Ces 4 films ne sont pas mis dans la liste des films préférés car je les ai vus ultérieurement : deux sont en passe de rejoindre cette liste quand je vais l'actualiser :
la graine et le mulet :
Attention cet extrait raconte trop précisément à mon goût l'histoire pour être un teasing :
Un film plein d'humanité sur la solidarité d'une famille arabe. Kechiche établit ce film en mémoire de son père. Kechiche n'est cepandant pas complaisant envers cette famille. Il montre les points positifs mais aussi la solidarité qui s'exerce à l'encontre d'autres personnes, quand bien meme celles-ci sont en droit de réclamer la justice envers l'un des leurs. Mais cette unité de la famile arabe va même s'étendre par amour pour le personnsage principal Slimane (dont c'est le premier rôle au cinéma en tant qu'acteur !) jusqu'à unir deux familles rivales dans le même souhait de voir s'exaucer le rêve de ce dernier d'ouvrir un restaurant. Grand film : on peut faire un film à suspense de plus de deux heures autour d'une graine de couscous ! Pas besoin de faire un film américain violent pour ce faire !
http://www.pathedistribution.com/accueil/filmavenir.php?IDFilm=614
http://www.rue89.com/2007/12/11/la-graine-et-le-mulet-kechiche-signe-un-formidable-couscous
Extrait de Wikipédia :
La « graine » du titre est celle du couscous
Le « mulet » est un des poissons qui peut agrémenter le couscous dans la cuisine tunisienne.
Le film a été principalement tourné sur le port de Sète.
La très grande majorité des acteurs est constituée de non-professionnels. Dans une interview pour Les Cahiers du cinéma, Abdellatif Kechiche explique que ce parti-pris n'est pas un manque d'exigence : « Même ceux qui ne font pas ce métier je les ai choisis parce qu'ils avaient un don »
Le vol de la mobylette est une citation assumée du Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica.
Le film est un hommage à la génération immigrée des « pères », qui sont venus en France pour travailler et qui se sont sacrifiés pour leurs enfants.
Hafsia Herzi a reçu le César du meilleur espoir féminin ;
Le film fut honoré des Césars des meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario original !! ainsi que lePrix spécial du jury (ex-æquo) lors de la 64e Mostra de Venise (2007).
Autrement dit ceux qui par le plus grand des hasards ne l'auraient pas vu savent ce qu'il leur reste à faire ...
L'enfance d'Ivan, film de 1962 de Tarkovski
Initialement, j'ai tout de suite pensé au début du film à Ivan le Terrible dont on allait surement nous raconter l'enfance. Le film en noir et blanc et le début guerrier m'y incitaient mais j'ai compris que la période était plus contemporaine ...
Ce film m'a enthousiasmé :il s'agit d'un jeune enfant russe dont par les rêves sur son enfance heureuse, nous allons pourtant deviner que ses parents ont été tués par les nazis. Le film fait des allers retours entre ces rêves merveilleux de beauté filmique : merci à Tarkovski pour cette façon de filmer le bonheur d'un enfant – et les passages de la vie réelle, où celui-ci, entêté et décidé à venger la mort de ses parents, part en éclaireur derrière les lignes ennemies allemandes.
La grandeur du gamin, la précocité de son âge adulte en raison de son expérience, le rêve de la petite fille qui a été son tout premier amour, tout cela fait naviguer entre un songe et le retour à un réel héroïque et douloureux, où seul son caractère têtu nous aide à sourire.
Film le plus accessible de Tarkovski et sans doute aussi le plus primé avec raison (lion d'or à Venise en 1962) : un film de l'histoire du cinéma. C'est un film qu'il a du reprendre en raison du renoncement du réalisateur à qui avait été confié l'oeuvre et alors que la moitité du budget avait disparu : il a su faire de ce minimalisme une force. C'était aussi son premier film : quelle maîtrise exceptionnelle déjà !
