samedi 30 juin 2012

Gabriel Péri

Cet article doit tout à un ouvrage récent d'Alexandre Courban : j'espère que ces bonnes pages vous inciteront à lire son ouvrage passionnant sur ce héros communiste, qui fait l'unanimité sur l'ensemble du champ politique français, comme son compagnon d'infortune et de courage, Honoré d'Estienne d'Orves, qui nous laissent tous deux une amertume d'avoir vu ces talents partir si tôt.


Dirigeant national des Jeunesses Communistes Gabriel Péri (né en 1902) est interpellé par la police française le 21 mars 1923, à Arras, comme l'indique l'Humanité dès le lendemain. Officiellement, les autorités françaises le soupçonnent de vouloir se rendre en Belgique pour se soustraire à une condamnation de justice pour un nouvel article paru dans le dernier numéro du Conscrit. En réalité, il s'agit de l'empêcher de se rendre une seconde fois en Allemagne, où les militants des jeunesses communistes, « bravant tous les risques », font « une ardente propagande parmi les soldats » ; et ce d'autant plus après la parution, le 27 mars 1923, dans l'Humanité, du manifeste d'une seconde conférence organisée à Francfort le 18 mars 1923 dénonçant l'occupation de la Ruhr. […] Finalement, il est inculpé de « provocation de militaires » dans le but « de les détourner de leur devoir » dans le cadre de l'action plus large engagée par le gouvernement français contre le Parti communiste depuis le début de l'année 1923. Tandis que la plupart des prévenus inculpés de complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l'État sont mis en liberté provisoire après la décision, prise par le gouvernement au début du mois de mai 1923, de transmettre leurs dossiers au Sénat constitué en Cour de justice'", Gabriel Péri est arbitrairement maintenu en détention à la prison de ta Santé. Il en est de même pour le député communiste allemand Emil Hollein, appréhendé le 17 mars 1923 après avoir participé à un meeting à la Maison des syndicats, rue de la Grange-aux-belles, à Paris. Le 11 mai 1923, les deux militants communistes décident d'entamer une grève de la faim" pour protester contre leur incarcération jugée «arbitraire» par leurs avocats. Trois jours plus tard. Le 14 mai 1923, cinq autres détenus politiques de la prison de la Santé- tous libertaires - annoncent, dans un courrier adressé au ministre de la Justice et publié dans les colonnes de l'Humanité le jour même, leur intention de faire aussi la grève de la faim. Par solidarité, une militante anarchiste emprisonnée à Rennes cesse également de s'alimenter. A travers toute la France, des meetings de protestation contre le maintien en détention de Gabriel Péri et Emil Hollein sont organises, d'abord à Paris le 16 mai 1923, puis dans plusieurs villes de province les 17 mai (Amiens, Rennes, Metz, Saint-Étienne), 18 mai (Brest, Le Havre, Marseille, Strasbourg, Toulouse) et 19 mai 1923 (Besançon. Bordeaux, Lyon et Tourcoing)'". À Marseille, plus de 1500 personnes se sont déplacées pour entendre Marcel Cachin. Ecroué pour avoir participé à plusieurs meetings en Allemagne contre l'occupation du bassin de la Ruhr par l'année française, puis relâché. Le 21 mai 1923, Gabriel Péri est transféré à l'hôpital Cochin à la demande du médecin de la prison, qui a constaté un affaiblissement notable de la santé du dirigeant communiste. Ce dernier consent alors à s'alimenter à nouveau, tout en prévenant qu'il reprendra la grève de la faim s'il devait être a nouveau incarcéré. Gabriel Péri est libéré le 25 mai 1923.

Chef de rubrique à l’Humanité

En intégrant la rédaction de l'Humanité en octobre 1924, Gabriel Péri est amené à devenir au fil des années vingt et trente un journaliste communiste, avec toutes les difficultés que cela représente, en particulier au cours de ces années-la. A la tête du service de politique extérieure du quotidien communiste français, il a la possibilité de jouer - de fait - un rôle dans l'élaboration de la ligne politique du parti en matière de politique étrangère, en contribuant lui-même a l'analyse de la situation internationale à travers ses éditoriaux.

Spécialiste des Questions internationales

Au cours de l'année 1926, les réflexions de Gabriel Péri sur la situation internationale deviennent des éléments importants pour comprendre la lecture que le Parti communiste propose de la situation internationale. Son analyse des relations internationales devient rapidement une contribution attendue par ses contemporains, aussi bien par les militants communistes que par les observateurs de la vie politique étrangère.

