vendredi 3 octobre 2008

Déjà vu ...Le film qui dément son titre !



La critique du Monde que je trouve assez juste, car l'aspect scénaristique est particulièrement bien trouvé et haletant, des rebondissements qui tiennent au scénario et restent inattendues jusqu'à la fin :

L'idylle entre le producteur américain Jerry Bruckheimer et le cinéaste britannique Tony Scott, née sur le plateau de Top Gun, a donné naissance à d'autres films comme Le Flic de Beverly Hills 2 ou Jours de tonnerre. Le couple propose aujourd'hui un film dont le titre, Déjà vu, et l'ouverture, un attentat monstrueux contre un ferry- boat de La Nouvelle-Orléans, fournissent un arsenal prêt à l'usage au critique mal disposé en cette fin d'année.

Et voilà qu'il faut tout remballer. Passé les scènes d'exposition, Déjà vu s'évertue à tromper toutes les attentes - sauf l'exigence d'être distrait et amusé en permanence. Sous les pas du spectateur, le sol se dérobe sans cesse.

Entamé comme une accumulation de destructions matérielles et humaines, le film devient successivement un polar romantique, une parodie, une fantaisie métaphysique - sans avoir cependant jamais la sensation de se perdre, en vertu de la présence de la présence rassurante de Denzel Washington.

A La Nouvelle-Orléans, donc, le ferry- boat en provenance d'Algiers, sur l'autre rive du Mississippi, explose alors qu'il transporte l'équipage du porte-avions Nimitz, de retour du golfe Persique, des garçons prêts à célébrer l'Amérique dans les rues de La Nouvelle-Orléans, à l'occasion du premier carnaval célébré après le passage de l'ouragan Katrina. Le contexte est un peu lourd, et il explique la mine fort sérieuse de l'agent Doug Carlin (Denzel Washington) du Bureau de l'alcool, des armes à feu et du tabac (ATF, ça change du FBI) lorsqu'il arrive sur les lieux du crime. Carlin est une version ambulatoire du frère le plus futé de Sherlock Holmes : il lui suffit de faire quelques pas sur les lieux du désastre pour tout comprendre. Très bonne parodie à ce niveau-là du film, mais nous allons de multiples fois rebondir.

Ses investigations le mettent bientôt en présence du cadavre d'une jeune fille à qui la mort n'a pas ravi sa beauté. L'assassin de Claire (Paula Patton) et l'auteur de l'attentat ne font qu'un. Et l'agent Doug Carlin, un homme seul qui a tout perdu, se met sur sa piste. C'est à ce moment qu'il reçoit l'assistance inattendue du FBI. Cette agence dispose d'un instrument remarquable qui permet d'observer n'importe qui, n'importe où, trois jours et six heures avant le moment présent.

L'agent Pryzwarra (Val Kilmer) fournit à son collègue de l'ATF des explications vaseuses sur la provenance de ces images magiques. Pour l'instant, Doug Carlin s'abîme dans la contemplation des derniers jours de Claire, aussi amoureux que le détective Dana Andrews l'était de l'actrice Gene Tierney, la disparue de Laura, le film noir et romantique d'Otto Preminger (belle référence : j'approuve ! Ah la la Laura !!!), qui a sans doute inspiré les scénaristes Bill Marsilii et Terry Rossio. Mais les écrans numériques ont remplacé le portrait à l'huile du vieux classique, et Déjà vu place ses héros dans la position de spectateurs-voyeurs qui s'aperçoivent bientôt que le feuilleton télévisé est en fait un jeu vidéo.

Car l'agent Carlin finit par arracher la vérité à ses amis fédéraux : les images n'en sont pas, elles sont comme une fenêtre ouverte dans le temps (procédé scénaristique qui entraîne l'inévitable accumulation de termes de physique moderne qui font probablement hurler de rire les connaisseurs), fenêtre qu'il est possible d'ouvrir.

Suivent quelques séquences époustouflantes, dont une poursuite en voiture à cheval sur deux continuums temporels, une idée assez brillante pour penser qu'elle aurait pu sauver l'un des deux derniers épisodes de Matrix, si elle était venue en temps et en heure aux frères Wachowski.

Au bout de deux heures, les époques et les hypothèses sont emmêlées au point qu'un scénariste (et en particulier ceux de Déjà vu) n'y retrouvent plus leurs petits. Mais ce n'est pas très grave. L'agent Carlin se rapproche sans fin de son aimée, par-dessus le temps et la mort, et l'on ne veut que du bien à Denzel Washington. Il fait tellement de peine quand il a l'air triste, on a tant de plaisir à le voir sourire.

Et même si par moments la manière de Tony Scott, qui se conforme aux canons publicitaires du moment - notamment au début du film avec les ralentis et le soit-disant regard profond au ralenti à 360° de Denzel Washington ! est trop drôle -, cela ne fait pas obstacle à l'émotion naïve qui naît de Déjà vu, film qui dément sans cesse son titre.

Merci Mimitess car sans Toi il est sûr que je n'aurai jamais regardé un tel film !! Et j'aurais eu tort (mais je ne le répéterai pas !)


2 commentaires:

mt a dit…

je retrouve tes commentaires sur les films et celui-ci en particulier !
pas mal Hein !!!!
et en +, j'adore lire tes remarques cinématographiques.
j'arrete là les éloges, après avoir été + de 3 semaines sans pouvoir te lire faute de temps... snif, snif !

mt a dit…

c'est quoi cette horloge qui n'est tjrs pas à l'heure !!!!!
t'as eu presque 1 mois sans message, t'as du avoir du temps libre !!!
Ha! Ha! Ha!

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