dimanche 21 septembre 2008

Barjavel

Cet article est extrait du blog suivant

J'ai repris la conclusion de l'article.

Barjavel aime à se voir comme un homme simple aimant simplement la vie. Il est dans la conscience absolue de vivre et veut profiter de tout ce qui fait cette existence quilui semble, malgré des déchirements secrets, être un cadeau. Mais il pense que vivre ne suffit pas, que c'est par la mémoire que l'instant devient éternité. Il sent qu'à l'heure actuelle les hommes ont perdu leurs capacités d'émerveillement. Tout ce à quoi l'on croit existe parce que l'on y croit. Le mal, par ailleurs, est une dimension constitutive du monde.

Barjavel est panthéiste, ce qui signifie qu'il croit en la puissance de la nature et donc au bien et au mal qui s'équilibrent. Si pour lui le mal est atroce, il n'est cependant pas définitif. Pour lui, l'écrivain a ainsi une fonction éthique ( = morale ), voire prophétique.

Barjavel est optimiste, mais sensible à la souffrance d'autrui. Il a défendu ses positions, comme son écologisme, son pacifisme qu'il doit beaucoup aux horreurs de la première guerre mondiale. Il entretient un rapport ambigu avec la loi à la fois mise à distance et vaguement révérée.

Il y a un paradoxe dans le fait que Barjavel soit déiste. Il s'en prend à Dieu mais il l'aime et il n'hésite pas à lui demander des comptes, du genre : "Si Dieu existe, il devra avoir une bonne excuse". Le Dieu de Barjavel est en fait plus maternel que paternel. Il a une vision de l'enfance et de l'éducation bien particulière : pour lui, toute forme d'éducation enlève de la pureté à l'enfant ( pureté originelle ) pour le transformer en une sorte d'automate conçu pour la société, et pour en faire un adulte "convenable", c'est à dire que pour lui, "un adulte est un enfant qui a déjà commencé à pourrir". cette innocence perdue est peut-être utopique mais pose réellement problème. Il est également antibelliciste.

Barjavel a beaucoup théâtralisé la fin du monde, à commencer par Ravage. Pour lui, la science-fiction est l'art de la surprise où se déploie la stupeur idéale, celle qui ne comporte pas de remède. Sa passion de la nature est incontestable. Il est non moins certain qu'il a véhiculé des termes considérés comme "réactionnaires".

Il se réinvente des racines perdues avec son intérêt pour Merlin et le Graal dans trois romans sur le merveilleux : Les dames à la licorne, Les jours du monde et L'enchanteur.

Barjavel est un écrivain difficile à classer. Il rêve de pouvoir tout faire, que nous puissions tout faire. Chez les spécialistes, cela s'appelle le fantasme de maîtrise, c'est èà dire l'imagination, et quand elle est épanouie, la fantaisie. Lui-même pense qu'il n'a aucune imagination. Il dit : "Je n'imagine pas. Je considère ce qui est possible." Son nom en provençal signifie "bavard". Lui se qualifierait de fabuliste. Ses romans ont tous une moralité, la recherche de la vérité qui est au bout du voyage intérieur. Son écriture est poétique. C'est la mise en mots de crises morales dans une veine tragique explorant le coeur humain. Barjavel est un romancier de la survie et de la vie. Le destin, en fin de compte, n'est pas si tragique si nous allons au delà de nous-mêmes et si la vieillesse se ressource dans l'enfance universelle.

Pour une analyse complète de son plus grand succès, la nuit des temps : (à ne lire cependant qu'une fois le roman lu)



1 commentaire:

mt a dit…

comme je n'ai pas re-badgé je peux me permettre de mettre un commentaire !!! car il est exactement 13h21 et je suis bien loin de l'audit, ça doit être fini pour moi maintenant (Ha! Ha! Ha!)
j'ai hâte de découvrir le roman que tu m'as conseillé, que j'ai d'ailleurs trouvé chez Stock (!!!) hier midi ; j'aurai donc + de précisions à porter à mon retour d'Australie.

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