Un journaliste à part entière

La réorganisation du quotidien communiste engagée au printemps 1926 avec - pour la première fois depuis la fondation de l'Humanité - la désignation d'un rédacteur en chef, en la personne de Paul Vaillant-Couturier, alors âgé de 34 ans, permet a Gabriel Péri de s'affirmer davantage encore comme un journaliste a part entière et d'exprimer le talent qui commence à lui être reconnu en faveur de son parti et de ses idées. Il signe en 1926 près de 270 articles. En l'espace de quinze jours, le journal l'Humanite est profondément transformé : la pagination augmente de moitié, passant de quatre à six pages : de nouveaux sujets sont abordé s par la rédaction ou traité s par des collaborateurs recrutés pour l'occasion. Le but est de gagner de nouveaux lecteurs - "les masses inorganisées» selon les objectifs assignés au parti français lors du 6ème plénum du comité exécutif de l'Internationale communiste. Du point de vue de Paul Vaillant-Couturier, il s'agit de développer la place réservée à l'information dans les colonnes de l'Humanité afin d’augmenter la diffusion du quotidien concurrencé par d'autres titres de presse, largement diffusés dans le lectorat que vise le rédacteur en chef du quotidien communiste. […] Enfin, les rédacteurs du quotidien communiste doivent avoir la possibilité d'écrire sur les mêmes sujets d'actualité que les autres journalistes, mais d'une autre façon : en remettant en perspective des événements, sans se contenter d'énoncer les faits comme dans les autres journaux. C'est pourquoi Paul Vaillant-Couturier défend - non sans mal - la place du commentaire et l'autonomie relative dont bénéficient quelques-uns des journalistes de l'Humanité, comme Gabriel Péri. En effet, de par ses fonctions à la rubrique internationale, ce dernier est amené à se déplacer et à rencontrer beaucoup de monde, en dehors des membres du parti. Ainsi, en l'absence d'un bureau de l'agence de presse Havas à Genève - situation déplorée par le Quai d'Orsay-, Gabriel Péri doit aller sur place en Suisse pour rendre compte des sessions de la Société des Nations, comme n'importe quel autre journaliste français, sauf à vouloir totalement dépendre des dépêches d'agences de presse étrangère ou des commentaires de ses confrères. Il est amené à fréquenter des diplomates, des fonctionnaires, des journalistes, etc., pour recueillir des informations. Ce sont ces multiples relations qui, par essence, éveillent des soupçons chez certains de ses camarades. Ces simples obligations professionnelles suffisent à le rendre suspect aux veux de certains militants. Quelques-uns se méfient de lui, comme de n'importe quel autre journaliste professionnel.