On distingue aussi la Russie de la boue, du dégel, de la raspoutitsa comme disent les Russes je crois et que ne connaissent pas les Occidentaux.
http://archive.filmdeculte.com/video/video.php?id=221
http://www.cineclubdecaen.com/realisat/tarkovski/enfancedivan.htm
http://cinemasansfrontieres.free.fr/spip/article.php3?id_article=41
Les deux films suivants sont disons plus intellectuels et toucheront moins le coeur: les qualités sont pourtant grandes :je les cite dans mon ordre de préférence :
Ran d'Akira Kurosawa
J'avoue que j'ai une petite faiblesse pour Kurosawa depuis Kagemusha (l'ombre du guerrier) et le film moins abordable Rêves qui est un film dont la narration lui tient à coeur. Ou aussi Madadayo, qui me fait sourire tellement la leçon de vie est formidable (un ancien professeur a pris le rituel à chacun de ses anniversaires que fêtent avec lui ses anciens élèves de dire à la mort tout haut : Pas encore prêt !!! Madadayo). Certaines scènes sont comiques à un point : notamment quand le professeur explique à ces élèves comment sa maison ne peut être cambriolée : et les élèves apprentis cambrioleurs pour la bonne cause de se moquer de leur maître vont tenter l'expérience et avoir une surprise disons à faire pouffer de rire un cambrioleur qui doit pourtant rester silencieux !!
Mais revenons à Ran qui se rapproche de Kagemusha ou des Sept samouraïs par le thème guerrier.
Un scène est pour moi magistrale dans Ran : quand le père et ancien chef du clan, abandonné de ses fils qui l'ont spolié, se réfugie dans les ruines d'un château qu'il avait fait bruler, dévastant une famille plusieurs années auparavant, et le sort amène à ce moment là en recueillement la fille de cette famille et son frère rendu aveugle de cette famille exterminée alors. Le fils n'avait eu la vie sauve que parce ses yeux avaient été brûlés par le chef du clan. La vue de cette fille et de son frère aveugle par sa volonté ont alors sur la fragile constitution du vieillard sénile que la trahison de ses fils confine à la folie un effet incantatoire : il se met enfin à reconnaître ses ruines et se croit rendu en enfer en voyant devant lui ses victimes ! Grand dans l'évocation de la douleur ! Il se met à fuir comme un fou, persuadé que l'enfer l'a accueilli.
Pas seulement un film sur la guerre mais sur le repentir, la folie, la faiblesse et la trop grande force, il s'agit en fait de l'adaptation du roi Lear de Shakespeare par Kurosawa.
http://www.tevader.com/forum/phpBB2/viewtopic.php?t=2699
http://www.utc.fr/~macret/cine/realisateurs/kurosawa/ran.htm
http://arcadiafalls.skyrock.com/
Pour la fiche complète du film :
http://www.abc-lefrance.com/fiches/ran.pdf
Enfin le dernier film approfondit ma connaissance de Tarkovski : j'ose à peine évoquer ce film qui va me faire passer pour l'intello de service : je me cache pour regarder ce genre de film où apparemment seul le réalisateur se comprend ! Mais j'avoue que j'ai apprécié ! A une heure où personne ne peut venir me dire : qu'est ce que tu regardes !
