jeudi 25 décembre 2008

Ma découverte ...



En train de compulser les palmarès de l'année 2008 pour les albums sur les meilleurs blogs et sur france inter, après avoir écouté fortuitement cette dernière radio en rentrant sur Laval en voiture, je me jette sur les écoutes deezer et jiwa et ai eu l'occasion de rattraper quelques beaux albums de l'année : rokia traoré qui a quelques chansons bouleversantes, victor démé surtout, santogold qui est du rock/soul très efficace, nneka à la très belle voix et ayo (quoique ...). Mais surtout au travers d'un groupe Jazz Liberatorz qui ne manque pas d'humour en débutant son album par une annonce les classant numéro 1 en Europe, je trouve un jazz moins empreint de lenteur. J'apprécie surtout une chanson qui est "featuring" avec une chanteuse américaine, Lizz Fields. Comme seule cette chanson me plaît finalement, je cours voir ce que jiwa peut me dire sur cette chanteuse et tout l'album pleasureville est du même acabit : chantant, plus rapide, portée par une voix optimiste et gaie, chaude et qui transporte de joie, je cours, je me mets à danser chez moi et pars à la recherche d'infos sur la miss :

"Lizz Fields is one of the most under-rated artists in the independent soul scene has just released her highly anticipated second album, Pleasureville." (source : souldiscoveries.wordpress.com





Et en plus elle est belle : aïe comment résister !!!

Depuis toutes ces chansons passent en boucle et me réjouissent la vie !!

Bon là il n'y aura que Michèle qui aura pu traduire, pour les autres : good luck !!

Et on me dit que le premier album serait pareil, même un peu plus triste, avec des références à Portishead ! Diable !! Que de promesses, même si j'en ai déjà assez !!

Voici les commentaires sur son premier album, qui ne manque pas d'admiration :

La scène Nu-Soul est encore une fois en ébullition. Peu avare en découverte ces derniers temps, on peut dire que ce courant musical, encore neuf, réussi à se renouveler de façon surprenante. Après des artistes tels que McKay, Floetry, Jazzyfatnastees, c’est au tour de Lizz Fields de faire une entrée fracassante dans cet univers comptant, parmi ses plus grandes figures, la toujours sublime Erykah Badu et la chavirante Jill Scott.

Et c’est d’ailleurs aux côtés de cette dernière qu’elle a fait ses premières armes, originaire elle aussi de Philadelphie, confirmant l’impressionnant vivier de cette scène si productive ces dix dernières années. Si on peut comparer les deux artistes quant à leur talent et leurs capacités vocales impressionnantes, au niveau musical leurs différences sont très nettes. Le travail de Damon Bennett, concepteur musical de cet album, y est certainement pour quelque chose. La mélancolie générale nous rappelle le travail de Portishead: une recherche mélodique approfondie, mêlant habilement les tempos groove et la subtilité d’influence jazz de certaines boucles. Pour parachever le tout, la voix envoûtante de Lizz Fields baigne le tout d’une atmosphère pleine d’émotion, collant comme une seconde peau aux mélodies. Des titres tels que «Star Gazer», «Hey», «Fire» ou «So Long Hello» risquent de vous convaincre du talent de cette jeune artiste et de l’alchimie évidente qui s’est opérée entre elle et son producteur.

Il faut croire que les femmes ont pris définitivement le pouvoir dans ce courant musical, tant, une fois de plus, on est terrassé par la qualité de cet album. Si, comme on peut l’espérer, le talent de Lizz Fields prend toute son ampleur sur scène, alors pas de doute, celle-ci s’inscrit désormais parmi les plus grandes artistes découvertes ces dernières années. Pouvant rassembler un large public, on la voit bien suivre les traces d’une Ursula Rucker. Quand c’est si bon, on ne peut dire que deux choses: merci et encore!

Oui je répète après une si bonne analyse (issue ...du forum rap 2K) : MERCI ET ENCORE ! MERCI ET ENCORE !

Une superbe animation sur la miss : ici !

Santogold transforme tout ce qu'elle touche ...


Extrait de Wikipédia : Santi White est fille d'avocat, elle est diplômée de l'Université wesleyenne en musique et études africaines et américaines. Santi White débute sa carrière en décrochant un poste de responsable artistique chez Epic Records. Elle démissionne rapidement pour se consacrer à la production et à l'écriture de chansons. Elle écrit et produit ainsi le premier album de la chanteuse R'n'B Res, intitulé How I Do. En 2003, elle passe à la chanson pour le groupe de post-punk Stiffed, à Philadelphie. C'est à ce moment que le patron du label Lizard King Record la repère et la fait signer en solo. C'est le début de Santogold. Son premier album sort en mai 2008 en France, précédé du single L.E.S Artistes. Sa musique est empreinte d'influences très diverses : la soul d'Aretha Franklin, la pop des Talking Heads et des Smiths. Son disque doit aussi beaucoup au dub et à la new wave ...