Interpellé par la police

Gabriel Péri est également l'une des victimes de la politique anticommuniste conduite par les gouvernements successifs, en particulier celle menée par le ministre de l'Intérieur de centre-droit André Tardieu, à partir de novembre 1928. Il est Interpellé une première fois le 18 septembre 1928 à son retour de Genève, dès son arrivée en gare de Lyon, à Paris, pour d'après le journal le Temps « ne pas avoir fait opposition dans les délais légaux au jugement» l'ayant condamné en juillet 1927 pour provocation de militaires a la désobéissance." Pour sa part, Paul Vaillant-Couturier y voit tout simplement une attaque du gouvernement contre un journaliste engagé dans la lutte contre la guerre qui d'après les communistes se prépare contre l'URSS." Cela étant. Gabriel Péri est remis en liberté dès le lendemain de son arrestation, une fois les formalités nécessaires accomplies, ce qui n'empêche pas le rédacteur en chef du quotidien communiste d'insister sur le caractère illégal de cette arrestation. Deux mois plus lard, Gabriel Péri est condamné à un an de prison avec sursis et mille francs d'amende pour provocation de militaire à fa désobéissance: d'après l'Humanité, Gabriel Péri est poursuivi « pour avoir dénoncé les dangers de guerre et développer le « mot d'ordre de fraternisation» avec le peuple chinois. Enfin, le 25 mai 1929, pour la seconde fois en l'espace de neuf mois Gabriel Péri est arrêté, quelques jours seulement après la publication d'un article dénonçant les conditions de détention du dirigeant communiste italien Umberto Terracini, et où il écrivait: « La lutte contre les crimes fascistes est une des formes de notre lutte contre la guerre. [.,.] De l'autre côté des Alpes, on veut tuer les meilleurs des nôtres. C'est l'occasion de nous souvenir qu'il y a une ambassade italienne a Paris ! Et de tenir pour responsable des meurtres qui se préparent le ministre plénipotentiaire des meurtriers!» Inculpé de propagande anarchiste et de provocation au meurtre, i1 est condamné à sept mois après la condamnation, par les jurés du tribunal de la Seine, d'un ouvrier italien à deux ans de prison pour avoir assassiné le vice-consul d'Italie à Paris qui lui avait refusé son passeport. Le journaliste communiste comparait le 31 mai 1929 devant le juge d'instruction. Gabriel Péri est ensuite transféré du dépôt central à la prison de la Santé, où il est incarcéré de façon préventive dans l'attente de son procès. Pour bon nombre de personnalités, il s'agit d'un signe, celui d'une intervention de Rome auprès de Paris, et l’Humanité n'hésite pas à accuser !e gouvernement Poincare d'être aux ordres de Mussolini." Toujours est il que le dossier relatif aux réclamations des gouvernements étrangers contre des articles parus dans la presse française, consulté aux archives du ministère des affaires étrangères, ne contient aucune pièce à ce sujet. En dépit de quelques protestations, deux meetings sont convoqués au mois de juin par le Secours rouge international (SRI) pour protester explicitement contre l'arrestation de Gabriel Péri aucune autre campagne particulière n'est organisée par la direction du parti ou par la rédaction du journal, toutes deux occupées par ailleurs à dénoncer dans son ensemble la politique anti communiste du gouvernement français. En juin 1929, à l'âge de 27 ans, Gabriel Péri s apprête à inaugurer depuis sa cellule de la prison de la Santé une autre façon d'être journaliste à L’Humanité. Mis à l'écart aussi bien politiquement que physiquement, son ascension au sein du mouvement communiste est interrompue. Depuis sa cellule de la prison de la Santé, Gabriel Péri poursuit activement sa collaboration à l'Humanité, écrivant environ 270 articles pendant les douze mois de sa détention, soit presque six articles par semaine et autant que l'année précédente. Son incarcération n'est pas sans poser quelques difficultés dans la réalisation du journal. Une sténo se rend à la Santé en fin d'après-midi, chaque jour ou presque, pour prendre en note l'article que le chef du service de politique étrangère lui dicte. Malgré tout, la partie internationale est rédigée avec vingt-quatre heures de retard par rapport aux autres journaux, temps nécessaire au journaliste pour pouvoir prendre connaissance de toutes les dépêches ou bien de lire leurs commentaires dans les différents quotidiens parisiens ou étrangers. Gabriel Péri avait sollicité auprès du directeur de la prison, dès le lendemain de son arrivée au quartier politique de la Santé, l'autorisation non seulement de recevoir la visite de sa femme malade, mais surtout de pouvoir s'entretenir avec différents employés du journal, comme la sténo Geneviève Ballu, le secrétaire général du quotidien Pierre Forestier, ou les journalistes Raymond Roussel et Marius Magnien de la rubrique internationale. Nonobstant toutes les difficultés politiques que peuvent engendrer ces complications matérielles, la direction du Parti communiste continue de confier l'éditorial de la troisième page à Gabriel Péri, difficilement contournable. Tout au long de sa détention, il affiche une certaine désinvolture. C'est toujours avec beaucoup d'ironie qu'il s'adresse au directeur de la prison. C'est ainsi qu’il se moque dans un courrier daté du 8 juin 1929 de l'ignorance de quelques fonctionnaires incapables de localiser dans quel département se trouve telle commune, « comme le savent tous les candidats au certificat d'études», proposant au directeur de la prison « d'informer l'organisme commis à distribuer les autorisations aux visiteurs que chaque année est édité un petit opuscule intitulé Dictionnaire des communes». Et, d'ajouter: « Cet ouvrage dont la consultation se révèle si nécessaire à certains fonctionnaires est en vente dans toutes les bonnes librairies.» Mais il proteste encore bien plus souvent non sans esprit contre la lenteur des services de l'administration pénitentiaire, comme dans cette lettre non datée adressée au directeur de l'établissement pénitentiaire : « Vous savez, que ma patience est infinie et que je professe beaucoup d'indulgence pour les lenteurs et les complexités des rouages administratifs Mais lenteur n'est fort heureusement pas synonyme de brimade : ni complexité synonyme de vexation. » À ses yeux, la façon d'attribuer ou de refuser un permis de visite « constitue une atteinte directe aux prérogatives jusqu'ici reconnues et respectées des détenus politiques » ; ce qu'il déplore dans un autre courrier en date du 12 juin 1929. A la veille de son procès, Gabriel Péri reçoit le soutien de vingt-six écrivains, loin de tous partager ses idées, mais qui « tiennent à rendre hommage à sa conscience et à sa probité morale». Ils estiment que le journaliste communiste est « uniquement coupable d'avoir dénoncé les forfaits du fascisme » en Italie. Ils espèrent que la décision prise en première instance sera annulée, au nom du respect des libertés politiques et surtout de la liberté d'opinion. Et de conclure « Depuis quand n'avons nous plus le droit de flétrir la violence des tyrannies!»

