Tout d'abord quelques photos pour se mettre "dans le bain" : http://delerue.christian.club.fr/crchs/msm1/msm-1.htm
J'ai attendu le départ du marathon dans la voiture sous la pluie qui tombait drue depuis 11 heures du matin. Le départ était prévu à 16 h 30. La chaleur ne risquait pas de nous accabler cette saison !
La voiture était sur le parking du super U le plus proche et nombre de marathoniens étaient installés dans le hall du Super U pour l'occasion. On se posait la question de savoir comment on allait courir, avec ou sans coupe-vent, k-way, etc. Jamais le magasin n'a autant vendu de grands sacs poubelles que ce jour ! Pour y déposer nos affaires en consigne mais aussi et surtout pour se protéger de la pluie avant le départ.
Chaussures trempées ½ h avant le début de la course lorsqu'il faut traverser le terrain de foot qui mène aux consignes.
La chanson « Relax » puis de la musique interceltique jusqu'au départ qui se fait sous un crachin. En revanche il a tellement plu que les flaques et les rigoles sont nombreuses. Superbe vue au départ sur les parcs à moules, le tout sous un fond gris uniforme.
J'ai fait le pari assez osé – trop ! - de suivre le modérateur d'allure des 3 h à environ 300 mètres. Nous allons nous retrouver à quelques uns à faire ce pari. Déjà osé car je n'ai pas fait de marathon depuis 3 ans et ai fait une préparation courte. Et mon meilleur temps était 3 h 03 en pleine forme et bien préparé !
Une dame devant laquelle nous passons dit à son ami marathonien : reviens c'est plus rapide par ici pour arriver à la maison ! Puis « je t'attends devant la cheminée ». En fait il pleut mais il a plu tellement dru précédemment que cela nous semble très acceptable. On a craint pire.
On en rit encore et c'est le moment de quelques blagues ...
A partir du 10ème la pluie tombe à nouveau de façon forte et vent de face alors qu'on est sur la ligne droite du littoral qui mène à Cherrueix (mi parcours) : 10 km où il faut faire face au vent et à la pluie qui balaient la route : je me rends compte que je puise un peu dans les réserves pour maintenir le contact avec la flèche rouge du modérateur d'allure. Je sais aussi que je n'arriverai pas à le suivre car cela se révèle trop dur. Mais j'ai envie de continuer comme cela. Les chaussures sont lourdes d'eau.
Drôle de regard entre nos stratégies croisées : ceux qui au départ ont comme moi fait le choix de ne rien prendre que le maillot et le short se faisaient railler par les prudents !Après 8/9 kms de pluie peu soutenue, c'était à leur tour d'enlever les hauts qui leur tenaient chauds ! Mais juste après, ils le regrettaient face aux kms 10 à 20 qui furent pénibles même si à ce stade nous avions tous encore de l'énergie. Mais j'avais déjà plus puisé à ce stade que lors d'un autre marathon.
A côté de moi deux Mayennais et un jeune : nous ferons la course un temps ensemble mais eux me lâcheront. Notre but : ne pas laisser partir la petite flèche rouge à l'horizon proche.
Entrée dans Cherrueix où plein de monde nous applaudit. J'ai le droit aux premiers « Jean-François » car les organisateurs ont eu la bonne idée – première pour moi – d'inscrire nos prénoms sur les dossards. Je suis toujours au contact des trois heures.
Nous ne voyons pas le Mont de Cherrueix en raison du temps pourri. Nous ne le verrons que bien plus tard !
Je passe le semi sur les rythmes d'un marathon en 3 heures mais je sais déjà « logiquement » que je ne tiendrai pas ce rythme. (le modérateur est en 2h 58/59)
Le fait de la course survient au 23 ème km : 2 kms de sable gris qui avec toute l'eau tombée est devenu boueux à souhait. J'entends le souffle des uns et des autres à côté de moi mais personne ne parle : l'effort est intense. Moi qui avait pris la tête du groupe d'une quinzaine de coureurs me fait décrocher même si je continue à un bon rythme, tout en force derrière ce groupe. Mais je prends une cinquantaine de mètres de retard sur les uns et les autres.
Je ressors encore assez bon mais désormais tout le monde est un peu esseulé sur la route et tout le monde vient de fournir un effort important non prévu : vive le cross-country !