En tout cas à l'écoute tonalité rock magnifique ...



Elle était aux transmusicales en décembre 2007 !

Son Myspace

mardi 23 décembre 2008

Le Christ dans la peinture


Nicholas Ge : le Christ à Gethsemani


Bellini, le Christ bénissant

Le Christ a été un sujet qui d'une profonde piété emmenait l'être humain au plus profond de ses sentiments de son humanité. Pas étonnant qu'il ait dès lors donné lieu à des toiles magnifiques de bonté et de beauté, de la part même de certains qui tels nicolas gay ne sont pas forcément orthodoxes.

Ce périple nous emmenera aussi bien en Russie qu'en Italie en Allemagne et à des périodes vraiment différentes.

La qualité des images influencera beaucoup l'aspect des sentiments humains de la plus ou moins grande solitude ou luminosité accompagnant le christ.

Il nous parle tellement de nous que Dürer n'a pas hésité tel un miroir à en faire un autoportrait. Peindre le christ a emmené certains peintres au plus profond de leur talent dans un dialogue qui s'intaurait entre l'homme et le peintre. Ainsi Mantegna ne se séparera jamais de son oeuvre sur le christ mort :



Et au passage, un lien vers la superbe exposition sur Mantegna au Louvre (lien dont la durée de validité tient à l'hébergeur de cette magnifique retranscription de l'expo).

Le Christ peut également être désabusé comme tout être humain devant la difficulté de la tâche, recouvrant, pour un moment de défaitisme, d'improbables pensées sur sa destinée et celle de l'humanité, toujours par Mantegna :



Combien de Christ ont également suscité, servi des changements dans la peinture créatrice, ouvert de nouvelles voies et y voir un hasard me semblerait une erreur. Quand ils ont voulu révolutionner la peinture, par quelle autre voie mieux le faire sentir que par la présence du Christ, renouvellée sur la toile. Kramskoi et plus encore Nicolas Ge ont abouti à ces changements novateurs. Ils sont en ceci des successeurs à Mantegna qui avec son Christ mort avait déjà révolutionné l'art pictural en changeant la présentation habituelle du Christ.


Kramskoï, chef de file des Ambulants


Nicholas Ge : le Christ au Golgotha

Il est évident que j'en ai oubliés beaucoup. J'enrichirai peut-être au fur et à mesure mais il me tenait déjà par quelques exemples de montrer l'importance dans la peinture de l'exemple christique source morale et iconographique des peintres. Parce qu'il est un exemple et parce qu'il est à l'instar de tout être humain. A même de nous parler car nous renvoyant à notre conscience tout en représentant la miséricorde, la morale suprême, incarnée.

Sans compter la sainte face de Zurbaran, aussi appelée voile de Véronique du nom de celle qui a récupéré le linceul entourant le visage du christ au tombeau, lequel apparaît ensuite en transparence. A l'origine d'une foi mystique comme les reliques, le sujet a fait l'objet d'une représentation en peinture saisissante par le maître sévillan :



Otto dix montre le christ à la fois en autoportrait représentant la destinée humaine et confrontée à la première guerre mondiale qui aura profondément marqué l'artiste faisant peser le comment, le fond du message sur la beauté et la forme prises pour l'exprimer, quitte à faire moins beau. Il n'y a pas le choix du comment faire (comme dans ses peintures de guerre allant jusqu'au morbide insupportable des chairs putréfiées, des vers et de la gangrène. Les jambes d'un mort sont constellées de pustules ou de blessures purulentes) quand prime la souffrance à faire passer à travers le visage christique.

Sous le thème "d'une guerre à l'autre", une centaine de dessins du peintre allemand Otto Dix (1891-1969) ont été réunis jusqu'au 30 mars 2003 à Beaubourg. Les scènes décrites, les portraits, les nus dérangent toujours aujourd'hui tant le désespoir y est lancinant. La férocité ironique du trait et l'application à traiter en réalité monstrueuse la montée du nazisme a entraîné la destitution de DIX en 1933 de sa fonction de professeur à l'Académie des beaux-Arts de Dresde. Les nazis lui interdirent d'exposer, comme faisant partie des artistes «dégénérés». Les autoportraits où l'artiste s'identifie au Christ sont toujours hantés par la guerre et la souffrance des suppliciés. Faute d'avoir pu retrouvé ce tableau, je vus joins la vision du Christ qui l'a beaucoup marqué et qui est cité par beaucoup de peintres, celle du retable d'Issenheim :



avec le lien vers wikipedia

Un autre site sur les visages du christ dans la peinture :
parcours artistiques la sainte face

Les bêtises de Jérôme - Volume 1

Voilà une série d'articles qui devrait connaître une longue suite d'opus N'est ce pas frérot ?! Car il est bien connu qu'entre deux frères c'est toujours l'autre qui fait les bêtises En espérant que vous apprécierez cet humour !! Moi j'ai adoré !!


