Ceci est le deuxième message sur trois consacré aux rapports de l'homme avec la Nature depuis le XVIème siècle !!!
Ces reflexions sont issues intégralement de l'ouvrage de JF Cobast, Leçons particulières de culture générale, leçons 5 à 8.
4.La nécessité d'une explication ultime par les fins :
Outre les problématiques liées à l'arraisonnement de la Nature et donc du rapport de l'homme avec la Nature, la conception mécaniste connaît une seconde limite en ce qu'elle ne peut appréhender complètement en tant que science le vivant :
Rappel sur les causes : pour Aristote, la matière n'explique pas tout : Pour Aristote connaître une chose c'est en connaître les causes qu'il dénombre au nombre de 4 : la cause matérielle, la cause formelle, la cause efficiente (la chose se définit par ce qui la « cause » : le père est cause de l'enfant) et surtout Aristote s'intéresse à la cause finale, appelée aussi le télos : si la nature se comprend simultanément comme agent matière et forme, elle se révèle par le télos vers lequel chacun des éléments constitutifs tend. On ne connaît ainsi une chose que lorsque celle-ci a atteint son point d'achèvement, compris dans l'acception la plus large : « la nature d'une chose, c'est sa fin ; ce qu'est chaque chose une fois sa croissance achevée ».
Conception mécaniste : la vie est pareil à un mécanisme selon un modèle mécaniste tel que dans « traité de l'homme », Descartes affirme que le corps vivant est une machine : la vie est intelligible grâce au modèle mécaniste. La pensée peut par conséquent appréhender c'est à dire quantifier, mathématiser la vie et la matière. Descartes et Galilée ont permis de formuler une idée qui a un avenir : il y a quelque chose de mécanique dans la vie et par conséquent une science du vivant devient possible qui ne soit pas seulement descriptive mais aussi explicative.
Limites de la conception mécaniste : Pourtant le vivant ne saurait se réduire à une machine : une force vitale créatrice est mentionné par Claude Bernard qui avoue quelque chose dans la vie échappe à ce strict mécanisme : « Dans tout germe vivant, il y a une idée créatrice qui se développe et se manifeste par l'organisation. Pendant toute sa durée l'être vivant reste sous l'influence de cette force vitale créatrice, et la mort arrive lorsqu'elle ne peut plus se réaliser ». « Introduction à l'étude de la méthode expérimentale ».
Cette force vitale créatrice réintroduit l'irrationnel dans le corps vivant et arrache la vie au déterminisme des lois physico-chimiques.
Elle commence par se manifester dans la reproduction. Le vivant se caractérise aussi par une tendance à maintenir sa formule d'organisation et à la reconstituer si besoin est. Elle se manifeste dans ce que les anciens appelaient la vis medicatrix naturae, c'est à dire la puissance restructurante de la nature (reconstitution des tissus, réduction des fractures). Il y a un principe de sauvegarde qui semble à l'oeuvre dans un organisme. En un mot l'être vivant semble animé d'une force interne qui vise à réaliser son unité. La vie continue à requérir une tout autre explication que la matière même si elle anime de la matière organique.
L'explication par les fins chère à Aristote permet seule de penser l'effort du vivant à persévérer dans son être. L'élan vital de Bergson ou l'idéalisme de la vie d'Hegel résiste à l'investigation par les sciences : certains organes sont capables de suppléer dans leur fonction d'autres organes mutilés ou malades afin de maintenir l'unité de l'organisme en se mettant au service d'une finalité interne. C'est une connaissance par les fins que le physiologiste doit en dernière instance affronter, c'est à dire une explication des faits par l'idée directrice dont l'organisme est porteur ...
Conclusion : le rapport de l'homme à la Nature doit fonder nos réflexions sur la question écologique actuelle : il ne s'agit pas seulement d'un problème matériel (plus ou moins de consommation) mais d'une réflexion sur ce que représente la Nature aujourd'hui dans les sociétés occidentales. Il s'agirait bien plus d'expliquer et d'éduquer les nouvelles générations dans une autre logique, à savoir une vision panthéiste où la Nature avec un N majuscule poursuit ses propres fins, où la Science connaît ses limites et où l'homme est une partie intégrante de la Nature et ne se considère non plus, comme c'est le cas depuis la mise à distance de la Nature par la Raison suite à Descartes et à l'avènement de la Science, comme un maître et possesseur de la Nature qui peut utiliser son énergie pour uniquement des fins humaines découplées de la Nature.
Définition du Panthéisme : cf l'article consacré à ce thème sur le blog.
samedi 12 avril 2008
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"Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."
Hölderlin, Hyperion
"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
Dans un endroit
Où ils peuvent oublier"
Portishead
"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"
Marguerite Duras
Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
Ce qui fait que je flanche
Quand on essaie de m'apprécier
Miossec, le chien mouillé (en silence)
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