Stalker est une idée ébouriffante et intéressante, la façon de créer du suspense et de la science-fiction, plutôt du fantastique (qui s'insère dans le réel) et qui s'achève avec Tarkovski par une réflexion sur la destinée humaine. Il emmène des gens dans la Zone, lieu qui engloutit les humains et hautement protégé par la police.Le Stalker est un passeur clandestin pour cette zone auxquels des aventuriers, des scientifiques font appel pour se rendre là d'où on ne revient pas. Comment se comporter avec la Nature, quelle est notre rapport avec Elle, qu'avons nous fait et appris de tous nos échecs, bref, une large méditation philosophique, un rapport à l'eau et des images qui demandent l'apaisement avec la Nature, qui nous laissent sans voix (Tarkovski a une capacité filmique qui rejoint Kurosawa et les plus grands). Avec de longs passages méditatifs et d'autres où le réalisateur se reprend au jeu de l'attente devant l'inconnu (le passage dans le tunnel sombre où l'on peut mourir). Le personnage de Stalker (qui veut dire le passeur dans l'autre monde) est superbe : il doit beaucoup respecter la vie pour que la zone ne l'engloutisse pas et le tolère : il porte des valeurs humaines où seul l'échec prend une place primordiale : une vraie réflexion sur le malheur et le moyen de donner du sens à toute cette vie humaine. Quand épaulé par sa femme au retour, celle-ci l'allonge dans son lit pour qu'il se repose alors qu'il ulcère contre les gens qu'il fait passer et qui ne savent qu'être avidité, soif de curiosité malsaine. Surtout Tarkovski a le plan génial et affectif de clôre le film en faisant parler cette femme, la femme du passeur qui vit à côté de lui toute sa vie et qu'on aurait pu oublier dans tout autre film qui n'aurait pas su s'intéresser aux sentiments humains comme sait le faire Tarkovski : ce dernier a pensé à faire parler cette femme, soutien si discret de son homme.J'espère avoir su rendre à ce film son humanité, malgré ses quelques longueurs qui aident à nous plonger dans son monde ...
La présentation soft :
http://www.films-sans-frontieres.fr/detail.asp?idfilm=202
Une fiche où je me demande si on a vu le même film quant à l'interprétation :
http://www.cineclubdecaen.com/realisat/tarkovski/stalker.htm
Très intéressante analyse pour le rapport à l'eau qu'il faudrait creuser :
http://www.objectif-cinema.com/analyses/200.php
Au moins un avis qui a le mérite de l'humilité et de s'essayer réellement à une interprétation (quand la plupart des critiques ne comprennent pas mais veulent faire croire qu'ils sont au top, on a souvent droit à de la bouffonnerie creuse) :
http://lecinedeneil.over-blog.com/article-4224509.html
Un qui avait bien débuté son analyse mais qui a du finir par fumer un joint : entre les deux, une analyse sur la forme quand il sent qu'il va avoir du mal à dire quelque chose d'intelligent sur le fond : http://www.cof.ens.fr/cineclub/archives/1993-1994/stalker.pdf
Un très bon site de cinéma par un vrai cinéphile : shangols : je suis sûr qu'il a réussi avant même de lire sa critique :
http://shangols.canalblog.com/archives/2008/03/17/6274298.html
J'avais raison ! En plus il dit la même chose que moi sur les bouffons !
Bref, « film inclassable, imprévisible, poétique, mystérieux, lent. À voir ».
Pour le « A voir », je ne prendrai pas le risque de vous y forcer !
Je vous laisse avec cette réflexion iconoclaste de Tarkovski par rapport à notre société :
« Qu'ils deviennent aussi impuissants que des enfants
Car la faiblesse est grande
Et la force, insignifiante
Quand l'homme naît, il est faible et souple
Quand il meurt, il est fort et sec
Quand un arbre pousse, il est tendre et souple
Et quand il est sec et dur, il se meurt
La dureté et la force sont les compagnons de la mort
La souplesse et la faiblesse expriment la fraicheur de la vie
C'est pourquoi ce qui a durçi ne peut pas vaincre"
Je ferai un article sur les citations de Tarkovski car elles sont profondes qu'elles émanent de lui, de poèmes de son père ou de citations de Pouchkine, dans le "Miroir".
samedi 19 avril 2008
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Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."
Hölderlin, Hyperion
"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
Dans un endroit
Où ils peuvent oublier"
Portishead
"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"
Marguerite Duras
Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
Ce qui fait que je flanche
Quand on essaie de m'apprécier
Miossec, le chien mouillé (en silence)
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."
Hölderlin, Hyperion
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Les crimes ont été escamotés
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Marguerite Duras
Je suis bourré de condescendances
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