Aux avants-postes du Front Populaire

André Marty, Responsable du bureau politique auprès de l’Humanité La difficulté des relations entre André Marty et Gabriel Péri s'explique pour des raisons à la foi d’ordre privé et d'ordre politique. Ils sont beaux-frères. André Marty a épousé Pauline Taurinya en avril 1924 et Gabriel Péri s’est marié avec Mathilde Taurinya en décembre 1927. Or, il est vraisemblable qu'André Marty admette difficilement l’inconstance de Gabriel Péri, d'autant plus qu’il est pour sa part confronté à celle de sa femme. Par ailleurs, le conflit qui les oppose coïncide également avec 1’émergence du mot d'ordre de Front populaire, dont André Marty est loin d'être l'un des initiateurs, tandis que Gabriel Péri en est l'un des ardents promoteurs. Finalement. André Marty cède sa place à Paul Vaillant-Couturier. Le retour de Paul Vaillant-Couturier en tant que rédacteur en chef de l’Humanité coïncide pleinement avec la nouvelle orientation politique du Parti Communiste. Dès la fin du mois d’août 1935, il présente un véritable plan de refonte du quotidien communiste, totalement en phase avec la nouvelle orientation du parti. Tout d'abord, il propose de recruter des journalistes pour renforcer la rédaction du quotidien. Ensuite, il envisage d'accorder davantage de responsabilités à chacun des chefs de rubriques. Il prône également une nouvelle organisation de tous les moyens d'information du journal, exprimant formellement le souhait devant les membres du comité central d'une collaboration généralisée d'éléments extérieurs au journal. Ce qui se traduit par l'ouverture des colonnes de l'Humanité à des personnalités extérieures à la rédaction, notamment des intellectuels mais aussi des représentants de mouvements intellectuels de masse comme les syndicalistes enseignants, Paul Vaillant-Couturier renouant ainsi avec la tradition jaurésienne du journal de 1904 ou encore avec l'expérience de 1926 dont il était l'initiateur. II envisage également de « renforcer l'information d'abord « en lui donnant plus de place», ensuite « en mettant de l'ordre dans les pages», quitte à bousculer l'organisation éditoriale du quotidien, n'hésitant pas à s inspirer de la mise en page d'un journal anticommuniste comme le Matin « au besoin 8 colonnes au lieu de 7 en première page (formule Matin} » sans remettre en cause pour autant le caractère original du quotidien communiste. Son intention est de transformer l'Humanité en un grand quotidien populaire tout en gardant son caractère de journal du parti. Et d'ajouter, à la lumière des événements vécus depuis 1926 la nécessité de combiner ces deux choses est voyez-vous, la plus grande difficulté, tous les camarades qui ont travaillé à l’Humanité le savent. Il faut la résoudre ». Pour Paul Vaillant-Couturier, l’Humanité doit devenir le grand journal du Front populaire» comme le rappelle l'affiche spécialement éditée pour le lancement de cette nouvelle formule.

La guerre d’Espagne

Les prises de position répétées de Gabriel Péri contre la politique de non-intervention, en Espagne ouvertement niée par l'Allemagne hitlérienne, l’Italie mussolinienne, et le Portugal salazariste lui assurent une popularité de plus en plus importante, aussi bien au sein du Parti communiste que dans l'opinion publique. C'est ainsi qu'au début du mois de décembre 1936, il expose clairement a la Chambre des députés, devant le président du Conseil, l.éon Blum, tous les aspects d une autre orientation politique possible en matière de politique étrangère, à la fois pour servir la paix et garantir les intérêts de la France. Le député d'Argenteuil défend son point de vue, non seulement avec éloquence citant Jean Jaurès mais aussi en avançant de solides arguments. Il n'hésite pas à rappeler d'autres positions que la sienne, citant en particulier quelques articles de Pertinax, journaliste de droite particulièrement renommé, car il s’agit à ses yeux de l'intérêt de la France. Au lendemain du débat sur la politique extérieure de la France, il reprend son raisonnement et consacre son article à la question du Parti communiste et de la paix, ce qui lui permet d'expliquer à son tour dans les colonnes de l’Humanité pourquoi le groupe communiste a préféré s abstenir plutôt que de voter l'ordre du jour de confiance, sans pour autant entrainer la démission du gouvernement. Inlassablement, Gabriel Péri poursuit, en tant qu’éditorialiste de politique étrangère, son action en faveur de la paix continuant de suivre au plus près toutes les discussions diplomatiques. Au cours de l'année 1937, il n’hésite pas à se rendre a quatre reprises en Suisse, un record, pour assister à Genève aux différentes sessions de la SDN consacrées à la situation en Espagne. Par ailleurs, il multiplie les déplacements en Europe, se rendant à Nyon en septembre pour suivre les débats de la conférence internationale consacrée à la « piraterie» en Méditerranée, puis à Bruxelles en novembre pour rendre compte des travaux de la conférence du Pacifique après l'invasion de la Chine par le japon au début de l'été. Au mois d'août 1937, Gabriel Péri voyage en compagnie de Sofia Jancu pendant trois semaines en Afrique du Nord, parcourant l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Son reportage est d'abord publié dans les colonnes de l'Humanité, avant d'être édité à la fin de l'année en brochure. Il s'agit alors de dénoncer « les ombres du fascisme italien, espagnol ou allemand sur l'Afrique du Nord» ou bien encore « l'ombre de la croix gammée dans les colonies françaises.

