mercredi 14 décembre 2011

L'Espagne entre deux siècles : des peintres méconnus


Cette exposition permet de découvrir dans des tonalités souvent gaies des artistes très intéressants et méconnus au delà de la péninsule ibérique, qui sont les précurseurs des grands peintres espagnols du Xxème siècle : Miro, Picasso et Dali dont les premières œuvres dans une logique chronologique clôturent la visite, ce qui permet de constater la filiation dans laquelle ces derniers s'enracinent.

J'aurais à ce stade du mal à en dire plus car j'ai visité l'exposition il y a plusieurs semaines et n'ai pas acheté le catalogue, trop sombre à mon goût.

Je n'ai pas trop repris les commentaires figurant au Musée de l'Orangerie car je trouve qu'ils insistent trop sur une dichotomie Espagne noire/Espagne blanche, qui ne ressort pas forcément de la présentation des œuvres. Ou plutôt la domination de la tonalité gaie et la découverte de cette famille de peinture espagnole sont des nouveautés, quand l'Espagne noire était déjà connue avec Velasquez, Zurbaran, etc.

Ce musée est de surcroit méconnu alors qu'il comporte des Renoir, Derain, etc à profusion et les nymphéas de Monet dans des salles immenses.

1er commentaire trouvé sur un blog :

C’est un peu comme si Le Greco, Zurbarán, Velázquez, Goya avaient absorbé toute la lumière, rejetant ainsi dans l’ombre tous ceux qui devaient venir après eux, jusqu’au moment où devait briller au firmament des peintres le nom de Picasso


J'ai trouvé un autre commentaire sur un blog :

J'ai longtemps associé peinture espagnole au noir, à l'obscur, à la tristesse, au drame. De peintres espagnols, je ne connaissais réellement que Goya, Dali ou Miro pour les plus contemporains. Et pourtant, la peinture espagnole recèle tellement d'autres richesses...Heureusement, le musée de l'Orangerie a décidé de mettre à l'honneur la peinture espagnole avec une formidable collection d'oeuvres entre deux siècles, fin XIXème et début XXème.

Un Balcon sur la mer


Ce film de Nicole Garcia présente l'aspect civil de la guerre d'Algérie. Le point de vue est pied-noir, à travers les souvenirs d'un adulte qui a récemment croisé son amour d'enfance à Oran se remémore.

Ce film est un utile ajout au film de guerre l'ennemi intime qui décrit l'atrocité de ce conflit du côté des militaires français, avec les interrogations face aux méthodes utilisées.

Jean Dujardin est parfaitement crédible dans son jeu d'acteur, où il doit travailler sur soi, son passé, sa mémoire qui pour paraphraser Miossec a toujours tendance à avoir les dents blanches. Il donne une épaisseur à son personnage. Ces souvenirs du retour de la plage me rappellent immanquablement les écrits de Camus sur son enfance à Alger.

Je ne suis pas étonné que ces deux films aient été réalisés par des pieds-noirs avec un recul certain lié aux dizaines d'années passées : il est possible de commencer à en parler. Le cinéma est sur ce terrain comme celui de la Résistance en avance sur les historiens.

Si Nicole Garcia fait perdre un peu de force à sa mise en scène à jouer sur plusieurs registres (thriller, sentimental, historique et psychologique) comme le montre la bande-annonce, le cadre d'ensemble est bien retranscrit et la dimension personnelle lié à l'enfance algérienne du personnage bien maîtrisée.

Et une grande part du film tient sur un Jean Dujardin incarne, avec un formidable mélange de virilité et d’émotion, un homme submergé par un passé trop vite enfoui...

Les Patriotes ou un film sur le Mossad


Ce film français est réalisé sur le Mossad : il fait partie d'une veine : les très bons films d'espionnage français qui ont fait un flop mais sont pourtant une réussite !

D'ailleurs la plupart des protagonistes, tel qu'Y.Attal ou S.Kiberlain, JF Stevenin attestent qu'ils ont réalisé là une de leurs meilleures prestations.

E.Rochant concède lui-même que s'il n'a pas eu le succès escompté et s'il n'a plus jamais eu les moyens de réaliser un film de cette envergure, il est content de ce film au sens où il a réalisé exactement ce qu'il a souhaité réalisé, quasiment plan par plan.

Les fondus d'espionnage, qui auront lu les livres de Gordon Thomas, sauront que les faits retracés sont véridiques. Le film est également excellent au sens où il défantasme les services secrets : moins que des super-héros, nous avons affaire à une organisation huilée, qui enserre peu à peu ses proies. Les techniques d'approche, l'aspect collectif du travail de rapprochement des victimes, etc. sont brillantes.

