mercredi 14 décembre 2011

Les Patriotes ou un film sur le Mossad


Ce film français est réalisé sur le Mossad : il fait partie d'une veine : les très bons films d'espionnage français qui ont fait un flop mais sont pourtant une réussite !

D'ailleurs la plupart des protagonistes, tel qu'Y.Attal ou S.Kiberlain, JF Stevenin attestent qu'ils ont réalisé là une de leurs meilleures prestations.

E.Rochant concède lui-même que s'il n'a pas eu le succès escompté et s'il n'a plus jamais eu les moyens de réaliser un film de cette envergure, il est content de ce film au sens où il a réalisé exactement ce qu'il a souhaité réalisé, quasiment plan par plan.

Les fondus d'espionnage, qui auront lu les livres de Gordon Thomas, sauront que les faits retracés sont véridiques. Le film est également excellent au sens où il défantasme les services secrets : moins que des super-héros, nous avons affaire à une organisation huilée, qui enserre peu à peu ses proies. Les techniques d'approche, l'aspect collectif du travail de rapprochement des victimes, etc. sont brillantes.

Stevenin raconte très bien dans le making of le nombre de prises pour un regard, une discussion autour d'une table qu'on lui faisait rejouer 3 fois, en changeant uniquement l'état d'esprit de la scène : tu as peur, tu es d'accord, tu penses que tu peux l'avoir. Mais le script à dérouler restait identique.

Chose unique dans le cinéma : les acteurs jouaient le matin la scène mais ne la tournaient que l'après-midi, ce qui doublait quasiment le temps de tournage : 24 semaines de tournage est une durée exceptionnelle.

De la même façon pour Bernard Lecoq, retenu pour jouer le rôle du gentil, du mec sympa qui est en fait un agent du mossad spécialisé dans les techniques d'approche. E.Rochant au sommet de son art lui demandait de ne justement pas jouer trop le gentil : il devait être gentil tout en gardant tout le temps une réserve, une politesse.

Attal est exceptionnel alors que je ne suis par ailleurs pas un fan : il explique d'ailleurs très bien comment il ne devait pas prendre d'initiatives, pas jouer au héros : il se fait même rembarrer très séchement par les agents plus avisés du Mossad à certains moments ! Il a expliqué que c'était assez difficile à vivre sur le tournage quand on sait qu'on a le premier rôle et qu'on est sans cesse contenu dans le rôle d'un jeune novice.

Le commentaire d'un journaliste de l'express en 2007 :


Le meilleur film d'espionnage jamais réalisé en France. Documenté, intelligent, joué à merveille par un Yvan Attal qui, après quelques films (dont les deux premiers d'Eric Rochant), accusait ici une vraie présence qu'il n'a cessé de développer depuis... Et puis il y a la maîtrise d'Eric Rochant. Par son sens du rythme, la précision de ses cadres, la fluidité de ses travellings (toujours justifiés), la mise en scène des Patriotes est un cas d'école. À peine sorti du tournage, Jean-François Stévenin (qui interprète une cible du Mossad) avouait n'avoir jamais vécu une si belle expérience. Le film n'eut pourtant pas le succès qu'il mérite. Même pas un prix au Festival de Cannes où il fut présenté. Un scandale. Une aberration. Que chacun(e) mesure quand il/elle découvre cette perle rare. Il faut également citer Bernard Le Coq, Sandrine Kiberlain, Emmanuelle Devos, Maurice Bénichou, Christine Pascal, Yossi Banai (le mentor d'Ariel), à l'aune du film de Rochant : parfaits.


Le commentaire sur un blog :


Rochant montre la part non négligeable du facteur humain dans le travail des agents du Mossad, que ce soit par rapport aux gens qu'ils ont pour mission d' approcher que par rapport à eux mêmes. Toute la formation et tout l'art de l'agent consiste à faire fi de tout sentiment humain tout en prenant en compte celui ci afin d'atteindre ses objectifs.

Parfaitement original et décalé par rapport au genre qu'est le film d'espionnage, tout en en respectant l'esprit et l'excitation, Rochant resserre son histoire autour des personnages, des êtres, et leur confère une épaisseur d'autant plus grande qu'ils ne cessent d'essayer d'en faire abstraction.

Les interprètes sont tous remarquables: Attal bien sûr, Bernard Le Coq souvent sous employé au cinéma, de même que le formidable Stévenin ou encore Emmanuelle Devos. Sans parler de la magnifique et très sexy Sandrine Kiberlain, troublant à la fois le personnage d'Attal et le spectateur.
J'en profite pour dire que je partage complètement l'avis sur S.Kiberlain méconnaissable dans un de ses premiers rôles (elle était encore au conservatoire), tellement elle fait peu ressortir dans les rôles qu'on lui connaît son côté sexy. Elle se débrouille extrèmement bien dans son rôle de call-girl, très crédible ! Au point d'en charmer le spectateur je le reconnais ! Çe fut une révélation de la voir aussi belle !

La bande annonce :


Ah oui ce film extremement brillant et qui lors de sa présentation à Cannes avait conquis les spectateurs n'a eu aucun prix ! La raison : les journalistes pro-palestiniens très présents à Libération, L'Humanité et l'ensemble de presse parisienne bien pensante de gauche ont « dégommé » le film comme étant à la solde d'Israël !

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