Georges Cogniot, rédacteur en chef de l'Humanité

En dépit de tontes les responsabilités qu'il a exercées ou qui lui ont été confiées depuis plus d'une quinzaine d'années, Gabriel Péri demeure un dirigeant atypique au sein du Parti communiste. Alors que Paul Vaillant-Couturier vient de disparaître à l'âge de 45 ans, la désignation de Gabriel Péri au poste de rédacteur en chef est jugée comme fortement probable. Il est non seulement chef de service depuis 1924 mais aussi le seul après le directeur du journal Marcel Cachin à cumuler à la fois le plus d'ancienneté et le plus d’expérience. Pourtant, les dirigeants du Parti communiste probablement divisés sur cette question choisissent de faire appel à une personnalité extérieure plutôt que de nommer l'un des responsables du journal. La Question tchéque Depuis Prague, aussi bien « par lettre» que « par téléphone, Gabriel Péri défend à la fois passionnément et lucidement dans l’Humanité « la Tchécoslovaquie qui veut vivre libre», fustigeant « les prétendus amis de la Tchécoslovaquie » qui, dans les couloirs de la Société des patrons ou bien dans quelques salles de rédaction parisiennes, prétendent que le gouvernement tchécoslovaque ne pourra faire autrement que céder aux revendications territoriales allemandes : « De Prague, je vous crie de toutes mes forces que ces prophètes de malheur se trompent. Les peuples de la Tchécoslovaquie ne veulent pas connaître le sort de la malheureuse Autriche. Ils sont résolus a défendre leur indépendance et leur liberté. Ils ne céderont pas », écrit-il dans le numéro du 23 mai 1938. Le pacte germano-soviétique : prendre parti Indépendamment des multiples textes qu'il produit, il intervient également en tant que membre du comité central du parti communiste clandestin dans plusieurs débats qui divisent les responsables communistes. Après avoir évité de légitimer le pacte germano-soviétique, sans pour autant le condamner publiquement, Gabriel Péri continue de faire savoir ce qu'il pense. Refusant de se laisser enfermer dans la conjoncture immédiate, il défend son opinion de façon plus ou moins nuancée, selon le rapport de force au sein du mouvement communiste.

