Alors arrivée ce 24 janvier au soir, à Brest dans le hall du Quartz : ma place est numérotée et je suis conduit sur le balcon. Le concert commence à l'heure. Autour de moi un public qui me met plus mal à l'aise qu'à l'habitude, pas l'habitude de voir ces gens et ces foulards, ces cheveux blancs et parfois le ton feutré d'une salle de spectacle. C'est la fin des salles enfumées et je sens déjà que les blagues seront moins à l'ordre du jour ce soir. Je me dis peut-être s'agit il là du public du quartz ou du public de ceux qui vont voir Tiersen que je ne connais pas.
La musique porte littéralement les paroles de Miossec. Une musique de velours, enfin à la hauteur des paroles, même si parfois on ressent l'influence pop un peu trop sirupeuse pour le rock enragé de Miossec. Refrain trop mélodique. Mais tout est parfait : on entend bien la voix de Miossec que l'on devine bien préparé pour cette soirée : à jeun et sûr de lui-même attentif à sa prestation comme jamais. Peut-être l'envie de ne pas décevoir son acolyte. Les chansons se succèdent et le charme opère. On sent que les répétitions se sont faites au quartz dans cette salle et que le groupe y a ses aises. Je dis surtout cela après avoir fait la comparaison avec Saint-Brieuc quelques jours plus tard.
Appliqué Miossec, tellement belle voix, tellement belle chanson que j'ai envie de dire au sommet de son art. Heureusement que les paroles sont toujours aussi engagées, sinon j'aurai dit aussi au vu du peu de blagues qu'il s'était rangé. Il a pris le meilleur de ce que l'application pouvait donner mais n'a pas changé l'inspiration. Les textes sont ciselés et il est heureux de pouvoir l'entendre si bien dans cette salle.
Gaëlle Kerrien fait une entrée remarquée même si ce soir là je suis peu enclin à apprécier sa prestation. Je suis sous le charme de ce Miossec certes un peu aseptisé sur la forme mais pas sur le fond. C'est plus classe, les paroles se distinguent mieux de la musique, une certaine gravité et la prestation réussie semblent de nouvelles marques de fabrique.
Le public brestois va me réconforter tellement les deux enfants du pays sont redemandés à tel point qu'ils reviennent penauds pour dire qu'ils n'ont plus rien à chanter si ce n'est qu'il est bon d'avoir un ami lance Miossec à la cantonade. Cela n'empêche les rappels se succèdent quand bien même ils n'auraient rien à dire. Le retour de la lumière n'empêchera pas le public de rester debout et d'applaudir à tout rompre juste pour le plaisir de ne pas se faire rompre le charme. C'est un grand succès et un grand moment que d'avoir été là. Et finalement on sent une communion autour de ce concert, alors que tous ne sont pas à mon avis des fans. L'émotion des textes de Miossec est passée au delà de ce qu'il avait su faire sur scène à mon goût, où d'habitude on va le voir juste pour retrouver l'artiste apprécié sur l'album. D'où le trait de génie de commencer par des concerts, même si nous allons souffrir privés de notre dose jusqu'à la fin de l'été. Pourtant j'avais déjà été à l'avant-première d'un album, 1964, il y a quelques années mais Miossec ne pouvait profiter alors de la maîtrise musicale de Tiersen, qui par sa musique met en valeur les paroles, éclaircit les textes, comme Miossec n'a jamais su le faire seul. Mais j'avoue que j'ai toujours apprécié aussi les albums non finis, où le fond dominait la forme. Cette fois ci l'exercice était d'arriver à un objet scénique abouti, quand bien même Miossec se moque de textes qu'il dit ne pas connaître.
Soirée magique, enchanteresse pourra bien dire Ouest France, tellement l'osmose fut forte ce soir-là. La chance aussi d'avoir participé à la troisième soirée de concert, la plus aboutie à Brest en somme,je pense, même si la deuxième a apparemment aussi marqué les esprits au vu des CR et articles que j'ai pus lire.