Tout est trempé sur soi, y compris dans les poches (kleenex "liquides", repères de temps, etc.)
Du 25 au 28 ème Km j'ai la forme qui me permet de maintenir un rythme intéressant mais dès le 28 ème je suis grillé. Pas encore Ko mais plus en mesure d'accélérer ou de maintenir un bon rythme. C'est tôt, aux 2/3 du parcours. Effet de ma préparation mais aussi de la difficulté de ce climat. Je vois chez d'autres des signes de faiblesse que je ne vois habituellement qu'après le 30ème.
Au 32ème il n'y a plus personne. Je suis mort ! Bonjour les petits bateaux. Je suis à la ramasse complète. J'avance comme un métronome qui a oublié pourquoi il court, à un rythme faible qui me fait me faire rattraper par des coureurs qui me dépassent rapidement. L'un d'eux me glisse «Courage ».
Peu avant le 34 ème, les deux genoux me font mal aux articulations. Au ravitaillement du 34 ème pour la 1ère fois je marche. Sur 4 à 500 mètres en prolongeant le ravitaillement. Je repars en courant à très faible rythme. Je ne remarcherai plus jusqu'à l'arrivée malgré la douleur. La bagarre vient de commencer.
Au 35ème, je suis toujours à faible rythme et le modérateur d'allure jaune (3h15)cette fois me double avec l'ensemble des concurrents qui s'accrochent à ses foulées. Il nous hèle pour le suivre mais je suis trois étages en dessous pour ma part.
Je finis tout à l'arrache et à l'effort. Au 36ème on voit le Mont. Bonne ou mauvaise nouvelle. Plaisir mais la suite va nous contredire : on va faire plein de bifurcations, le voir s'éloigner et revenir, etc.
Je compte les kms qui restent et chacun est long : du 36 au 39 ème, je ne m'arrêtarai pas mais je suis un homme mort. Ma tête commande à mes jambes de ne pas s'arrêter.
Je croise des gens mal. J'ai en mire un des gars de 3 heures de tout à l'heure. Mais je perds plus de place que je n'en gagne. Je donne une tape amicale à un gars de Chateauroux qui marche. Je sais qu'il ne faut surtout pas s'arrêter même si ça va mal. Ralentir au pire mais ne pas s'arrêter.
Je ferai de même à l'approche du 40ème pour un garçon dont le morphotype était un défi au marathon : poignées d'amour, forte corpulence plus ronde que longue mais il est là : je l'ai doublé de nombreuses fois mais lui aussi. Là il a craqué et marche mais je lui redis : courage, cours à ton rythme.
Beaucoup de coureurs ont des crampes. Il n'a plus plu depuis le 25ème km mais nous sommes « froids », trempés. Seule la course nous fait ne pas ressentir le froid.
J'ai aussi l'appréhension de me faire rattraper par le modérateur de 3 h 30. Je ne voudrais pas. Arrivée aux 40èmes : il n'y a plus rien mais je sais que je suis à nouveau bien. Je finis les 40-41 kms avec Jacques : un marathonien d'Abbeville dont je connais le prénom car ce vétéran est fortement applaudi. Nous sommes côte à côte et finissons à un bon rythme : on ne se fait pas dépasser.
Peu avant de le rattraper, nous avons poussé un juron avec un concurrent en apercevant au 40ème une descente sur 20 mètres suivie d'une montée tout aussi rude, dans la boue grise : un parcours lié aux travaux de désensablement du Mont. Un effort dur à ce stade de la partie.
Au 41ème je lâche Jacques et me lance dans un sprint. Arrivée comparable à une montée de col sur le tour de France : difficile de se frayer un chemin et surtout de dépasser les concurrents moins rapides.
Depuis le 40ème on n'a plus les repères kilométriques : on est sur la chaussée qui mène au Mont. Je ne sais pas en conséquence si j'ai lancé mon sprint trop tôt ou tard. En fait bien, lorsque les barrières écartent les spectateurs, j'accélère une dernière fois et passe en trombe, sous un chronomètre géant indiquant 3 h 20 et des poussières. J'arrête mon chronomètre à 3 h 20 11 secondes.