PRISONNIER

À la suite d'un vaste coup de filet qui commence le 14 mai 1941, plusieurs dizaines de militants sont interpellés par les services de police, à commencer par l'ancien député d'Amiens (Somme) Jean Catelas, arrêté après avoir été dénoncé. Parmi les militants interpellés figure l'un des animateurs de la commission des cadres, Edmond Foeglin (dit « Armand » ), responsable depuis le début de l'année 1936 de la « lutte contre la provocation » et de l'établissement des « listes nôtres », chargé des « planques » parisiennes de plusieurs membres du comité central. C'est en se rendant au domicile de Jean Catelas qu'Edmond Foeglin est interpellé, probablement dans l'après-midi du vendredi 16 ou du samedi 17 mai 1941, sans qu'il soit possible de savoir précisément quand, son nom ne figurant pas sur le registre de main courante du commissariat d'Asnières conservé aux archives de la préfecture de police de Paris. Toujours est-il que les inspecteurs de police d'Asnières ne connaissent pas avant le lendemain (ou le surlendemain) l'adresse exacte de Gabriel Péri. Ce n'est que le dimanche 18 mai 1941 dans la matinée qu'ils l'apprennent « de source confidentielle et certaine ». Incontestablement, l'arrestation de Gabriel Péri est imputable à Edmond Foeglin. Quelques jours plus tard, Gabriel Péri écrira à Sofia Jancu : « C'est le Séraphin qui a coulé et causé la double catastrophe navale. A avoué dans une confession. ». Au cours des mois de juin et juillet de l'année 1941, Gabriel Péri est entendu à plusieurs reprises par un juge d'instruction." Ces comparutions lui permettent de réaffirmer sans réserve la politique du Parti communiste qu'il approuve en tant que membre du Comité central de ce parti, ancien député et membre de la commission des affaires étrangères de la Chambre des députés». Certaines de ses réponses lui permettent également de souligner qu'il n'a « jamais eu la stupidité de dire comme on le [lui] prête qu'il n'y avait plus rien à craindre parce que les Allemands étaient d'accord avec les Soviets. Son passé et (son) expérience politique [lui] interdisaient de dire cela et il aurait été ridicule de [sa] part d'affirmer des choses pareilles à des militants, étant donné que le contraire était imprimé dans les tracts clandestins ». Au passage, Gabriel Péri se démarque explicitement des pourparlers engagés un an auparavant par quelques dirigeants communistes, convaincus de pouvoir négocier le retour à la légalité du Parti communiste français avec des représentants de l'Allemagne nazie. Contestant sa participation à une rencontre organisée sur l'île de la jatte, il précise: « J'aurais tenu des propos évidemment contraires à ceux que l'on me fait tenir. J'aurais dit : notre devoir de communiste et de Français impose de travailler au redressement de la France. Ce redressement ne pourra se réaliser que lorsque nous aurons rendu à la Patrie son indépendance nationale. Il nous faut donc attendre à subir, de la part de l'occupant, des mesures de police les plus rigoureuses.» A la fin du mois d'août 1941, Gabriel Péri se voit notifier ses chefs d'inculpation.

FUSILLE

Le 15 décembre 1941, Gabriel Péri est emmené à Suresnes, au fort du Mont-Valérien où il est fusillé à 13 h 22, en compagnie de soixante-huit autres otages provenant de différents lieux d'internement de la région parisienne, dont plus d'une cinquantaine qualifies de « juifs communistes » extraits du camp d'internement de Drancy. Conformément à la décision prise dix jours auparavant par les autorités allemandes en représailles à une attaque subie par leurs troupes, quatre-vingt-quinze personnes, toutes arrêtées pour activité communiste clandestine, sont exécutées le 15 décembre 194 à travers la France, comme l'ancien secrétaire général du quotidien l'Humanité, Lucien Sampaix, fusille à Caen. Pour éviter que les tombes des otages ne deviennent autant de lieux de rassemblement à la gloire des militants du Parti communiste exécutés", les corps sont enterrés de façon anonyme dans plusieurs cimetières de la région parisienne, le 16 décembre 1941. Tout porte à croire aujourd'hui que Gabriel Péri a été enterré soit au cimetiere de Suresnes, soit au cimetière de Puteaux ; telle était la conviction de Sofia Jancu. Quelques heures auparavant, Gabriel Péri rédige une dernière lettre, à l'origine de multiples discussions au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en raison du caractère personnel de cet ultime témoignage, qu'il adresse a son avocate Odette Moreau. «

Dimanche [14 décembre 1941], 20 heures

« Très chère Amie, « L'Aumônier du Cherche-Midi vient de m'annoncer que je serai, tout a l'heure, fusillé comme otage. Ce sera le dernier chapitre du grand roman de cette époque. « Grande amie, veuillez recevoir le dépôt de quelques volontés somme toute sacrées. « C'est vous qui annoncerez à Mathilde que je suis mort la tête haute. Dites-lui que j'ai eu un repentir : celui de ne lui avoir pas toujours fait la Vie sérieuse qu'elle méritait". Mais dites-lui de porter fièrement le voile de veuve. « Qu'elle élève ma petite-nièce dans l'esprit où son oncle a vécu. « Voyez très rapidement mon amie. Qu'elle soit la dépositaire intellectuelle de ma mémoire comme elle a été ma grande conseillère. Je la supplie de me continuer. « Je vous supplie de réclamer au Cherche-Midi les affaires que j'ai laissées. Peut-être quelques-uns de mes papiers serviront-ils a ma mémoire. Que mes amis sachent que je suis resté fidèle à l'idéal de toute ma vie, que mes compatriotes sachent que je vais mourir pour que vive la France. Une dernière fois j'ai fait mon examen de conscience : il est très positif. C'est cela que je voudrais que vous répétiez autour de vous. J'irais dans la même voie si j'avais à recommencer ma vie. « J'ai souvent pensé, cette nuit, à ce que mon cher Paul Vaillant-Couturier disait avec tant de raison, que le communisme était la jeunesse du monde et qu'il préparait des lendemains qui chantent. « Je vais préparer tout à l'heure des lendemains qui chantent. « Sans doute est-ce parce que Marcel Cachin a été mon bon maître que je me sens fort pour affronter la mort « Adieu et que vive la France! ».

