jeudi 17 septembre 2009

La peau et les os - Miossec

Un article sur Miossec comme je les aime. Pour mieux comprendre le personnage, qui se raconte à l'occasion de la sortie de son premier album. C'était en 1995. Histoire de comprendre ma fidélité à cet artiste à partir d'un de ces textes dont Miossec a le secret.

Une sale période, de 17 à 27 ans, uniquement consacrée à la fuite en avant, à courir très vite pour ne pas penser à demain. Miossec fait n'importe quoi : rédacteur d'annonces pour TF1 ("Les messages : "La Champion's League avec Mars et M & M's" ou "La famille en or, c'est celle qui vous ressemble", c'est moi qui les ai rédigés") ou reporter sur l'île de la Réunion ("Une imposture. Je n'avais même pas de voiture. Je leur faisais croire que je passais mes journées en reportage alors que je restais chez moi et faisais toutes les interviews au téléphone."). Dix ans de gâchis consciencieux, d'humiliation, de flou. Echoué à Paris, Miossec ne s'y sent nulle part à sa place. Chez Gallimard, où on l'emploie comme nègre, il pense trouver un équilibre. "J'étais payé pour écrire et je restais anonyme, ça m'allait parfaitement. Je savais que je me gâchais mais, en même temps, il y avait un plaisir du gâchis. Ça me faisait plaisir que les gens aient de la peine pour moi. C'était désespéré. J'avais 26 ans, je commençais à me sentir vieux, j'avais déjà eu trop de désillusions. Ça peinait dur dans les côtes. Il y avait un snobisme de la médiocrité, j'étais qu'un pauvre loser, même pas magnifique. Je n'avais plus aucune fierté, je me dégoûtais... Il fallait une cassure. Mais malheureusement, on ne peut jamais passer l'éponge. Ce n'est pas en bougeant ou en fuyant qu'on oublie. A cause d'une histoire sentimentale, je filais un très mauvais coton. Mon problème, c'est que je n'ai jamais aimé me protéger. Je me suis totalement laissé aller ­ même si je ne considère pas la négligence comme un défaut. On apprend beaucoup dans ces moments-là. Pour moi, je n'avais aucun talent, tous les livres que je lisais me le confirmaient. Je m'habillais tellement mal qu'on m'appelait le garde forestier... Aujourd'hui, je peux replonger dans les moments difficiles de ma vie pour y retrouver des émotions. Mais je ne crois pas que mes paroles soient tristes. Ce sont des chansons de cocu, l'idée d'un cocu qui fait le malin... C'est une joie d'en être sorti, d'écrire tout ça au passé. Même si je n'ai pas l'impression d'être stable, je suis sorti des carnages et de la méchanceté sans être rongé. Il n'y a plus de comptes à régler, plus de gens à blesser. Ça se fait sans lâcheté. Je suis devenu optimiste, je ne peux écrire que dans les moments d'euphorie. Triste, c'est toujours nul, nombriliste, pleurnichard."

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Mes citations

"Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."

Hölderlin, Hyperion



"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
Dans un endroit
Où ils peuvent oublier"

Portishead



"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"

Marguerite Duras



Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
Ce qui fait que je flanche
Quand on essaie de m'apprécier

Miossec, le chien mouillé (en silence)