Mon père qui m'a vu arriver me dit : tu finis frais comparativement à d'autres. Impression trompeuse. S'il m'avait vu dix kilomètres avant.
Ne serait ce qu'au 39ème où je suis passé dans le temps du marathon de Stockholm, mon record actuel (3 h 03)
Je ne sais pas pourquoi mais j'arrive toujours à finir « en volant » même quand je suis très mal sur un marathon. En revanche je serai incapable de faire un km de plus.
Je suis content car je ne suis qu'à 5 minutes des 3 h 15. C'est mon 3ème temps sur 6 marathons et les conditions ont été dures. Ce temps équivaut à mon 2nd temps celui de Lisbonne en 3 h 18 qui s'était déroulé sous un ciel plus clément. Surtout c'est un belle façon de renouer avec le marathon : je fais à nouveau partie des marathoniens. Et à défaut de préparation, ma tête a pris le dessus sur mes jambes après le 30ème. C'est là que je sais que nous avons tous vécu quelque chose de génial.
Tous les temps des meilleurs sont également en retrait des performances habituelles.
Un lien vers le marathon, article de presse sur le temps du marathon du Mont Saint Michel :
http://www.rennes.maville.com/Le-marathon-du-Mont-Saint-Michel-battu-par-la-pluie-/re/actudet/actu_dep-635825------_actu.html
Très bonne organisation : nous avons regagné les voitures par une navette qui accompagne les marathoniens et leurs hôtes : je suis trop fatigué pour rester et encourager ceux qui continuent d'arriver, contrairement à d'autres marathons.
Les jambes hurlent leur douleur mais çà je suis habitué.
Trop drôle : au ravitaillement à l'arrivée, les personnes mangent moins les fruits (oranges ou bananes, etc.) que les chips et le cola distribué par Carrefour. Nous sommes mieux à même de manger cela à ce moment et c'est ce dont ils ont envie ! La privation peut-être qui a précédé ! Moi je ne mange pas car mon corps n'absorberait pas. Mais deux heures plus tard, je mangerai les chips et le cola dans la voiture sur le chemin du retour, envieux que j'étais d'avoir vu mes collègues manger ces choses « interdites » et si bonnes !!
Mille pattes : merci à la personne qui se reconnaîtra : j'ai pensé de temps en temps à ces milliers de petites jambes à partir du 30ème km ...
le Mont : un des coureurs arrivé avec moi me dit tandis que nous sommes assis (aïe pour se relever !) : tout çà pour voir un caillou dans la flotte ! Mais je ne fais pas le rapprochement facilement et ne regarde pas le Mont. Ce n'est qu'une fois changé et assis, attendant que Papa me retrouve que je me tourne enfin vers le Mont et le vois réellement pour la 1ère fois. Silhouette lointaine lors de la course, et complètement oublié lors de l'arrivée, je le vois enfin ! Au moment de repartir ou presque. L'effort a dépassé le but !
J'ai fini 473 sur 3401 participants.
Pour d'autres réactions sur notre marathon : http://courirenbretagne.forumactif.com/le-marathon-f3/marathon-du-mont-saint-michel-2008-t1579-40.htm#29098
24/05: ambiance au Marathon du Mont Saint-Michel - Ma-Tvideo France3
voir le reportage
voir le reportage
Video de blevaillant
Et un reportage intéressant sur les meneurs d'allure ... avec vue sur le Mont par beau temps ...
Marathon du Mont-Saint-Michel : suivez le meneur! - Ma-Tvideo France3
Pour tenir le rythme, certains coureurs ont recours aux services d'un meneur d'allure…Ils sont à la fois des lièvres et des tortues en garantissant un bon chrono, tout en gèrant l'effort au long du parcours…
Pour tenir le rythme, certains coureurs ont recours aux services d'un meneur d'allure…Ils sont à la fois des lièvres et des tortues en garantissant un bon chrono, tout en gèrant l'effort au long du parcours…
Mots-clés : marathon mont-saint-michel
Video de blevaillant
5 commentaires:
Bravo Champion !
mt
Hi hi !
tu as quand même de quoi être fier ! avec si peu d'entrainement...
ouais si tu veux, mais je suis fier de nature alors !!!
no comment.
pas en forme ce soir...
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