu d'appeler les actifs toxiques pourrait bien ne cesser de s'élargir dans les bilans bancaires. Pour le moment, les banques françaises ont une exposition résiduelle sur les actifs illiquides. Sans être nulle cette exposition est beaucoup plus faible que ce que l’on observe en Allemagne, au Benelux, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Ainsi, par exemple pour BNP Paribas, l’exposition sur les monolines s’élève à moins de 900 millions d’euros, pour Société Générale, le montant est de 1,2 milliard d’euros et pour Crédit Agricole de 2 milliards d’euros.

Qui plus est, malgré un modèle diversifié, une trop grande part des profits vient encore des banques de financement et d'investissement (BFI) : la seule banque qui n'a pas perdu d'argent sur sa BFI en 2008 est la Bred, mais elle n'en retire que 10% de ses revenus. Il est fort probable qu’il y ait d’autres provisions à passer, eu égard aux opérations de LBO étant donné que certains devront être rechargés.

Le cycle du crédit posera également problème. Les spécialistes s'attendent d'ailleurs à un doublement du coût du crédit par rapport à 2008. «Si nous considérons le taux de défaut pricé sur le marché des obligations, nous sommes aujourd’hui à un niveau très faible, autour de 2%. Parallèlement, l’agence de notation Moody’s a indiqué s’attendre à un taux de défaut de l’ordre de 16% à 20%. La marge de progression de ce taux est donc très importante» explique Charles Dautresme, stratégiste au sein d'AXA IM

Enfin, l’ interventionnisme publique ne serait pas sans effets pervers. Les ressources publiques rares seraient mobilisées, à un moment où l'école, l'hôpital et le logement manquent de moyens. En outre, permettre à l’Etat la main mise et le dernier mot dans ce qui se passe au niveau de l’ensemble du secteur bancaire ne semble pas être la meilleure des solutions pour certains comme Michel Lucas, le directeur général du groupe Crédit Mutuel-CIC, qui «pense très sincèrement que la nationalisation est la meilleure manière de tuer un organisme de quelque nature qu'il soit».

Il est difficile pour autant de dire si nous aurons d’autres profit warnings cette année. «Les banques ont été très prudentes s’agissant de leur guidance. Elles n’ont pas véritablement donné d’objectifs de résultats. Par conséquent, nous n’aurons des profit warnings que dans le cas où nous aurons des pertes anormalement élevées» estime Pierre Flabbee.

Il semble néanmoins certain pour ce dernier que les banques françaises ne ressortiront pas renforcée de la crise, leur rentabilité n’ayant plus vocation à être du niveau où elle était auparavant. «C’est davantage du point de vue des actionnaires, que nous nous en sortirons mieux en France que dans les pays où les difficultés du système bancaire seront plus intenses. Les banques françaises qui demeureront des banques privées, conserveront alors une certaine liberté en matière de distribution des résultats et devraient relativement rapidement rembourser les fonds de capital que l’Etat leur aura consentis, avant que le coût ne devienne trop excessif» a-t-il déclaré.

Des défis à relever

Ce qui apparait certain, c’est que les banques françaises à l’instar de leurs consoeurs, seront confrontées à des challenges considérables. L'un des plus importants sera de renforcer les fonds propres en maintenant un niveau de rentabilité élevé dans un contexte plus réglementé, où le coût du risque a vocation à augmenter et face à une demande de plus en plus faible : les ménages et entreprises répugnant à s'endetter.

Selon les chiffres communiqués au Monde par plusieurs grandes banques françaises, la demande des ménages sur le marché immobilier a diminué de plus de 40 % en janvier, en moyenne par rapport à janvier 2008, et de 30 % en février, par rapport à février 2008. Elle n'a jamais été aussi basse depuis dix ans. Ce repli montre que dans l'esprit des Français, la crise économique est là et crée des incertitudes sur l'avenir. En janvier, la France a perdu 90 000 emplois, un niveau jamais atteint par le passé.