Fusillé à l'âge de 39 ans, Gabriel Péri devient rapidement une figure héroïque de la résistance communiste et, au-delà, de l'ensemble de la Résistance. Immédiatement, un véritable mythe naît. Commence alors « la légende de Gabriel Péri ». Les noms de rues Dans les premiers jours qui suivent la libération de la France, de nombreuses rues sont débaptisées au profit des martyrs ou des héros de la Résistance. Parmi les communistes morts pendant la Seconde Guerre mondiale, le nom de Gabriel Péri est l'un des plus fréquemment choisi. En région parisienne, selon les travaux de Pierre François Raimond, son nom est celui qui est le plus largement attribué : 54 fois, suivi de Pierre Georges dit colonel Fabien (23), de Pierre Semard (19). de l'ancien secrétaire de la fédération CGT de la métallurgie, JeanPierre Timbaud (18), fusillé comme otage le 22 octobre 1941 à Châteaubriant avec vingt-six autres de ses camarades, de Danielle Casanova (16) et du jeune Guy Môquet (15), également fusillé a Chateaubriant le 22 octobre 1941. Au total, le nom de Gabriel Péri est attribué à 23 rues, 17 avenues, 8 places. 4 boulevards et 1 square, certaines villes (comme Asnières sur Seine, Saint-Denis ou Vitry-sur-Seine) ayant même accordé son nom à plusieurs voies publiques. Dans l'ancienne première circonscription de Seine-et-Oise (dont Gabriel Péri a été le députe à partir de 1932), cette façon particulière de rendre hommage à l'ancien élu communiste de la région prend une ampleur significative. À l'exception de La Frette-sur-Seine, toutes les municipalités ont donné le nom de l'ancien député de la circonscription à une avenue (Bezons), un boulevard (Sannois), une rue (Carrières-sur-Seine, Cormeilles en Parisis et Herblay), une place (Houilles) ou encore un parc (Montigny-lès-Cormeilles), Argenteuil ayant la particularité d'avoir à la fois une avenue, une place et une promenade Gabriel Péri.

Les Ombres

L'édition clandestine de l'Humanité datée du 21 novembre 1941 rend entièrement responsable Edmond Foeglin de l'arrestation de Gabriel Péri. À la Libération, et dans les années qui suivent, la presse communiste omet systématiquement d'évoquer la part de responsabilité de l'ancien responsable de la commission des cadres, se bornant à rappeler l'arrestation de Gabriel Péri « par la police de Pétain qui le livra à la Gestapo». En décembre 1952. François Billoux proteste à l'encontre du Figaro, accusé de mentir, pour avoir affirmé dans son édition du 9 décembre 1952 que la direction du PCF se refusait à révéler le nom de celui qui aurait livré Gabriel Péri, et d'accuser Edmond Foeglin, une nouvelle fois mal orthographié, considéré encore une fois comme entièrement responsable de l'arrestation de Gabriel Péri. Pour la première fois depuis la fin de la guerre, il est officiellement fait mention de la responsabilité de l'ancien membre de la commission des cadres dans l'arrestation de Gabriel Péri. Voici neuf ans que les lecteurs de l'Humanité n'avaient pas eu connaissance de cette version. Près de cinquante ans s'écouteront avant qu'une seconde fois son nom soit à nouveau porté à la connaissance des lecteurs de l'Humanité. Ce long silence contribuera à entretenir le doute sur la volonté des dirigeants communistes de faire la lumière sur cette affaire.

Un ultime fait de l'existence de Gabriel Péri est régulièrement omis, son inconstance amoureuse et sa liaison avec Sofia Jancu, également connue sous le nom d'Étienne Constant. Alors même que les dernières lettres de fusillés sont le plus souvent publiées dans leur intégralité, y compris les passages les plus personnels, l'édition de la dernière lettre de Gabriel Péri est censurée, au moins jusqu'en 1986. Encore faut-il attendre le soixantième anniversaire de sa disparition pour que les lecteurs de l'Humanité puissent en prendre intégralement connaissance.