Et une nouvelle façon de ... allez je ne dévoile pas tout !!!

lundi 8 décembre 2008

Les adieux de Diotima à Hypérion


Hypérion est parti combattre pour la libération de la Grèce: cette attente de chacun va sceller la fin de leur histoire d'amour. Cette séparation forte est une retranscription des circonstances et de la souffrance de l'éloignement forcé dans lequel ont été tenus Hölderlin et Suzette Gontard et qui a concouru à leur fin. En ce sens l'oeuvre d'Hölderlin est doublement auto-biographique, l'histoire vécue de leur Amour :

Ô Diotima, ô Alabanda ! créatures nobles et de si calme grandeur ! comment dis-je accomplir ma tâche si je ne veux fuir devant mon bonheur, devant vous ?
Comme j'écrivais, bien-aimée, je reçois ta lettre.
Ne t'afflige pas, pleine de grâce ! Garde-toi à l'abri du chagrin pour les futures fêtes de la Patrie, réserve- toi, Diotima, pour la fête ardente de la Nature, pour les sereines offrandes aux dieux !
Ne vois-tu point, déjà, la Grèce ?
Ne vois-tu point les astres éternels, heureux de ce nouveau voisinage, sourire sur nos villes et nos forêts, la mer antique, à l'aspect de notre peuple flânant sur ses rivages, se rappeler la beauté d'Athènes et nous apporter encore sur ses vagues, comme jadis à ses préférés, le bonheur?
Vibrante jeune fille ! Toi déjà si belle, en quelle exquise gloire fleuriras-tu, quand tu auras trouvé ton vrai climat !

DIOTIMA à HYPERION

Depuis ton départ, cher Hypérion, j'étais restée presque constamment enfermée. Aujourd'hui seulement, je me suis risquée dehors.
Dans l'air favorable de février j'ai cueilli un peu de vie, et ce peu, je te l'apporte. Le léger réchauffement du ciel a pu encore m'aider. J'ai pu goûter encore à la volupté neuve du monde pur et constant des plantes, où toute chose s'afflige ou reprend joie au moment voulu.
Cher Hypérion ! pourquoi donc ne suivons-nous pas nous aussi ces tranquilles chemins ? Hiver et printemps, été et automne sont des noms sacrés, mais nous ne les connaissons point. N'est-ce pas un péché d'être triste au printemps ? Pourquoi le sommes-nous quand même ?
Pardonne ! les enfants de la terre ne vivent que du soleil, je ne vis que de toi, et si j'ai d'autres joies, est-ce merveille que j'aie d'autres peines ? Mais dois-je vraiment être triste ?
Téméraire ami ! faudrait-il que je me flétrisse quand tu resplendis, que je perde cœur quand toutes tes fibres tressaillent du désir de vaincre ? Eussé-je appris naguère qu'un Jeune Grec se dressait pour arracher son peuple à la honte, le rendre à la maternelle Beauté dont i1 est issu, comme ma stupeur eût dissipé la rêveuse brume de l'enfance, comme j'eusse désiré voir ce héros ! Et maintenant qu'il est là, maintenant qu'il est mien, je pleure ? La sotte Jeune fille ! N'est-ce donc pas vrai, n'est-il pas ce héros, et n'est-il pas à moi ? Ô ombres de ce temps radieux, ô vous, chers souvenirs !
Il me semble pourtant que c'était hier, ce soir magique où l'inconnu sacré s'approcha de moi pour la première fois, où, génie affligé, il vint éclairer les ombres de la forêt où rêvait une insoucieuse jeune fille... Il vint dans les souffles de mai, dans les souffles magiques d'Ionie qui me le firent paraître plus rayonnant, dénouèrent ses boucles, ouvrirent les fleurs de ses lèvres, changèrent en sourire sa tristesse... Ô célestes rayons ! comme vous m'illuminiez du fond de ces yeux, de ces sources où dans l'ombre protectrice des sourcils miroite une vie éternelle !
Dieux favorables ! Comme me regarder l'embellit ! Comme il parut grandir dans sa souple fibre ! Seuls ses bras restaient pendants, telles des choses vaines ... De ravissement, il leva les yeux, comme si j'avais été enlevée au ciel ; puis, avec quelle grâce il sourit et rougit de me retrouver devant lui, et quand son œil solaire brilla entre les larmes proches pour demander :
Est-ce toi, est-ce bien toi ? ...
Pourquoi vint-il à moi dans un tel esprit de ferveur, d'amoureuse superstition ? Pourquoi avait-il d'abord baissé la tête, pourquoi, si divin, était-il si avide et si triste ? Son génie était trop radieux pour rester seul, et le monde trop pauvre pour le contenir. C'était une image poignante, tissée de souffrance et de grandeur.
Mais tout est change maintenant, la souffrance est finie. Il a trouvé une tâche, il a guéri.
Mon bien-aimé, quand j'ai commencé cette lettre, je n'étais que soupirs. Je suis toute Joie maintenant. Parler de toi rend le bonheur. Puisse-t-il en être toujours ainsi. Adieu.

