lundi 15 juin 2009

Le point de vue bulgare sur l'Europe

Le scepticisme c'est bon pour les riches !!

Il fait parfois du bien de se décentrer : ici le point de vue bulgare, mi-désabusé, mi-cocasse mais qui rappelle que l'euroscepticisme est un luxe de riches que les Bulgares ne peuvent pas se permettre aux contraires des pays "wealthy" !

La plupart des Bulgares ne savent certainement pas que le pays le plus occidental du continent est le Portugal. Tout comme la majorité des Portugais, à l’exception peut-être d’un certain José Manuel Durão Barroso, ignorent que la Bulgarie est le pays le plus européen de l’UE, dans la mesure où les Bulgares sont les plus euroenthousiastes de l’Union.

L’ironie de l’histoire veut que ces deux pays ne sont en rien représentatifs ni de l’Occident ni de l’européanité. La confusion devient totale lorsqu’on y ajoute la contradiction suivante : les Bulgares, qui selon un récent sondage Eurobaromètre, sont les plus heureux de faire partie de l’Union, ne comptent pas aller massivement voter le 7 juin. Le taux de participation de notre pays risque même d’être inférieur à la moyenne européenne, soit au-dessous de 35 %. Dans le même temps, 44 % des sondés indiquent qu’ils considèrent ces élections comme “importantes” pour le pays. A croire que ces sondés ne considèrent pas la Bulgarie comme leur pays…

L’une des explications de cette passivité attendue est l’enchaînement des élections européennes et nationales. Le vote du 7 juin est ainsi perçu comme un tour de chauffe, voire comme le premier tour des législatives [qui auront lieu en juillet]. Pourquoi, alors, s’user à aller voter ?

Mais pourquoi les Bulgares font-ils plus confiance à Bruxelles qu’à Sofia ? Mieux encore : pour la majorité des Bulgares, la surveillance exercée par Bruxelles sur leur gouvernement est perçue comme le seul mécanisme efficace de contrôle d’une élite politique corrompue qui ne craint ni les médias, ni l’opposition, ni la justice du pays. La seule sanction efficace, c’est l’arrêt des subventions européennes, soit autant de millions d’euros destinés à améliorer l’état du pays et… à enrichir les gouvernants.

La dernière contradiction tient au désaveu de la classe politique actuelle. Ceux qui font campagne pour les élections européennes sont, dans leur grande majorité, sélectionnés et adoubés par les grands partis nationaux, ceux-là mêmes qui sont discrédités aux yeux de l’opinion. Et, pour finir, je soupçonne fortement que la source du scepticisme bulgare soit cette légendaire pauvreté matérielle, mère de tous les vices. Pourquoi se décarcasser pour envoyer à Strasbourg quelqu’un qui va gagner des dizaines de fois mon revenu mensuel ? se demande le Bulgare lambda. Que faire ? Ma réponse est simple : pour ne pas sombrer dans un euroscepticisme précoce, il nous faut travailler à améliorer notre niveau de vie. Car cet euroscepticisme-là est une denrée de luxe, disponible uniquement dans des pays qui ont la conviction qu’ils peuvent se débrouiller seuls dans un monde soumis à la concurrence et à la mondialisation.

04.06.2009 | Ivo Indjev
Journaliste et auteur d’un blog politique très lu.

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