En matière de crédits à la consommation, les crédits nouveaux ont diminué de 14,6% en janvier, par rapport à janvier 2008, selon l'Association des sociétés financières (ASF). Ce recul s'explique avant tout par la chute des achats de voiture, financés à crédit qui représentent d'ordinaire 40% du marché

D'après le premier baromètre sur le financement et l’accès au crédit des PME mis en place par KPMG et dont les résultats ont été présentés la semaine dernière, 48% des dirigeants ont décidé de restreindre leurs investissements. «C’est probablement le point le plus inquiétant et celui dont nous suivrons l’évolution avec le plus d’attention. Les chefs d’entreprise s’autocensurent. Ce choix est directement lié à leur perception de l’évolution de l’environnement économique. Comme la croissance ne semble pas au rendez-vous, ils estiment qu’il n’est pas nécessaire de procéder à un investissement. C’est une mauvaise nouvelle eu égard à un éventuel scénario de reprise rapide de la croissance» déclarait à Easybourse Jacky Lintignat, directeur général de KPMG.

«Nous sommes donc dans une situation malsaine d’autant plus si elle se prolongeait durablement» conclut Pierre Flabbee.

A cela il faut ajouter un environnement international beaucoup plus affecté, et en particulier la mise à mal des économies des pays de l'Est, notamment de la Russie : la Société Générale a enregistré d’importantes provisions, notamment sur ses activités dans ce dernier pays.

Le pari du banking mobile

Pour continuer à écouler leurs produits dans un univers ultra-concurrentiel, les banques ont compris qu’il fallait s'adapter aux nouveaux modes de distribution. Une des solutions exploitées réside dans les services apportés sur le téléphone portable au sens générique du terme : les nouveaux PDA, les nouveaux outils comme l'iPhone et maintenant Google phone...

Les investissements se multiplient dans ce domaine pour permettre aux clients de pouvoir consulter leurs comptes, faire des virements et même payer directement leurs achats en utilisant le téléphone portable.

Nous pouvons mentionner par exemple, le Crédit Mutuel avec le groupe qu’il détient NRJ Mobile ou encore Crédit Agricole qui organisait le 10 mars dernier une conférence intitulée «Banque et téléphonie mobile, la banque dans sa poche» et rendant compte d’une étude s'appuyant d'une part sur une cinquantaine d'interviews auprès de dirigeants bancaires européens et d'autre part sur une enquête quantitative auprès de plus de 5000 clients bancaires en Europe eu égard au mobile comme nouvel outil de conquête pour les établissement bancaires.

Fort rebond du secteur d’ici la fin de l’année

Alors que pour Charles Dautresme, il faudrait patienter jusque la fin de l’année pour avoir un fort rebond du secteur financier dans son ensemble, pour Pierre Flabbee, il est envisageable que le marché reparte au moment de la publication des résultats du premier trimestre, car ils seront plutôt meilleurs.

Ceci étant, il ne semblera pas opportun de revenir de manière importante sur le secteur : d’une part car un grand nombre d’importantes banques européennes ont été ou seront nationalisées, et qu’ensuite une forte régulation est attendue dans le but d’encadrer les activités exercées.

«Je comparerais cela aux valeurs du secteur des utilities, des services à la collectivité. La période de super profitabilité que nous avons pu connaître ces dix dernières années dans le secteur est bel et bien terminée. Ce ne sera véritablement pas un secteur porteur. A moins d’être trader et d’avoir une vision très courtermiste de ses investissements» explique le stratégiste d’AXA IM.

Qui plus est dans ce rebond, il n’est pas du tout évident que les banques françaises rebondissent plus fortement que leurs homologues étrangers. «Ce n’est pas forcément les valeurs qui ont les meilleurs fondamentaux qui remontent le plus fortement» conclut Pierre Flabbee.

Imen Hazgui


A la lecture finale de cet article très complet, je dirais même qu'il est génial cet article dans la mesure où on recherche cette information partout sur le web sans la trouver habituellement.

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