Hypérion et Diotima

HYPERION à BELLARMIN
Je fus heureux une fois, Bellarmin ! Ne le suis-je pas encore ? Ne le serais-je pas, même si le moment sacré où je la vis pour la première fois avait été le dernier ?
Je l'aurai vue une fois, l'unique chose que cherchait mon âme, et la perfection que nous situons au-delà des astres, que nous repoussons à la fin du temps, je l'ai sentie présente. Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.
Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, Il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu.
Ô vous qui recherchez le meilleur et le plus haut, dans la profondeur du savoir, dans le tumulte de l'action, dans l'obscurité du passé ou le labyrinthe de l'avenir, dans les tombeaux ou au-dessus des astres, savez-vous son nom ? Le nom de ce qui constitue 1'Un et le Tout?
Son nom est Beauté.

[...]

Les yeux de Diotima s'agrandirent, et comme un bouton s'ouvre, imperceptiblement, son visage s'épanouit aux souffles du ciel, ne fut plus qu'âme et parole ; comme si elle allait s'envoler dans les nuages, elle s'allongea doucement de tout le corps, majesté sans poids, touchant à peine de ses pieds la terre.
Ah ! j'eusse aimé l'emporter comme l'aigle fit Ganymède, et m'envoler avec elle au-dessus de la mer et des îles !
Elle fit encore un pas, et considéra la falaise abrupte. Elle prenait plaisir à en mesurer l'effrayante profondeur, à se perdre dans les ténèbres des forêts qui élevaient à ses pieds leurs cimes claires, hors du chaos des rocs et des orageux torrents.
Le parapet sur lequel elle s'appuyait n'était pas très haut Ainsi eus-je le droit de la retenir légèrement, la Ravissante, comme elle se penchait en avant. Un frisson de volupté brûlante me parcourut, tous mes sens se troublèrent, et les mains me brûlèrent comme charbons quand je la touchai !
Et le bonheur de cette proximité familière, le tendre et naïf souci qu'elle ne tombât, la joie de voir sa ferveur ! Tout ce que l'homme a fait ou pensé durant des siècles, qu'est-ce à côté d'un instant de l'amour ? Là est la réussite suprême, la plus haute beauté de la Nature, où tous les degrés de la vie convergent. C'est là notre origine et notre fin.

[...]

HYPERION à BELLARMIN
Je n'ai connu personne qui souffrit moins de manque et jouît d'une plénitude aussi divine.
Comme la houle de l'Océan le rivage des îles bienheureuses, mon cœur inquiet assiégeait le repos de la céleste créature.
Je n'avais rien à lui offrir qu'une âme pleine de contradictions exaspérées, de sanglants souvenirs, rien que mon amour sans limites, ses mille soucis, ses mille espérances tumultueuses ; mais elle m'opposait sa constante beauté, son aisance, sa perfection souriante, et toutes les aspirations, tous les rêves de la condition mortelle, ah! tout ce qu'un genre annonce du haut des zones supérieures aux heures dorées du matin, je le voyais accompli dans la sérénité de cette seule âme.
On prétend qu'au-dessus des étoiles le combat cesse, on nous promet que la fermentation de la vie, une fois notre lie déposée, se changera en vin de joie ; nul ne cherche plus nulle part ici-bas le repos des Bienheureux. Je détiens un autre savoir. J'ai pris un plus court chemin. Je me suis tenu devant elle : j'ai vu la paix divine, et surgir Uranie des gémissements du chaos.

Que de plaintes j'ai fait taire devant cette image ! Que de fois j'ai calmé l'exaltation de ma vie, les élans de mon esprit, rien qu'à regarder son coeur, absorbé dans une bienheureuse contemplation, comme on regarde la source frémir doucement des atteintes du ciel qui se répand sur elle en gouttes d'argent!