Saint-Brieuc
A peine eu le temps de quitter le boulot qu'il me faut mettre le pied sur l'accélérateur pour avoir une chance d'assister au concert. Surtout que je sais désormais qu'ils ne tardent pas à débuter, ce qui est aussi une nouveauté pour Miossec. J'arrive à 20 h 30 à Saint-Brieuc où j'ai la chance de croiser aussitôt un interlocuteur valable qui m'explique rapidement comment me rendre à la salle. J'y rentre en même temps que les artistes et suis conduit à ma place non numérotée mais toujours située sur le balcon comme pour tout retardataire. Mais je suis bien placé.
Là, la maîtrise de l'agencement entre les paroles et la voix de Miossec avec le niveau sonore est mal ajusté : à cause de la salle. Aussi parce que Miossec se désunit au fur et à mesure qu'il sent que les chansons s'enchainent avec moins de réussite qu'à Brest où je l'avais laissé.
Il aura l'humour d'avouer à un moment qu'à la pause, avant le rappel, ils avaient eu l'occasion de dire qu'il y avait eu trop d'aigus dans les graves !!!
Souvent les paroles sont inaudibles particulièrement sur les premières chansons et je ne dois de suivre que parce que j'ai déjà écouté quatre à 5 jours auparavant les dits textes avec une bonne diction et une musique à bonne hauteur. Ici la musique emporte le flot des paroles et Miossec commence à ne plus produire des prestations optimales aussi rares que celles de Brest.
Du coup Gaëlle Kerrien et Tiersen qui se fait modeste durant cette tournée qui sont plus en exergue, particulièrement elle dont les refrains sur deux chansons sont parfaitement élancés et font mouche, surtout épaulée par Tiersen qui se donne à fond ce soir là.
Peu à peu la joie reprend le dessus de constater que je suis à un concert de Miossec, que ce plaisir là me suffit, même si je comprends que ceux qui découvrent et sont venus pour cela sont désarçonnés, surtout s'ils appréciaient l'artiste jusqu'ici. La découverte est un peu plus rude pour ceux-là même si je sais pour avoir déniché tout récemment les premières videos des concerts de Miossec-Tiersen que les prestations sont dans l'ensemble très réussies (Cf. notamment Grenoble).
Certaines chansons devraient avoir un succès mélodique indéniable comme les joggers du dimanche, la plaisanterie que j'apprécie particulièrement pour son caractère cru et anti-conformiste, ou celle sur le travail qui me fait penser immanquablement à la maison du peuple de l'écrivain briochin Louis Guilloux ( et là je remercie beaucoup Miossec même s'il n'a jamais cité cet écrivain breton). D'ailleurs Tiersen fait preuve du même engagement dans la chanson la Rade, une des seules chansons de son répertoire qu'il a reprise lors du concert.
Mais je n'en dis pas plus car je voudrais surtout vous faire partager une impression générale. L'album vous en donnera plus... à son heure !
Question à Michèle : à la place de l'album, je t'offre une place de concert de Springsteen mais après tu n'as pas le droit d'écouter l'album avant six mois, tu choisis quoi : l'album ou le concert couplé avec l'attente Hi Hi Hi !! vilain dilemme je reconnais.
De l'article du Monde sur le concert du 23 janvier je retiendrai ce paragraphe, le plus juste : "Désolé, plaisante Miossec devant les 1 500 spectateurs, on joue des chansons que personne ne connaît." A quelques exceptions près, le concert n'est constitué que de morceaux que les deux Brestois ont composés et joués seuls dans le studio d'enregistrement parisien de Yann Tiersen. Le groupe se les a appropriés en répétant une semaine au Quartz. L'excellente acoustique du lieu donne de l'ampleur aux sons, même dans les tâtonnements. Mise en avant, la voix rugueuse de Miossec nourrit ses émotions à vif et ses blues dérisoires de formules qui font déjà mouche : "Seul ce que j'ai perdu m'appartient à jamais", "Donner sa vie, pour qui, pour quoi/Pour quel patronat, pour quel résultat"...
Le meilleur de l'article du télégramme, encore plus juste car révélateur de la pensée de Miossec, après avoir insisté aussi sur les paroles merveilleuses :
"Qu'ont-ils vu et entendu? Une petite vingtaine de morceaux, la majorité amenée à se retrouver sur le prochain album de Miossec, attendu pour la fin de l'été. En ouverture, «Nos belles années». Du Miossec dans le texte: «Comme je préfère ta haine à ton amour, car c'est elle qui me montre sous mon vrai jour».