Le chant des poètes

En l'espace de quelques années (19421951), neuf poèmes sont composés en hommage à Gabriel Péri. Quelques-uns sont utilisés dans la partie artistique des rassemblements organisés pour commémorer la disparition de Gabriel Péri. Cette exaltation du sacrifice de Gabriel Péri contribue progressivement à la naissance d'un mythe. À l'exception de Pierre Emmanuel, tous les autres auteurs sont alors communistes : Louis Aragon, Paul Éluard, Eugène Guillevic, Loys Masson, Nazim Hikmet, Lucien Scheler. Parmi ces différents poètes, Louis Aragon joue indéniablement un rôle particulier: tout d'abord, lui seul peut revendiquer d'avoir fréquenté l'ancien responsable de la rubrique internationale du quotidien communiste, alors qu'il était lui-même journaliste à l'Humanité chargé des informations générales; ensuite, sa production représente le tiers des hymnes composés en hommage à Gabriel Péri ! Quelques mois seulement après l'exécution de Gabriel Péri, Louis Aragon compose au cours de t'été 1942 un premier poème intitulé « La Rosé et le Résédas, qu'il dédie à la fois à un officier de marine français. Honoré d'Estienne d'Orves, « celui qui croyait au ciel », fusillé le même jour que l'ancien dirigeant communiste « celui qui n'y croyait pas ».

Le Temps des héritiers

En dernier lieu, la désignation de Robert Hue comme secrétaire national du Parti communiste français en janvier 1994 relance les hommages du PCF à Gabriel Péri. Natif de Cormeilles-en-Parisis, maire de Montigny-lès-Cormeilles depuis mars 1977, conseiller général du Val d'Oise de 1988 à 1998, conseiller régional d'île de France de 1992 à 1998. Robert Hue est véritablement considéré comme un « enfant du pays». Son attachement à la personnalité de Gabriel Péri est réel, il est à la fois politique et personnel. Son père René (19001995), ouvrier du bâtiment, militant du Syndicat des cimentiers (affilié à la Confédération générale du travail unitaire), membre du Secours rouge international, a participé en tant que sympathisant communiste à la première campagne électorale du responsable de la rubrique internationale de L’Humanité en banlieue parisienne, en mars 1932. A la fin de l'année 1996, l'Humanité annonce la participation du secrétaire national du PCF a l'hommage rendu à Gabriel Péri, à Argenteuil le 15 décembre 1996. Quelques semaines plus tard, Robert Hue souligne combien « cette circonscription [lui] est particulièrement chère », lui-même est alors candidat contre le député de droite sortant Georges Motliron (RPR).

La Rose et le réséda

Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l'échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clarté sur leur pas Que l'un fut de la chapelle Et l'autre s'y dérobât Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous les deux étaient fidèles Des lèvres du coeur des bras Et tous les deux disaient qu'elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Quand les blés sont sous la grêle Fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au coeur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Du haut de la citadelle La sentinelle tira Par deux fois et l'un chancelle L'autre tombe qui mourra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Ils sont en prison Lequel A le plus triste grabat Lequel plus que l'autre gèle Lequel préfère les rats Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Un rebelle est un rebelle Deux sanglots font un seul glas Et quand vient l'aube cruelle Passent de vie à trépas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Répétant le nom de celle Qu'aucun des deux ne trompa Et leur sang rouge ruisselle Même couleur même éclat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Il coule il coule il se mêle À la terre qu'il aima Pour qu'à la saison nouvelle Mûrisse un raisin muscat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas L'un court et l'autre a des ailes De Bretagne ou du Jura Et framboise ou mirabelle Le grillon rechantera Dites flûte ou violoncelle Le double amour qui brûla L'alouette et l'hirondelle La rose et le réséda

Au rendez-vous allemand, Paul Eluard, 1944 « Gabriel Péri » 1- Un homme est mort qui n’avait pour défense Que ses bras ouverts à la vie Un homme est mort qui n’avait d’autre route Que celle où l’on hait les fusils 5- Un homme est mort qui continue la lutte Contre la mort contre l’oubli. Car tout ce qu’il voulait Nous le voulions aussi Nous le voulons aujourd’hui 10-Que le bonheur soit la lumière Au fond des yeux au fond du cœur Et la justice sur la terre. Il y a des mots qui font vivre Et ce sont des mots innocents 15- Le mot chaleur le mot confiance Amour justice et le mot liberté Le mot enfant et le mot gentillesse Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits Le mot courage et le mot découvrir 20-Et le mot frère et le mot camarade Et certains noms de pays de villages Et certains noms de femmes et d’amis Ajoutons-y Péri Péri est mort pour ce qui nous fait vivre 25- Tutoyons-le sa poitrine est trouée Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux Tutoyons-nous son espoir est vivant.

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Mes citations

"Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."

Hölderlin, Hyperion



"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
Dans un endroit
Où ils peuvent oublier"

Portishead



"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"

Marguerite Duras



Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
Ce qui fait que je flanche
Quand on essaie de m'apprécier

Miossec, le chien mouillé (en silence)