Cette âme était le Léthé où je buvais l'oubli de l'existence : auprès d'elle, je me sentais un Immortel, me désavouant avec joie, et souriant, comme au sortir d'un cauchemar, de toutes les chaînes qui m'avaient entravé.

Avec elle je serais devenu un homme heureux,accompli

Avec elle... mais cela ne fut point, et maintenant j'erre en moi-même et hors de moi-même, et encore au-delà, et je ne sais plus que faire de moi ni du monde.
Mon âme est pareille au poisson que l'on a jeté sur les sables du rivage : elle se débat hors de son élément, elle va se dessécher aux feux du jour.
Ah! que ne me reste-t-il un devoir en ce monde ! Que n'y a-t-il une tâche, une guerre qui me ranime !
On raconte que des enfants, jadis, arrachés au sein de leur mère et chassés au désert, auraient été allaités par une louve.
Mon cœur n'a pas eu cette chance.

HYPERION à BELLARMIN

D'elle, je ne puis dire qu'un mot de loin en loin. Si je veux parler d'elle, je dois la mutiler, ou feindre qu'elle ait vécu aux temps anciens et que l'on m'ait seulement parlé d'elle : sans quoi, sa vivante image me ferait périr de ravissement et de douleur, sans quoi je mourrais de joie au souvenir de sa perfection, de chagrin à la pensée de sa perte.

dimanche 7 décembre 2008

La séparation d'avec Alabanda et la tristesse des jours vides

J'étais descendu jusqu'aux lieux où Ephèse, jadis, s'était dressée dans le bonheur de la jeunesse, et Teos, et Milet ; là, j'étais monté jusqu'à Troie, la veuve sainte, avec Alabanda... Comme un dieu, j'avais régné sur lui; avec la tendresse confiante d'un enfant, j'avais obéi à son regard; j'avais goûté avec joie à la saveur de son être, toujours heureux quand je tenais la bride à son cheval ou qu'en de splendides décisions, de hardies pensées, dans le feu des paroles, soulevé au-dessus de moi-même, je croyais toucher son âme !
Maintenant tout était fini. Je n'étais plus rien, on m'avait dépouillé à jamais, j'étais devenu, sans même savoir comment, le plus pauvre des hommes.
“Ô erreur eternelle ! pensai-je, quand l'homme s'arrachera-l-il à tes chaînes ?”
Nous parlons de notre coeur, de nos desseins, comme s'ils nous appartenaient ; mais c'est une puissance inconnue qui nous mène, qui nous couche au tombeau à son gré, et nous ne savons ni d'où elle vient, ni où elle va.
Nous voulons grandir, nous voulons déployer nos frondaisons, mais le sol et le temps commandent, et si l'éclair tombe sur ta couronne et te fend jusqu'aux racines malheureux arbre, qu'y peux-tu ?
Ainsi pensais-je. T en désoles-tu, mon Bellarmin ? Tu en entendras d'autres.
Le plus triste, ami, c'est bien que notre esprit épouse si volontiers les égarements du coeur, retienne si volontiers le chagrin fuyant ; que la pensée qui devrait guérir les souffrances tombe malade à son tour, que le jardinier se déchire si souvent les doigts au rosier qu'il devait planter. C'est pourquoi tant d'hommes paraissent fous à ceux qu'ils eussent normalement gouvernés, comme Orphée ; c'est pourquoi tant de nobles natures sont devenues la risée d'hommes quelconques. L'écueil des préférés du Ciel, c'est que leur amour soit aussi intense et délicat que leur esprit, que les vagues de leur cœur soient plus fortes et plus promptes que le trident dont use le dieu des mers pour les modérer. Aussi bien, ami, faut-il éviter toute présomption.