Stevenin raconte très bien dans le making of le nombre de prises pour un regard, une discussion autour d'une table qu'on lui faisait rejouer 3 fois, en changeant uniquement l'état d'esprit de la scène : tu as peur, tu es d'accord, tu penses que tu peux l'avoir. Mais le script à dérouler restait identique.

Chose unique dans le cinéma : les acteurs jouaient le matin la scène mais ne la tournaient que l'après-midi, ce qui doublait quasiment le temps de tournage : 24 semaines de tournage est une durée exceptionnelle.

De la même façon pour Bernard Lecoq, retenu pour jouer le rôle du gentil, du mec sympa qui est en fait un agent du mossad spécialisé dans les techniques d'approche. E.Rochant au sommet de son art lui demandait de ne justement pas jouer trop le gentil : il devait être gentil tout en gardant tout le temps une réserve, une politesse.

Attal est exceptionnel alors que je ne suis par ailleurs pas un fan : il explique d'ailleurs très bien comment il ne devait pas prendre d'initiatives, pas jouer au héros : il se fait même rembarrer très séchement par les agents plus avisés du Mossad à certains moments ! Il a expliqué que c'était assez difficile à vivre sur le tournage quand on sait qu'on a le premier rôle et qu'on est sans cesse contenu dans le rôle d'un jeune novice.

Le commentaire d'un journaliste de l'express en 2007 :


Le meilleur film d'espionnage jamais réalisé en France. Documenté, intelligent, joué à merveille par un Yvan Attal qui, après quelques films (dont les deux premiers d'Eric Rochant), accusait ici une vraie présence qu'il n'a cessé de développer depuis... Et puis il y a la maîtrise d'Eric Rochant. Par son sens du rythme, la précision de ses cadres, la fluidité de ses travellings (toujours justifiés), la mise en scène des Patriotes est un cas d'école. À peine sorti du tournage, Jean-François Stévenin (qui interprète une cible du Mossad) avouait n'avoir jamais vécu une si belle expérience. Le film n'eut pourtant pas le succès qu'il mérite. Même pas un prix au Festival de Cannes où il fut présenté. Un scandale. Une aberration. Que chacun(e) mesure quand il/elle découvre cette perle rare. Il faut également citer Bernard Le Coq, Sandrine Kiberlain, Emmanuelle Devos, Maurice Bénichou, Christine Pascal, Yossi Banai (le mentor d'Ariel), à l'aune du film de Rochant : parfaits.


Le commentaire sur un blog :


Rochant montre la part non négligeable du facteur humain dans le travail des agents du Mossad, que ce soit par rapport aux gens qu'ils ont pour mission d' approcher que par rapport à eux mêmes. Toute la formation et tout l'art de l'agent consiste à faire fi de tout sentiment humain tout en prenant en compte celui ci afin d'atteindre ses objectifs.

Parfaitement original et décalé par rapport au genre qu'est le film d'espionnage, tout en en respectant l'esprit et l'excitation, Rochant resserre son histoire autour des personnages, des êtres, et leur confère une épaisseur d'autant plus grande qu'ils ne cessent d'essayer d'en faire abstraction.

Les interprètes sont tous remarquables: Attal bien sûr, Bernard Le Coq souvent sous employé au cinéma, de même que le formidable Stévenin ou encore Emmanuelle Devos. Sans parler de la magnifique et très sexy Sandrine Kiberlain, troublant à la fois le personnage d'Attal et le spectateur.
J'en profite pour dire que je partage complètement l'avis sur S.Kiberlain méconnaissable dans un de ses premiers rôles (elle était encore au conservatoire), tellement elle fait peu ressortir dans les rôles qu'on lui connaît son côté sexy. Elle se débrouille extrèmement bien dans son rôle de call-girl, très crédible ! Au point d'en charmer le spectateur je le reconnais ! Çe fut une révélation de la voir aussi belle !

La bande annonce :


Ah oui ce film extremement brillant et qui lors de sa présentation à Cannes avait conquis les spectateurs n'a eu aucun prix ! La raison : les journalistes pro-palestiniens très présents à Libération, L'Humanité et l'ensemble de presse parisienne bien pensante de gauche ont « dégommé » le film comme étant à la solde d'Israël !

Walter Benjamin


Une exposition brillante sur un esprit libre, un intellectuel renommé que la traque aux juifs du régime nazi va conduire au suicide

Sa théorie de l'histoire, très différente de celle du progrès, mais plutôt orientée vers les notions de fragments, de chaos, de catastrophes. Il récuse l'idée de progrès ou d'un sens à l'histoire.

J'adore cette réflexion sur le matérialisme historique, qui est la vision marxiste de l'histoire, qui livre en même temps sa propre pensée : « Marx dit que les revolutions sont la locomotive de l'histoire. Mais il en va peut-être tout autrement. Peut-être les révolutions surviennent-elles lorsque l'espéce humaine qui voyage dans ce train tire le signal d'alarme ».