«La plaisanterie», marquée par le rythme pour une fois binaire de la batterie d'Arnaud Dieterlen, sera finalement loin d'en être une, comme le craignait Miossec en lançant le morceau. [...] Au final, Christophe Miossec a apprécié le challenge de «faire des chansons que personne ne connaît et que nous apprenons en même temps». Le trouvant moins périlleux qu'il n'y paraît, bien qu'il se baissait régulièrement pour jeter un oeil à ses textes, couchés sur papier et posés sur un pupitre. Il parle d'un «confort intellectuel. Les gens ne savent pas où ils vont. Tu sais qu'ils ne vont pas applaudir d'entrée. C'est super sain. C'est juste de la musique pour de la musique»
Commentaire d'un connaisseur de Miossec :
"Super concert.
Les 2 compères ont bien bossé et le résultat est extrêmement intéressant et varié. Miossec chante 90% du temps, mais parfois Tiersen donne un peu de voix et ils ont une sympathique jeune chanteuse (Gaëlle Kerrien) qui intervient sur quelques morceaux.
Miossec est assez inégal en concert (je sais, ça doit faire la 20e fois que je le vois), mais là, il a vraiment bien assuré. Tiersen était vraiment impeccable aussi (gratte, piano ou voix selon les moments). Le reste du groupe assure bien aussi. Bon, c'était la première date de la tournée, donc il y a eu quelques hésitations, mais globalement ils ont bien rempli leurs 100 minutes de concert.
Vivement l'album (août 2009)"
En fait il a tout bien dit comme moi mais en beaucoup plus simple ! Le lien vers son commentaire :
Comme je suis de bonne composition, une critique acerbe du concert des deux acolytes :
Alors au programme, j'attendais le concert Tiersen/miossec avec une impatience même pas imaginable. Je rêais de voir enfin, en vrai, tiersen nous dévoiler sa virtuosité... Que dal. En fait, c'était un concert de Miossec tout seul, qui se reprenait, tout seul... Quand on a écrit " La maison", oser remettre " Démolit", " Pierre par pierre, brique par brique" dans la même chanson, c'est un peu...moyen. Et c'est qu'un exemple. Le seul moment génial, c'était "La rade", le seul vrai morceau où on a bien vu Tiersen... Miossec a fait du ultra réchauffé, du qui veut rien dire ( " comme on s'accroche à un trottoir" bah ouai, tout le monde fait ça..), et si je vous dit, par exemple, "amour", forcément, vous attendez le mot "toujours" pour la rime d'apres...bah miossec aussi ... En bref, il était sobre, c'était le seul truc vraiment admirable (fallait voir a Carhaix...). Pour la présentation, le contenu, et la tromperie de l'affiche, c'était moins bien... J'avais pas l'intention de payer 28€50 pour voir Miossec chanter quinze fois a peu pres la même chanson...
Bon en même temps vous ne retrouverez pas souvent une telle ouverture d'esprit sur ce blog je préviens !
Une fan, comme moi : Quel beau cadeau d'anniversaire pour les 20 ans du Quartz Brest (Scène Nationale) !.
Un autre fan, qui sait particulièrement bien raconter son engouement : brest : du Vauban au Quartz, changement de décor ...
La liste des chansons (nous n'avons que les titres à nous partager, snif, snif !! :
Setlist :
01. Nos Belles Années
02. Les Joggeurs Du Dimanche
03. Seul Ce Que…
04. Fermer La Maison
05. Hais Moi
06. CDD
07. Loin De La Foule
08. Kala
09. La Rade
10. Chien De Paille
11. Jésus
12. Montparnasse
13. Non Non Non Non (Je Ne Suis Pas Saoul)
14. Fortune De Mer
15. La Plaisanterie (premier rappel)
16. Fuck Me
17. Ainsi Soit-Elle (Georges Perros)
18. Je M’En Vais (second rappel)
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"Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."
Hölderlin, Hyperion
"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
Dans un endroit
Où ils peuvent oublier"
Portishead
"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"
Marguerite Duras
Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
Ce qui fait que je flanche
Quand on essaie de m'apprécier
Miossec, le chien mouillé (en silence)
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."
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"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
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Où ils peuvent oublier"
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"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"
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