HYPERION (se confie) à BELLARMIN

Si je te parle de ma longue épreuve, m'entendras-tu, me comprendras-tu ?
Prends-moi tel que je me donne, et songe qu'il vaut mieux mourir d'avoir vécu que vivre de ne vivre pas ! N'envie pas les hommes exempts de souffrances, ces idoles de bois à qui rien ne manque parce que leur âme est misérable, qui ne se préoccupent ni de la pluie ni du soleil parce qu'ils ne possèdent rien qui puisse requérir leurs soins.
Il est facile d'être heureux, d'être calme, avec un cœur sec, un esprit borné. On vous l'accorde : qui donc s'indignerait que la cible de planches, touchée par la flèche, ne gémisse pas, que la cruche vide rende un son si creux quand on la jette contre le mur ?
Vous devriez donc au moins vous résigner, braves gens, et vous étonner sans mot dire, si vous ne pouvez comprendre que d'autres ne soient pas aussi contents que vous ; vous devriez vous abstenir d'ériger votre sagesse en loi : si l'on vous écoutait, le monde finirait.
Je vivais maintenant très paisiblement, modestement, à Tina. Je laissais vraiment passer devant moi les apparences du monde comme brumes en automne ; parfois même, je riais, les yeux humides, de ce cœur qui prenait son vol pour les attraper, comme l'oiseau la grappe feinte ; et je restais doux et tranquille.
Je laissais volontiers à chacun ses opinions et ses défauts. J'étais converti, je ne voulais plus convertir personne; j'éprouvais seulement quelque tristesse à voir des hommes s'imaginer que, si j'admettais leurs bouffonneries, c'était pour les avoir appréciées autant qu'eux. Si je ne voulais pas aller jusqu'à me soumettre à leur niaiserie, j'essayais de l'épargner de mon mieux.
“Puisque c'est leur plaisir, me disais-je, puisque c'est leur vie...”
J'allais même parfois jusqu'à participer à leur comédie ; et, bien que ce fût avec une parfaite indifférence, sans le moindre entrain, personne ne le remarquait, personne ne sentait un manque ; si je les avais priés de me pardonner, ils m'auraient demandé, ébahis : “Mais, que nous as-tu fait ?” Les indulgents...
Souvent même, le matin, quand je voyais venir à moi, de ma fenêtre, le jour affairé, il m'arrivait de m'oublier un instant, de porter mes regards alentour comme si j'allais apercevoir quelque objet à quoi prendre joie, comme autrefois ; mais je me gourmandais, je me ressaisissais, tel celui à qui échappe un mot de sa langue maternelle dans un pays où elle n'est pas comprise : “Où t'égares-tu, mon cœur ?” me disais-je, raisonnable, et je m'obéissais.

Hypérion - Alabanda

La rencontre avec Alabanda, l'Ami d'Hypérion :

“Bonsoir !” dit ce radieux héros en me jetant un regard tendre et fougueux et en me serrant la main avec tant de force que j'en fus pénétré.
L'insignifiance de ma vie avait pris fin.
Alabanda, tel était le nom de l'étranger, m'expliqua que des brigands l'avaient assailli, lui et son serviteur, que c'était lui qui avait repoussé ceux qui m'avaient attaqué et que, ne retrouvant plus son chemin, il s'était vu contraint de rester où je le trouvais. “J'ai perdu un ami dans l'affaire”, ajouta-t-il en me montrant son cheval mort.
Je donnai le mien à son serviteur, et nous continuâmes à pied.
“C'est bien fait pour nous, commençai-je comme nous sortions ensemble de la forêt. Pourquoi avoir attendu pour nous rapprocher ce hasard ?
- Tu admettras pourtant, repartit Alabanda, que ce fut toi le plus froid, le plus coupable. Aujourd'hui, c'est pour te suivre que je suis sorti.
Prends garde, noble cœur ! m'écriai-je. En amour, tu ne l'emporteras jamais sur moi.”
D'instant en instant, notre joie et notre affection augmentaient.
Sur le chemin de la ville, nous arrivâmes devant un khan de belle apparence qui dormait dans le murmure des fontaines, le parfum des prairies et des vergers.
Nous résolûmes d'y passer la nuit. Nous nous attardâmes longtemps encore à la fenêtre ouverte. Une haute paix envahit notre esprit. La terre et la mer n'étaient plus qu'un radieux silence, comme les étoiles au-dessus de nous. C'était à peine si un souffle venait de la mer à notre chambre, jouant tendrement avec la flamme des bougies, ou si nous arrivaient de temps en temps les échos les plus sonores d'une musique lointaine, tandis qu'une nuée d'orage se balançait dans le lit de l'Ether et grondait parfois très loin dans le silence, comme un géant endormi qui halète en de terribles songes. Nos âmes devaient s'attirer d'autant plus fortement qu'elles avaient été toutes les deux contraintes à se fermer. Nous confluâmes comme deux torrents de montagne qui rejettent loin d'eux leur faix de terre, de pierres, de bois pourri, tout cet inerte chaos qui les freine, pour mieux se frayer une voie l'un vers l'autre, puis avancer jusqu'au lieu où, dans un saisissement égal, unis en un majestueux fleuve, ils commencent leur course vers la mer.
Lui, par le Destin et la barbarie humaine jeté hors de son foyer au milieu d'étrangers, dès sa première jeunesse gonflé d'amertume et de révolte, et pourtant, lui aussi, le cœur plein d'amour et du désir de briser sa rude écorce pour accéder à un monde plus clément ; moi, déjà si profondément disjoint de toutes choses, si totalement étranger et solitaire parmi les hommes, les plus secrètes mélodies de mon cœur si dérisoirement accompagnées par les grelots du monde ; moi, la cible de tous les aveugles et perclus, et pourtant trop aveugle et trop perclus encore à mes propres yeux, importun à moi-même par tout ce qui me liait ne fût-ce que de loin aux subtils et aux raisonneurs, aux barbares et aux ingénieux, et si gonflé d'espérance, si impatient d'une vie plus belle...
N'était-il pas fatal que notre rencontre eût lieu dans une tempête de joie ?