L'intérêt de l'exposition est de montrer dans un premier temps comment les methodes de travail de Benjamin sont proches et en étroite dépendance avec le contenu de son œuvre.

La disposition fragmentaire de ses archives, remise à des amis, un mode de travail et de documentation sous forme de fiches, de notices : loin d'un gros bouquin qui correspondrait mieux à un historien du progrès universel, avec une finalité précise, il dissocie en fiches isolées et l'ensemble se trouve comme une boîte à fiches, une cartothèque, qui représente mieux son travail d'historien. Il avait inventé et deviné avant l'heure, le copier-coller reprenant certaines formulation dans d'autres fiches, liant les fiches par des codes couleurs. Le principe d'un jeu de construction, avec des configurations. Il parlait de l'ensemble de ses archives comme d'un arbre de soin, et réalisait de nombreux schémas avec des arbres, des embranchements, des spirales entre des idées, tout un univers pour montrer l'interaction des idées. Novateur, il faisait attention à tout : la micro écriture pour que de premier abord, le document apparaisse comme tel, et non pour son contenu qui reste indéchiffrable. Le contenu lui fait l'objet d'un style précis, laconique. A travers la forme, le philosophe donne déjà le fond de sa pensée, précise et qui peut sembler lacunaire parce qu'elle ne se veut pas englobante, ou trop systématisée...Plein d'autres idées sont mises en avant au cours de l'exposition, autour de 13 idées méthodiques qui n'appartiennent qu'à l'intéressé et définissent sa méthode de travail.

La seconde partie de l'exposition est consacrée à la constellation de son cercle d'amis, de figures intellectuelles, puisque lui-même était uniquement consacré aux travaux de l'esprit. On y retrouve Hannah Arendt, Max Horkheimer, Adorno, tout le monde phislosophique de la seconde partie du Xxème siècle, dont certains peuvent s'enorgueillir d'avoir réellement et concrètement tenté d'aider Benjamin, lorsqu'il fut une première fois emprisonné en France et plus tard en lui obtenant un visa pour les Etats-Unis. Belle relation d'amitié dont l'exposition démontre qu'elle était aussi basée sur un fort rapport intellectuel, Benjamin se livrant peu sur sa vie privée !

Il manque une troisième partie à cette exposition qui aurait porté sur les principaux concepts ou idées de W.Benjamin sujet périlleux s'il en est il est vrai tellement l'auteur est parfois peu accessible ! Même si certaines idées sont abordées à travers l'exposition : la vision spatiale à travers les passages parisiens propres au XIX ème siècle, la question de la collection, la reproduction mécanique et l'art, etc.

En revanche, un grand bravo pour la qualité de la bibliographie qu'on peut trouver au niveau de la boutique : de nombreux ouvrages sur Benjamin, tels que je n'en ai jamais vu autant rassemblés en un seul endroit ! Quel plaisir ce fut de les consulter !

« une exigence constante chez Walter Benjamin : arracher à l’oubli une pensée en devenir et en organiser le sauvetage, qu’il s’agisse de sa propre pensée, de celle de ses proches ou de pans entiers de l’histoire négligés »
«Sa vie durant, Walter Benjamin a pris soin de confier ses textes, notes ou manuscrits à différents amis (dont Gershom Scholem et Gretel Karplus). À la diversité des matériaux s’ajoute donc le caractère fragmentaire de ces « dépôts ». Ainsi émerge une constellation mouvante d’archives dispersées qui vient former un paysage de pensée d’une rare intensité. Voulue et organisée, cette dispersion fut amplifiée par les aléas de l’histoire : l’exil en France de Walter Benjamin à partir de 1933, ses périodes de refuge aux Baléares ou au Danemark, la disparition de sa bibliothèque, puis la partition de l’Allemagne après-guerre »
« cette exposition révèle un mode de pensée et une vision du monde réfléchis dans chacun des actes de Walter Benjamin », à travers ses méthodes de travail et d'archives.

Le parcours de l'exposition

Mes thèmes préférés

Rokia Traore - Un cri d'amour pour l'Afrique

Irma vep

Irma vep
Maggie Cheung

Mes citations

"Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu."

Hölderlin, Hyperion



"Dans tes faux-fuyants,
Les crimes ont été escamotés
Dans un endroit
Où ils peuvent oublier"

Portishead



"Je suis d'une morale douteuse : je doute de la morale des autres"

Marguerite Duras



Je suis bourré de condescendances
Pour mes faiblesses si dures à avaler
Ce qui fait que je flanche
Quand on essaie de m'apprécier

Miossec, le chien mouillé (en silence)