L'Amour d'Hypérion et d'Alabanda :

Dès ce jour, nous nous fûmes toujours plus chers et sacrés l'un à l'autre. Une gravité profonde, indicible, mais radieuse, régnait entre nous. Chacun ne faisait plus entendre que le son fondamental, éternel de sa nature, et nous procédions d'une grande harmonie à l'autre sans besoin d'ornements. Notre vie commune était d'une rigueur et d'une hardiesse admirables.
“Pourquoi es-tu devenu si taciturne ?” me demanda un jour Alabanda en souriant.
“Dans les zones torrides, repondis je, près du soleil, les oiseaux ne chantent pas.” Mais en ce monde, tout s'élève et retombe, et, quelle que soit sa force, l'homme n'y peut rien garder.
Un soir, j'ai vu un enfant tendre la main pour attraper
un rayon de lune : la lumière poursuivait indifféremment son chemin. Ainsi luttons-nous pour retenir le Destin dans sa course.
Oh ! pouvoir seulement l'envisager aussi paisiblement, pensivement que celle des astres ! Plus on est heureux, plus on risque l'échec. Les radieuses journées que nous vivions, Alabanda et moi, étaient comme ces cimes escarpées où il suffit que votre compagnon de route vous effleure pour être précipité par-dessus la tranchante arête dans l'abîme obscur.
Nous avions fait une splendide traversée vers Chios, plus heureux que jamais de notre entente.
Tels les souffles au-dessus de la surface des eaux régnaient sur nos têtes les exquises magies de la Nature. Nous nous regardions sans un mot, laissant aux yeux le soin de dire notre émerveillement à nous découvrir ainsi magnifiés par les pouvoirs de la terre et du ciel. Durant la traversée, nous n'avions pas manqué non plus de disputer, avec une sereine ardeur, de mainte question qui nous occupait. Comme d'habitude, j'avais pris joie à suivre cet esprit sur la route hardie où il s'aventurait avec un tel mépris des règles, une gaieté si libre et pourtant, presque toujours, une telle sûreté.
A peine débarqués, nous eûmes hâte de nous retrouver seuls.
“Tu ne peux convaincre personne, dis-je alors dans un élan d'amour. Tu séduis, tu conquiers avant d'avoir ouvert la bouche. Qui t'écoute ne peut douter ; or, qui ne doute point n'a plus à être convaincu.

- Fier flatteur ! s'écria-t-il en réponse, tu mens ! Mais il est juste de me mettre en garde. Tu ne m'as égaré que trop souvent. Je ne voudrais point, pour un empire, secouer ton joug; mais je m'effraie souvent de ne pouvoir me passer de toi, de t'être ainsi enchaîné... Et puisque je suis tout à toi, poursuit-il, il faut que tu saches tout de moi.” Parmi tant de splendeur et de joie, nous avions négligé de nous retourner vers le passé.
Il me raconta sa destinée : je crus voir un jeune Hercule aux prises avec Mégère.
“Me pardonneras-tu maintenant, dit-il en concluant le récit de ses malheurs, seras-tu plus patient pour qui se montre trop souvent rude, acrimonieux, intraitable ?
- Tais-toi, tais-toi ! m'écriai-je, ému. Mais songer que tu es là encore, que tu t'es gardé pour moi...
- Oui, pour toi, dit-il, et je suis heureux de ne point t'être un aliment insipide. Mais si j'ai parfois goût de pomme sauvage pour ton âme) pressure-moi jusqu'à ce que je devienne boisson.
- Laisse-moi, laisse-moi!” m'exclamai-le.
Je me cabrais en vain : cet homme faisait de moi un enfant. Je ne le lui cachai point ; il vit mes larmes, et malheur à lui s'il n'avait pu les voir! “Nous délirons, reprit Alabanda, et nous tuons dans cette ivresse le temps !
- Ce sont nos fiançailles, plaisantai-je, rien d'étonnant que nous nous croyions en Arcadie. Mais laisse-moi revenir à ce que nous disions.
[...]

samedi 6 décembre 2008

Dennis Bergkamp, une étoile venue du plat pays




Il était venu du Nord, sa démarche semblait raide mais dès ses débuts, ses talents facétieux allaient de nombreuses fois entrainer l'enthousiasme et l'assentiment général. Son talent et sa phobie de l'avion lui vaudront un surnom ironique à relier à son talent : the non-flying dutchman, ce qui était la contraction du fait que les supporters le considéraient comme un phénomène volant mais qui justement refusait de prendre l'avion !

Ci-dessous un extrait d'article que je trouve très complet et auquel vous pouvez accéder par ce lien : : Ice and Orange

Il paraît que Nikos Dabizas se réveille encore en pleine nuit, et se met à chercher un ballon autour de son lit. Puis dans l’obscurité se dessine le visage angélique de Dennis Bergkamp, et Dabizas comprend qu’il est de nouveau victime d’un vieux cauchemar. Le défenseur grec n’a pas oublié ce Newcastle-Arsenal du 2 mars 2002. Préposé au marquage de Dennis Bergkamp, il fut aux premières loges d’un but somptueux : le geste technique unique qui a rendu célèbre Dennis Bergkamp, une sorte de grand pont à l'envers avant de battre le gardien d'une frappe croisée.

Les images de ce but extraordinaire ont fait le tour du monde. Elles figurent désormais en bonne place dans la mythologie des fans d’Arsenal. Ce n’est pas la seule action que Dennis Bergkamp a signé de toute sa classe. On se rappelle entre autres de quelle manière il avait rendu fou les défenseurs de la Juventus en improvisant, en pleine Champion’s League, une merveilleuse série de contrôles aux pieds face aux adversaires aux abords de la surface avant de délivrer une subtile passe à Fredrik Ljungberg.

Et puis il y a ce but légendaire de Marseille, dans les dernières minutes d’un quart de finale de Coupe du Monde opposant les Pays Bas à l’Argentine : Avec seulement deux joueurs qui ont touché le ballon et une seule passe entre les deux, sur une longue ouverture de 40 mètres de Franck de Boer, il réalise un contrôle orienté qui déstabilise le défenseur argentin, et enchaîne d’un tir de l’extérieur à bout portant. Le plus beau but de la Coupe du Monde 1998. Quoiqu'on cite également souvent le but de Michael Owen comme étant le plus beau but de la Coupe du Monde 1998.Seul Angel Roa, le gardien argentin qui s’est pris les deux (et qui est entré aux ordres depuis !), pourrait peut-être les départager ...

Dennis Bergkamp est de ces joueurs qui donnait une dimension esthétique au football. Il avait le goût du geste juste qui éliminait l’adversaire. Son toucher de balle portait la marque de la simplicité, qui démontrait que l’élégance avait encore sa place dans ce football de brutes. A l’Ajax déjà, certains de ses gestes avaient le don extraordinaire de faire sourire son entraineur Louis Van Gaal.

A Arsenal, mi-meneur de jeu mi-attaquant, ce dernier inscrira 120 buts (pour 424 rencontres) et donnera au moins autant de ballons décisifs. Fini l’Arsenal ennuyeux, bonjour les trophées : Trois championnats, trois Cups, deux doublés, et surtout une équipe plaisante à voir jouer.

Si Arsenal avait eu la bonne idée de s’imposer en finale de la Coupe UEFA 2000 contre Galatasaray (ça s’est joué aux tirs au but), Dennis Bergkamp aurait réalisé un triplé de choix, puisqu’il avait déjà remporté le trophée avec l’Ajax 1992 et l’Inter 1994 (il a également remporté feu la Coupe des Coupes à l’âge de 18 ans avec l’Ajax). Mais Dennis Bergkamp n’aura jamais eu le palmarès international qu’il méritait et ne parvint enfin en finale de la Ligue des Champions qu'en 2006, alors que le Hollandais avait déjà 37 ans et n’était plus titulaire que par intermittence. La sélection orange, quand à elle, aurait pu lui apporter la consécration. Elle bénéficiait d’un potentiel inestimable (Seedorf, Davids, Kluivert, De Boer brothers, Overmars...), mais l’ambiance, semblait trop souvent délétère. Dommage ...

Dennis Bergkamp, c’est bien connu, avait la phobie des avions, ce qui l’empéchait parfois de se rendre avec son équipe en des destinations trop lointaines. Cela lui évita d’être affublé du surnom de "Hollandais Volant" et par humour dans les travées d’Highbury, on le surnomma le "non-Flying Dutchman". Il fêta toutefois son jubilé en inaugurant un stade portant le nom d’une compagnie aérienne, un pied-de-nez dont on apprécia l’autodérision, même si elle fut certainement involontaire.


Cette première vidéo est très complète en ce qu'elle n'aborde pas uniquement les buts mais aussi le talent de dribbles et de passes du Hollandais



Deux autres video sur le talent de l'intéressé :

A movie of Denis Bergkamp



Bergkamp Masterclass

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